Jacques se souvient de son enfance à Alger, dans une famille pauvre mais aimante, à sa façon. Une vie simple et dure où l’amitié et les petits plaisirs prennent toute la place. Des jeunes années difficiles qui vont forger la personnalité du jeune Jacques et le marquer durablement.
Le premier homme est le manuscrit sur lequel travaillait Albert Camus au moment de sa mort. Il reste inachevé et les nombreuses notes de bas de page sont autant de témoignages de l’écriture en cours, avec ses hésitations. L’écriture est très agréable, même si on sent par moments que le texte n’est pas fini. Il y a parfois des longueurs et quelques passages mériteraient d’être retravaillés, pourtant, quand on lit ce texte, on est avant tout marqué par la maîtrise et la qualité du style. On n’en est que plus frustré de le savoir inachevé, et on pense au chef-d’oeuvre qu’il se serait sans doute devenu.
Si l’écriture d’une grande qualité, l’histoire n’est pas en reste. Ce roman est largement autobiographique et cela se ressent dans la force des souvenirs évoqués. Il y a beaucoup de tendresse dans ces lignes, malgré la rudesse de la vie qu’elles décrivent. C’est simple et dur, grillé par le soleil, où jamais rien n’est superflu, et où se cache pourtant une certaine beauté. Plus encore que la beauté de l’écriture, j’ai apprécié l’univers qu’elle esquisse, sec et intransigeant. Certains des souvenirs d’enfance de l’auteur sont particulièrement forts et émouvants, et on ne peut qu’admirer son incroyable parcours. Un très beau livre dont on ne peut que regretter qu’il n’ait pu être fini.
La mémoire des pauvres est déjà moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l’espace puisqu’ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d’une vie uniforme et grise.
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Une défiance résignée à l’égard de la vie, qu’ils aimaient animalement mais dont ils savaient par expérience qu’elle accouche régulièrement du malheur sans même avoir donné de signes qu’elle le portait.
l’un de mes plus beaux souvenirs littéraires, à relire encore et encore!
Oui, un très beau texte.
Un grand texte. Le meilleur sûrement de Camus. Je n’entends parmi mon entourage que de mauvaises critiques du film. Donc relire plutôt que voir!
Ah ! j’attendais ton commentaire, forcément ! J’espère que tu en as un deuxième exemplaire parce que je ne t’ai toujours pas rendu celui que je t’ai emprunté 🙂
Oh oui. Un exemplare peut-être même deux. Si je devais partir sur une île déserte avec un seul livre, c’est celui là que j’emporterai. La vie des pauvres, forcement… plus facile de se retrouver chez Camus que chez Sartre ou tant d’autres issus de milieu favorisés.
C’est sûr ! On connaît mieux l’odeur du poulailler que celle du N°5…
Bonjour! Rien à voir, mais je viens de vous taguer… c’est ici que ça se passe, et que vous trouverez les explications relatives à ce petit jeu:
http://fattorius.over-blog.com/liebster-award-et-cons%C3%A9quences-ceci-est-un-tag
Bien du plaisir!
Merci pour ce tag, j’y réponds dès que possible, il me fait vraiment plaisir.
Rien que les citations que tu as mises ici donnent envie de le lire, j’y retrouve un peu de ma famille (du moins ceux qui ont vécu ou sont nés début XXeme siècle). Il faudra que je me remette à lire Camus un jour…
L’écriture est très belle et j’ai beaucoup aimé sa manière de décrire une vie assez miséreuse et très simple, ça m’a aussi rappelé un peu ma famille.
Je n’ai pas voulu rater le film malgré les critiques mitigées. Je suis contente de m’être déplacée toujours pour vaincre les apprioris que j’avais sur Gamblin notamment. Il y a de bonnes idées dans ce film qui se termine comme commence le roman. La position de Camus sur l’Algérie est bien montrée. L’enfance et surtout la place de la mère sont plus contestables. Moyen mais c’est courageux d’avoir essayé!
Plutôt mieux que ce qu’en disaient les critiques donc ! Tant mieux !