Un récit qui mêle histoire personnelle est Histoire tout court. L’auteur y retrace sa vie autour du traumatisme de la mort du frère. L’homosexualité, le sida, les camps nazis sont autant de grands thèmes abordés, pour lutter contre les préjugés et contrer l’oubli. « J’ai tenté d’user de toutes les armes contre l’ennemi invisible et la bêtise, et je me suis risqué à les combattre, défendu par une langue exsangue et mise à nue. »
Dès les premières lignes, la beauté du style frappe. C’est extrêmement bien écrit : beau, juste, précis. L’écriture est un peu décousue, le livre s’adresse donc plutôt aux habitués du modernisme. On passe d’une idée à l’autre rapidement, parfois sans liaison. On entre dans la tête de l’auteur et on suit avec délices son cheminement intérieur. Exercice délicat mais réussi.
J’ai lu moults livres sur le sida et j’ai trouvé que celui-là sortait largement du lot, essentiellement en raison des nombreuses références historiques. L’histoire personnelle y est confrontée à l’histoire de l’humanité, ce qui donne un mélange surprenant et particulièrement intéressant. Cela permet d’éviter un certain nombrilisme qu’on reproche généralement à ce type de littérature. Et on se cultive au passage, ce qui ne peut pas faire de mal.
Il y a toutefois certaines longueurs et j’ai sauté des passages, notamment sur les procès du sang contaminé. Mais je ne dirais pas pour autant que cela nuit tellement à l’ensemble. J’ai beaucoup apprécié le côté torturé du personnage qui est très développé. Jamais il ne se pose en victime. Un recul pris sur les événements qui ne masque pas pour autant la douleur : un équilibre rare qui m’a particulièrement touchée. Le roman est parsemé de documents et poésie, créant un mélange de styles qui met en avant la beauté de l’écriture de l’auteur. Un livre intelligent et brillant qui malgré quelques faiblesses mérite largement le détour.
Mes voeux ne sont jamais réalisés : la paix dans le monde et la joie de mon père d’être avec moi. Je prie en vain.
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Nous devrions avoir pour amis des gens capables de nous aimer au point de nous accorder l’euthanasie. Forts d’épuiser notre tristesse millénaire, de nous rendre en dernier lieu l’allégresse, la légèreté.
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Je tire la force de ma ruine.
Rien ne devait me nuire, sauf moi-même.
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Singulier et libre, l’écrivain est celui qui accomplit son destin en écrivant. Il s’agit d’engagement, d’existence et d’univers. Non de loi du marché.
Bonjour,
Je me permets de vous écrire concernant la photo d’Alexandre Bergaminie que vous utilisez dans votre article.
Je réalise un documentaire indépendant sur les questions qui animent les hommes dans leur relation à d’autre homme aujourd’hui. J’essaye de faire un parallèle avec la littérature et les questionnements qui s’en dégagent.
Je parle d’Alexandre Bergamini et je voudrais mettre en arrière plan et dans un jolie cadre cette photo de lui.
je me permets alors de vous demander si c’est une photo que vous avez prise ou si vous en connaitriez la source?
Bien cordialement,
Adrien Monfleur
0032 497 99 97 03
Bonjour, ce n’est malheureusement pas moi qui ai pris cette photo et l’article a déjà quelques années, je ne me rappelle plus de la source. Il est possible qu’elle vienne du site de l’éditeur (je crois qu’il publie chez Zulma)