Expositions

Bohèmes au Grand Palais

          La vie de bohème s’invite au Grand Palais. La vie de bohème fascine, elle fait rêver autant qu’elle inquiète. La bohème, c’est la vie sur les routes, les diseuses de bonne aventure, un air de fado. Mais c’est aussi le nom qu’on a donné au mode de vie frugal des jeunes artistes parisiens au 19° siècle. Qu’elle soit dans la tradition des gens du voyage ou une mode décadente, elle représente la vie sans contrainte, au jour le jour. Elle a de tous temps inspiré les artistes qui l’ont largement représentée. La bohème ? un petit vent de liberté. 

         Ce thème m’inspirait particulièrement. Il m’évoquait l’ambiance des films de Tony Gatlif, la musique entraînante de Taraf de Haïdouks ou l’univers de Kusturica. Et puis bien sûr, les vêtements chatoyants, les caravanes et l’esprit de clan. Un peu cliché, certes, mais ça vend du rêve. Et puis le Grand Palais est généralement assez doué pour les expositions thématiques. Je garde notamment un excellent souvenir de l’exposition Mélancolie vue il y a quelques années. Je me suis donc rendue sur place avec grand enthousiasme.

          L’exposition est construite en deux temps : la première partie est consacrée aux gens du voyage, la seconde aux artistes. Deux versants de la bohème. La première partie propose des oeuvres très variées, d’artistes connus ou moins connus. Parmi eux : De La Tour, Watteau, Courbet… Les représentations de la bohème sont diverses, elles mettent en avant successivement la couleur, l’occultisme ou la misère. Le lien avec le thème ne saute pas toujours aux yeux mais les panneaux explicatifs, nombreux et assez bien conçus, viennent mettre un semblant d’ordre à tout ça. L’exposition est extrêmement bien fournie et il y a de très belles toiles dans le lot. J’ai apprécié de voir se côtoyer des peintres très différents, sur une période assez vaste, et de trouver parmi eux quelques artistes des pays dont j’ignorais tout. De la musique tsigane accompagne la déambulation. Si le choix des titres n’est pas toujours très heureux, l’idée est toutefois appréciable. Une première partie riche qui réserve quelques belles surprises.

          On passe à l’étage pour la suite, après en avoir déjà pris plein les yeux. L’ambiance musicale change, ce sont Carmen et autres opéras rendant hommage à la bohème qui nous suivent dans cette deuxième partie. L’impression produite par la première salle est saisissante. On entre dans une pièce sombre, une cheminée vide dans un coin, du papier peint arraché aux murs. Nous voilà dans l’atelier miteux d’un artiste sans le sou au 19°. On est immergé dans l’ambiance du moment. Ce sera ensuite un poêle dans un coin qui nous la rappellera ou une installation recréant un bistrot parisien. Si on risquait de se lasser un peu après déjà un parcours un long, voilà que cette mise en scène originale et réussie réveille notre attention. Cette seconde partie sur la bohème comme vie d’artiste est aussi fournie que la première, avec autant de signatures célèbres. Parmi eux, Van Gogh, Picasso, Courbet toujours… Mais aussi un manuscrit de Rimbaud qui fait face à un autographe de Verlaine et m’a emplie de joie. Sans exagérer, j’en aurais pleuré tant je fus émue par cette surprise inattendue.

         Moi qui fais toujours les expositions au pas de charge, n’aimant pas trop m’arrêter longuement devant les toiles (à quelques 2/3 exceptions près), j’ai tout de même passé près d’une heure et demie dans cette exposition, sans avoir pourtant l’impression d’avoir franchement traîné. Prévoyez donc la demi journée si vous souhaitez lire tous les panneaux et profiter pleinement des oeuvres. Une exposition magnifique, très riche, intelligemment construite et pleine de très bonnes surprises. J’en suis ressortie à la fois émerveillée et émue, avec l’envie d’y retourner au plus vite ! 

Bohèmes

Jusqu’au 14 janvier

10h-20h (22h le mercredi), fermé le mardi

12€, 8€ tarif réduit, possibilité de billet couplé avec l’exposition Hopper

Grand Palais, Galeries nationales

Place Clémenceau, 75008 Paris

8 commentaires sur “Bohèmes au Grand Palais

    1. Elle est super belle ! Et il y a un manuscrit de Rimbaud… et des autographes de Verlaine en face, on pourrait presque sentir la poudre au milieu 🙂 Vite, vite, elle ferme le 14 janvier !

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