Documentaire américain de Frederick Marx avec Richard Gere (voix off).
Le Zanskar se situe au nord de l’Inde, c’est une ancienne province tibétaine de confession bouddhiste. La région est très reculée et extrêmement pauvre. Pour sauvegarder leur culture, des moines emmènent quelques enfants du village dans des écoles bouddhistes. La route passe par des cols à plus de 5000 mètres d’altitude, infranchissables 8 mois par an. Les enfants qui partent ne reverront pas leur famille durant toute leur scolarité, soit une dizaine d’années, voire plus pour certains. La route est longue et tous ne sont pas sûrs d’arriver vivants.
Ce documentaire nous offre l’histoire brute, sans aucune mise en scène. Simplement ces moines et ces enfants filmés caméra à l’épaule, et la voix de Richard Gere qui commente leur histoire quand le besoin s’en fait sentir (notament pour présenter l’histoire de la région). Les personnages sont très attachants, surtout le moine, lui-même originaire de la région et parti étudier loin de chez lui adolescent. De son propre aveu, il a choisi la voix de la religion car enfant, il pensait que les moines ne manquant jamais de nourriture ni de thé, étaient les hommes les plus heureux.
Si la majorité de la population est très croyante, les écoles bouddhistes sont surtout pour les familles un des meilleurs moyens d’ascension sociale. Dans une région où il n’y a aucun moyen de communication, où la population vit dans le plus grand dénuement et où en dehors des moines tous les habitants sont illettrés, les enfants qui restent n’ont pas d’autre choix que de vivre comme leurs ancêtres. Quelques uns, choisis dès leur plus jeune âge par les moines, pourront aller à l’école, à plus de 200 km de là. Pour les parents, cela signifie des années de séparation : 10 ou 15 ans sans revoir leurs enfants. Ce départ est un déchirement et à la fois le seul moyen de sortir de la misère. Un choix difficile entre le désir de garder ses enfants près de soi et celui de leur offrir la chance d’un avenir meilleur.
La route qui les mène à l’école passe par plusieurs cols à plus de 5000 mètres d’altitude, enneigés la majorité de l’année. Les plus petits ont à peine 4 ans, 11 ou 12 pour les plus vieux. La traversée dure 15 jours et se fera à pied ou à cheval, dans le froid et la neige. Aucun d’eux ne sait réellement ce qui l’attend de l’autre côté, s’il réussira dans la voie qui a été choisie pour lui. Pourtant, adultes comme enfants risquent leur vie dans cette traversée.
Un très beau documentaire qui nous fait découvrir une région méconnue. Il est intéressant de voir ce rapport à l’éducation, conçue comme le seul moyen à la fois de sortir de la misère, mais aussi de conserver vivantes les traditions d’un pays en trouvant le moyen de les transmettre. J’ai trouvé surprenant que, contrairement à ce qui a été le cas en France du temps où les conditions de vie étaient sensiblement les mêmes, les parents préfèrent envoyer leurs enfants à l’école pour un résultat incertain, faisant ainsi un pari risqué, plutôt que de conserver la main d’oeuvre pour les travaux de la ferme. Aujourd’hui, le Zanskar se modernise peu à peu, une route est en train d’ être construite. Mais si les habitants vont gagner en confort et pouvoir sorti de leur enclave enneigée, cela menace leur culture qui risque de se noyer dans celles qui l’environne. Pour eux se pose aujourd’hui une question essentielle dans chaque société : comment allie tradition et modernité ?
Bon commentaire sur ce film à voir à revoir… des émotions à l’état pur, des hommes et des femmes, des enfants face à des choix essentiels… On est ici loin du superflu. C’est une leçon de vie, de philosophie aussi. Le coeur des hommes quelle que soit la distance, la culture bat au même rythme. Quelque part cela est rassurant!
Ce film aurait mérité d’être un peu plus largement diffusé, malheureuseent, il est passé totalement inaperçu.