L’Histoire bouscule les âmes, la perversité de l’occupant nazi qui veut corrompre, voir ses victimes s’autodétruire et met en place un jeu ignoble dont l’objectif est de survivre, à n’importe quel prix.
Pour survivre, il faut sortir du ghetto. Par tous les moyens.
Trois femmes vont les leur donner. Elles ont organisé un réseau clandestin qui fait passer le mur aux enfants et leur donne, pour se cacher en zone aryenne, une nouvelle identité, un nouveau foyer, une nouvelle foi, polonais et catholiques.
Le sujet de ce roman me tentait beaucoup. J’ai pas mal lu sur la Shoah mais jamais sur le ghetto de Varsovie vu de l’intérieur. Le narrateur est un enfant, ce qui change le point de vue par rapport à ce que j’ai pu lire d’autre sur le même thème. J’ai trouvé le début un peu compliqué avec des allers/retours entre le père et son fils par toujours très clairs et qui m’ont semblé complexifier l’histoire inutilement. Pour moi la partie dans le ghetto se suffisait amplement.
Toutefois, malgré ce petit bémol, j’ai beaucoup aimé ce roman. L’histoire est intéressante et le style efficace. Rapidement, on est plongés dans cette histoire d’enfant du ghetto et le reste disparaît, la narration se focalisant sur cette partie de l’histoire. C’est un roman très dense. Il m’a paru bien plus long que ces 150 pages ! Pourtant j’ai aimé, simplement je l’ai lu lentement, par tranches relativement courtes. Il faut dire aussi que c’est forcément pesant et j’avais besoin de digérer les informations.
Malgré le sujet difficile, l’auteur ne fait pas du tout dans le pathos. Ni dans un certain voyeurisme cruel. Ce n’est pas moins glaçant pour autant. La réalité crue de l’Histoire est déjà bien assez terrible, nul besoin d’en rajouter pour marquer les esprits. Il y a quelques scènes qui m’ont marquée, l’auteur parvient à convoquer des images et à retranscrire l’ambiance de ces rues grises où les morts s’entassent autant que la gaîté qui a précédé. Le contraste est saisissant. Le texte offre un éclairage intéressant sur cette période, le fait que la narration soit faite par un enfant donnant un autre regard, plus « neutre » en quelque sorte, que l’on voit évoluer au fil des pages, avec une maturité gagnée avant l’heure. Malgré une certaine froideur dans le style qui peut dérouter, La chasse aux âmes est pour moi l’un des romans les plus marquants de 2020.
Le prix des choses s’envolait, mais celui des Juifs, lui, s’effondrait, les Polonais touchaient 3 kilos de sucre pour dénoncer un hors-la-loi qui franchissait le mur, les Juifs dénonçaient d’autres Juifs, à la police juive corrompue, les âmes sombraient, les nazis rigolaient.
L’enfant de six ans qui faisait la manche à son arrivée dans l’enceinte de brique et de fer, une heure plus tard, c’était un macchabée dont personne n’avait osé toucher les paupières parcheminées, quoi qu’elle fasse, le ghetto avalait les petits avec une voracité qui aurait intimidé les ogres.