Depuis janvier, je suis plongée jusqu’au yeux dans les sorties du moment. Il est bien rare que je lise autant de littérature contemporaine. Heureusement que je voulais me remettre aux classiques ! Voici quatre romans parus en mars. J’ai un peu (hum… hum… beaucoup ?) de retard dans mes lectures, les essais, biographies, témoignages et compagnie suivront donc dans un prochain article. Du bon, du moins bon, cette fournée est assez mitigé. Faites votre choix. Sur ce, je cours me plonger dans les sorties du mois d’avril.
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Elles sont parties pour le Nord, de Patrick Lecomte
En 1917, Wilma a onze ans quand son père lui rapporte un cadeau : Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède. Cette lecture va bouleverser à jamais la vie simple et rude de la jeune fille, qui se lance dans un combat héroïque pour la sauvegarde du plus grand oiseau migrateur d’Amérique du Nord.
Je trouvais le titre de ce roman très prometteur. J’espérais y retrouver un esprit d’aventure. Les premières pages m’ont plutôt séduite : une petite fille dans une cabane de trappeurs, c’était prometteur. J’ai un peu décroché ensuite, quand on suit ses rêveries, puis qu’on la voit grandir en ville. Décrite comme « animiste », elle apparaît comme très sensible, pourtant j’ai trouvé que le personnage aurait mérité d’être plus fouillé pour gagner en émotion, on reste un peu trop à la surface des choses. Toutefois, m’ont intérêt s’est accru quand Wilma commence à se lancer dans un combat pour la sauvegarde de la grue blanche. Assez sensibles aux questions d’écologie, c’est un type de sujet qui m’intéresse toujours. J’ai trouvé les différentes étapes de la mise en place d’un programme de protection très intéressante. En revanche, le côté un peu nunuche de ce personnage par ailleurs décrit comme très fort m’a beaucoup gênée. Une sensiblerie qui se retrouve également dans l’écriture qui a tendance à verser un peu trop dans le bon sentiment et la facilité. C’est dommage, l’histoire avait un fort potentiel qui n’est pas suffisamment développé. Ce récit aurait pu être très fort choisit un angle d’approche qui frôle un peu trop souvent la mièvrerie à mon goût. Si cette lecture est relativement agréable dans son ensemble, un texte qui manque de caractère.
J’avais onze ans lorsque j’ai rencontré pour la première fois la grue blanche d’Amérique, à son départ de Canada pour Aransas. Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Il y avait d’un côté la débâcle d’une rivière en furie et de l’autre le vol majestueux, hors du temps, irréel, de trois oiseaux en route pour une migration de trois mille cinq cents kilomètres.
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Le paradis des manuscrits refusés, d’Irving Finkel
La Bibliothèque des Refusés est un établissement des plus singuliers : elle recueille plus encore, elle sauvegarde tout texte ayant essuyé refus sur refus de la part des éditeurs. Mais de nombreuses mésaventures vont venir perturber l’ordre tranquille de la Bibliothèque.
Cette lecture aura été une torture sans nom. On a rarement l’occasion de lire quelque chose d’aussi mauvais. Etrangement, malgré une forte envie de laisser tomber ce roman dès les premières lignes, je suis pourtant aller au bout (tant bien que mal). Il faut dire qu’à défaut d’avoir le moindre intérêt, ce livre ne se lit pas trop mal. Le style est d’une rare pauvreté. Il y a quelques mots savants disséminés deci-delà mais ça ne suffit pas à masquer l’insignifiance de cette prose. L’histoire n’est pas en reste. Je trouvais l’idée d’une bibliothèque des manuscrits refusés assez prometteuse. Cette sorte de dépôt légal pour écrivains ratés me semblait offrir pas mal de possibilités. Sauf que d’histoire il n’y a pas vraiment. C’est mal construit, prévisible et insignifiant. Les maigres rebondissements ne sont absolument pas développés, leur ôtant toute consistance. Ce niveau de platitude est presque un exploit en soi. Je crois avoir déjà trouvé le plus mauvais livre de l’année.
Le manque d’accessibilité a toujours été l’une des qualités les plus reconnues de l’établissement.
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Jukebox Motel, de Tom Graffin
1967. Dans un bar de Los Angeles, Johnny Cash livre ses états d’âme à un inconnu. Le chanteur, pourtant au sommet de sa gloire, dit ne plus se reconnaître et rêver d’un endroit tranquille où il pourrait oublier « tout ce cirque ». Thomas, un jeune peintre underground, va s’engager à lui trouver.
Je ne savais pas trop quoi attendre de ce roman mais ça avait un lien avec Johnny Cash alors ça m’inspirait bien. Je n’en attendais pas grand chose mais j’ai été très agréablement surprise. J’ai beaucoup accroché avec le style qui possède une sorte de fraîcheur très agréable. Ca se laisse lire tout seul. L’histoire est assez sympa aussi. Un peintre qui ne croît pas vraiment à son talent, une histoire d’amour qui n’en est pas une (ou peut-être que si), des rencontres improbables et un lieu plein de musiciens. A la fois crédible et incroyable, et pourtant simple comme une histoire d’amitié. J’ai trouvé ça très réussi. On apprend à apprécier les personnages qui ont tous des caractères bien trempés et les stars qui traversent ce roman ne prennent jamais toute la place. Il y a une ambiance particulière dans ces pages qui ont un petit air de vacances. J’ai été très surprise d’apprendre qu’il s’agissait d’un premier roman : franchement prometteur. Une lecture qui possède une légèreté très agréable mais qui est loin d’être inconsistante pour autant. Un très bon moment.
Il faut croire que, même au bout de la vérité, on a besoin de garder quelque chose à avouer, qu’au bout de nos aveux, il reste un dépôt, une lie au fond de la bouteille. Cette vérité impossible à donner à l’autre, ce double fond, c’est encore un mensonge, le dernier, et on préfère l’appeler secret.
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Un bon garçon, de Paul McVeigh
Irlande du Nord, fin des années 80, en plein conflit entre catholiques et protestants à Ardoyne, quartier difficile de Belfast. Mickey, le narrateur, vit sa dernière journée à l’école primaire avant les vacances d’été.
Je ne sais pas trop comment aborder cette lecture. Je suis toujours intéressée par les romans ou les films sur les troubles en Irlande, je partais donc avec un a priori positif. Pourtant j’ai eu beaucoup de mal avec le style. C’est bien écrit mais le fait de suivre cette histoire à travers les yeux d’un petit garçon m’a gênée. Ca ne me dérange pas toujours mais en l’occurrence ce petit garçon ne m’a pas particulièrement sympathique et m’a surtout mise très mal à l’aise. Difficile de dire pourquoi. Je ne suis simplement pas rentrée dans son monde je crois. Ses rêves, sa manière de raconter, rien ne m’a touchée, pourtant j’aurais sans doute pu me retrouver son rapport conflictuel aux autres mais rien à faire, aucune empathie ne s’est mise en place. Ca a forcément rendu ma lecture un peu compliquée, même si je me suis peu à peu habituée et que ça allait mieux sur la fin. L’histoire est touchante : celle d’un petit garçon à part sur fond de conflit religieux. Le fait que la narration soit faite par un enfant donne un point de vue intéressant. Si j’ai eu du mal avec le style du récit, je lui ai toutefois trouvé de nombreuses qualités. Un roman qui mérite qu’on s’y arrête.
Je regarde M’man pour qu’elle me soutienne, mais elle a les yeux fixés sur Mr Bown, qui se lève et va tripoter les stores tout en continuant à parler. J’entends ma respiration. Je ne comprends toujours pas ce qu’il raconte.
« Jukebox Motel » m’intrigue, je le note dans ma wishlist ! 🙂
Je l’ai trouvé vraiment sympa !