Drame historique américain de Steeve McQueen (II) avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch
Solomon Northup est un homme libre. Avec sa femme et ses deux enfants il vit à New-York où il mène une vie heureuse et aisée. Mais un jour sa vie va basculer lorsqu’il est enlevé et vendu comme esclave dans le Sud, sans aucun moyen de prouver son identité ou de contacter les siens. Il découvre alors une vie dans laquelle il n’est plus rien et où il devra se battre pour survivre et conserver malgré tout sa dignité.
On touche là typiquement au genre de sujets qui m’intéressent particulièrement. J’ai déjà vu quelques films sur l’esclavage mais j’ignorais totalement que des hommes libres avaient été enlevés pour être réduits en esclavage. Pas que ce soit bien surprenant quand on y réfléchit, la cruauté de l’Homme est sans limite, mais j’ai été estomaquée à cette découverte et j’avais envie d’en savoir plus. Il était donc hors de question que je rate ce film, d’autant qu’il est signé du génial Steeve McQueen. Un choix que je ne regrette pas : comme on s’y attendait, ce film est poignant et réussi. Même si pourtant j’en suis ressortie avec une pointe de déception que je m’en serais presque voulue de ressentir, en aurais-je trop attendu ? Je me rends compte au moment d’écrire cet article que bien qu’ayant beaucoup aimé ce film avec une très légère réserve que je peine à m’expliquer, j’ai bien peu de choses à en dire, tentons d’y remédier…
Il y a énormément de bonnes choses dans ce film. L’histoire est magnifique, la réalisation est impeccable et c’est extrêmement bien interprété. Il n’y a finalement que de petits détails qui m’ont un peu gênée. J’ai peut-être trouvé le tout un peu « lisse ». Cet homme dont la vie est anéantie ne se plaint jamais, très vite il prend le parti de survivre coûte que coûte et – à part au tout début – on voit finalement assez peu ses états d’âme. J’aurais sans doute aimé entrer plus dans la tête du personnage. Il vit une situation extrêmement difficile et pourtant, on le voit peu se battre, que ce soit pour être libéré ou tenter de donner des nouvelles à sa famille. Toutefois, je n’oublie pas que les faits sont inspirés d’une histoire vraie, que Solomon Northup a écrit ses mémoires et que ce comportement somme toute assez froid, ce refus de s’apitoyer sur son sort et cette volonté de courber l’échine jusqu’à la première occasion de regagner sa liberté, soient avant tout un réflexe de survie d’une rare intelligence. Il faut d’ailleurs que je lise le livre pour voir ce qu’il en est. Cette frustration devant un léger manque d’émotion (oui oui, c’est moi qui dit ça !) aurait donc sa raison d’être. Et puis, il faut l’admettre, mieux vaut être trop sobre que de tomber dans un sentimentalisme de mauvais goût.
Découlant de ce premier point, ou le complétant, je ne sais pas trop, je dirais que je n’ai pas trop ressenti le passage du temps dans ce film. Les épreuves s’enchaînent mais elles semblent passer relativement facilement sur Solomon et je n’ai pas réussi à situer les scènes dans le temps. La narration est simple, chronologique, il se passe finalement pas mal de choses, on voit tout de même le personnage évoluer un peu mais je n’ai pas eu réellement d’impression de durée. Pourtant, ce ne sont pas les épreuves qui manquent, simplement un petit marqueur temporel de temps en temps dans le récit, ou tout simplement sur l’écran, aurait permis de mieux inscrire le passage du temps. Là, je suis arrivée à la fin et au retour à la liberté en me disant : « Déjà ? C’est tout ? ». Ce qui est un brin ridicule, ce pauvre homme a déjà bien assez souffert, mais peut-être est-ce parce que le cinéma américain est généralement moins sobre, j’ai pris de mauvaises habitudes.
Cela dit, ça reste relativement anecdotique face à la force de cette histoire et à l’excellente prestation de ses acteurs (allez pour la route, ma réflexion stupide face à l’apparition de Brad Pitt : « comment ? enfin un film où il fait son âge ?! », ça m’a déconcentrée un certain temps, je dois l’admettre…). Il a surtout le grand mérite de nous faire découvrir un pan de l’histoire américaine méconnu et m’a donné très envie d’en savoir plus sur cet homme à l’incroyable destin. On attendait beaucoup de ce film, présenté comme un des grands films de 2014, et s’il est effectivement très réussi, il m’a manqué un petit quelque chose qui me fasse vibrer un peu plus pour le classer parmi les très grands. Je l’ai beaucoup aimé mais je ne pense pas qu’il fasse pour moi partie de ceux qui marquent durablement. Mais après tout, ces films-là sont tellement rares, et finalement, ils nous prennent bien souvent par surprise. La mise en scène très conventionnelle y est surement pour beaucoup : tout est à sa place, des horreurs perpétrées à la fin heureuse en passant par l’amitié et la violence, mais cette machine trop bien huilée manque de relief. Malgré une réalisation un peu sage à mon goût, 12 Years a Slave n’en demeure pas moins un très bon film qui demande à être vu.
J’espère pouvoir le voir la semaine prochaine !
salut madimado
ah tiens tu es décue contrairement à moi qui comme tu le sais a vraiment adoré
personnellement .je ne trouve pas la mise en scène du tout conventionnelle ni académique…ces plans séquences très très longs, notamment lors de la scène de la pendaison dépareillent totalement dans un film Holywoodien classique…et si effectivement le héros semble accepter tout ce qu’il lui arrive avec une vraie résignation et même une certaine passivité sans vraiment se battre, c’est en cela qu’il est interessant et tranche aussi avec les personnages de films ricains qui se battent contre vent et marées….. c’est amusant que tu ais trouvé qu’il manquait d’émotions ce film car moi qui adore le sentimentalisme et pleurer au ciné, j’ai franchement été servi là, je ne l’ai pas trouvé si froid que ca, notamment la fin tout à fait sentimentale comme j’aime :o) je ne sais si c’est un film qui marque durablement mais de mon coté il restera à coup sur comme les meilleurs de 2014…à moins que ceux qui viennent après soient exceptionnels :o) bonne journée à toi
Salut !
C’est étrange parce que je râle mais j’ai quand même beaucoup aimé ce film, il m’a juste manqué un petit rien pour adhérer totalement, ce qui m’a un peu frustrée (la fille qui en veut toujours plus^^). Je suis d’accord avec ton analyse, pour le style, c’est vrai qu’il y a des scènes très fortes, dont celle dont tu parles, mais d’autres aspects m’ont semblé plus conventionnel. Finalement, je crois que j’aurais aimé qu’il aille plus loin encore. Et pour la réaction du personnage, je suis la première à reconnaître que sa personnalité est très intéressante, pourtant un rien plus de nuances l’aurait à mon sens rendu plus accessible. Je te rejoins pour la scène finale, très émouvante, mais qui m’a laissé une impression un peu étrange tant elle tranche avec le reste du film (là encore, rien sur les état d’âmes de Solomon). Mais je me rends bien compte que finalement, ce qui m’a manqué, c’est ce que d’habitude je trouve de trop et que chaque chose qui m’a un peu gênée est justifiée. Ce film est impeccable, et j’ai moi-même du mal à m’expliquer pourquoi je suis un peu restée un peu en retrait. Je crois qu’il m’a juste manqué un peu caractère par moment, j’ai eu l’impression que tout coulait tellement de source dans ce film que je suis restée un peu passive. Mais il fait malgré tout partie des très bons films de ce début d’année 🙂 Bonne journée !