Andréï Makine consacre une biographie à son ami le lieutenant Schreiber, ancien militaire et héros de la Résistance au passé passionnant et méconnu. Un livre pour faire connaître son histoire afin qu’on ne l’oublie pas.
Certains le savent déjà, je suis une inconditionnelle d’Andréï Makine qui est un de mes auteurs contemporains favoris. Lorsque j’ai vu son nouveau livre en librairie, je n’ai donc même pas regardé de quoi il retournait et me suis littéralement jetée dessus ! Je dois avouer avoir été déçue en constatant qu’il s’agissait d’une biographie. Celle qu’il a consacrée à Catherine II de Russie était certes passionnante mais un rien romancée, ce qui n’était pas pour me déplaire. Ici, c’est à une biographie plus classique que nous avons affaire. Plus austère aussi. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce texte moins littéraire que ceux auxquels nous a habitué l’auteur.
Fort heureusement, l’histoire a de quoi captiver. Le lieutenant Shcreiber est un sacré personnage. Il raconte son passé de résistant avec une modestie surprenante. On a beau avoir beaucoup entendu parler de la guerre, celle qu’il raconte est plus intime, elle semble plus concrète aussi. Il raconte également la tristesse de voir se passé oublier, de constater qu’on ne reconnaît plus sur les photographies les jeunes gens qui ont combattu près de lui, que les noms, comme la mémoire, s’effacent. Si le style d’Andréï Makine ne parvient pas ici à prendre toute son ampleur, une petite histoire dans la grande aussi intéressante que touchante.
Il faut tout simplement aimer le pays qui nous a donné l’hospitalité et, pour cela, il n’est pas inutile de se débarrasser de quelques oripeaux -confessionnels, coutumiers ou autres – qui rendent plus malaisée cette généreuse hospitalité.
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Personne ne lui avait expliqué que le monde poursuivait son train-train après le départ du soldat.
Êtes-vous sûre que la photo qui illustre votre article représente le lieutenant Schreiber dont parle Andreï Makine ? Je crains qu’il s’agisse plutôt de celle de son cousin Jean-Jacques avec lequel il n’avait pas les meilleures relations, ce dernier, entre autres, l’ayant « oublié » dans l’ours lors de la création de l’Express.
Je suis également une inconditionnelle d’Andreï Makine mais je ne me suis pas précipitée sur ce livre notamment à cause de Schreiber dans le titre, Schreiber qui, pour moi, n’était associé qu’à Jean-Jacques pour qui j’ai eu très peu de sympathie. Puis je l’ai lu et j’ai été presque émue aux larmes. Le talent d’Andréï Makine y était certainement pour quelque chose tant il a su décrire le mépris, l’indifférence de notre société pour les souvenirs de la vie héroïque d’un (très) vieux monsieur. Ce livre est du grand Makine au même titre que les précédents. Mais surtout, il faut, après celui d’Andréï Makine, lire « Tête haute » le livre écrit par le Lieutenant Jean-Claude Servan-Schreiber.
Si vous voulez découvrir un autre Makine, je vous recommande de lire les 4 livres qu’il a publiés sous le nom de Gabriel Osmonde. A part quelques chapitres où on le retrouve tel qu’en lui-même, le reste perturbe un peu… mais reste de la grande littérature. Serait-ce possible autrement ?
Prochain Makine : L’archipel d’une autre vie, en librairie en France, le 18 août.
Bonjour,
Merci pour votre commentaire, il se peut en effet que j’aie fait une erreur sur la photo. Je vais vérifier ça de ce pas !