Depuis des siècles, les souvenirs de la Compagnie noire sont consignés dans les présentes annales. Depuis des siècles, la troupe se loue au plus offrant et les batailles qu’elle a livrées ont déjà rempli maints volumes. Jamais pourtant elle n’aura traversé de période aussi trouble. Entrée au service de la Dame et de ses sorciers, la Compagnie participe à l’une des plus sanglantes campagnes de son histoire. Les combats incessants, la magie noire qui empuantit l’air… bientôt les hommes tombent comme des mouches, et ceux qui restent debout se demandent s’ils ont choisi le bon camp. Ce sont des mercenaires dépravés, violents et ignares, sans foi ni loi, mais même eux peuvent avoir peur, très peur…
J’ai lu un peu de fantasy dans mon adolescence mais il y a fort longtemps que j’ai délaissé le genre. Et puis, il y a quelques années, je me suis procuré les 3 premiers tomes de la Compagnie Noire. A vrai dire, je croyais que c’étaient les seuls que comprenait la série et c’est ce qui m’a motivée à me lancer, ce n’était pas trop long, ça fait toujours moins peur. Bon, après avoir commencé le 1° tome, je me suis renseignée et c’est n’est pas 3 mais 13 tomes que compte cette série ! Ils sont tous plus ou moins 400 pages. Pour la lecture rapide, c’est raté ! Qu’à cela ne tienne, une fois cette lecture entamée, impossible de s’arrêter. Toutefois, je ne pouvais pas me permettre de les lire d’une traite (je n’avais pas encore fini mon master à ce moment et les lectures, ce n’était pas ce qui me manquait). Mais la bonne nouvelle, c’est que les tomes fonctionnent par 2 ou 3, avec souvent pas mal de temps écoulé de l’un à l’autre et parfois des changements de narrateur. Il n’est donc pas trop difficile de couper sa lecture, d’autant plus que l’auteur rappelle le passé de manière régulière par petites touches subtiles. J’avais arrêté de vous parler de chaque tome un à un (trop répétitif), voici donc mon avis complet sur la série.
Cette série a été immédiatement un énorme coup de cœur. Déjà, parce que c’est très bien écrit. Et qui plus est exceptionnellement bien traduit. La richesse de la langue est incroyable (avec quelques expressions typiques du sud dont certaines que je ne connaissais qu’en occitan !) et il n’est pas rare que je doive sortir le dictionnaire pour vérifier tel ou tel vocable. J’ai rarement vu tant de niveaux de langue se côtoyer, c’est un vrai bonheur ! La richesse du vocabulaire est juste exceptionnelle. Ces romans sont d’ailleurs sans doute le meilleur rempart à l’argument – parfois vrai – selon lequel la fantasy serait de la littérature de bas étage mal écrite. Glen Cook jongle avec les mots avec un talent fou. Côté style donc, un énorme coup de foudre. Je rêverais d’être capable d’écrire aussi bien.
Et l’histoire alors ? Ben déjà, avec un style pareil, le mec pourrait me parler de verrues plantaires que je serais au comble de l’admiration donc bon, il pourrait se payer le luxe d’une histoire bateau sans problème. Sauf que non, ça aussi c’est hyper réussi ! Je trouve souvent que les univers « magiques » ne sont pas assez construits et qu’il y a toujours un truc pas assez pensé qui me fait sortir du monde de l’auteur. Rares sont ceux qui trouvent grâce à mes yeux. Là l’univers est assez proche du notre (version plutôt médiévale : on est pied et à cheval et on guerroie avec des épées), la magie vient par petites touches où le mythe côtoie souvent la réalité. Elle prend la forme de déesses maléfiques, de démons invisibles ou de sorciers farceurs. Avec un petit tapis volant d’ici-delà. Et en fonction des régions traversées par nos héros, les croyances varient, laissant toujours traîner une part de mystère. Mais il arrive aussi qu’elle se fasse oublier, ou qu’en tout cas elle soit laissée plus en marge du récit, comme une sourde menace parfois un peu lente à ressurgir.
La Compagnie noire, c’est grosso modo une troupe de mercenaires à l’éthique discutable mais à laquelle le sens de l’honneur et un certain sens de l’humour ne sont pas étrangers. Sa taille varie d’une poignée d’hommes à une véritable armée en fonction des coups du sort. L’histoire s’étend sur une vaste période (quelque chose que 40 ans je pense) avec donc pour la compagnie des membres et des employeurs changeants. On la voit évoluer, et ses membres avec elle. Sans oublier bien sûr un certain lot de trahisons et d’échecs qui viennent pimenter l’affaire. Parce que l’autre grande réussite de cette série, c’est que tout n’est pas rose pour nos héros. Loin s’en faut ! Il y a quelques sacrés cas sociaux dans ses rangs, certains personnages sont parfaitement antipathiques, ils ne sont pas toujours aussi fins stratèges qu’ils le voudraient (même si à vrai dire, c’est quand même ce qui est sensé leur sauver la mise à peu près tout le temps) et ils jouent parfois de malchance. En bref, ça ressemble assez la vraie vie. Les héros ne s’en sortant pas particulièrement mieux que les autres (enfin juste assez pour que l’histoire continue quand même).
Les livres que nous lisons sont sensés être les annales de la compagnie, où tous ses faits et gestes sont archivés avec plus ou moins de minutie. Celui qui les consigne change donc parfois d’un livre à l’autre avec un changement de style conséquent. Mon favori est indéniablement resté Toubib, celui qui ouvre le récit. Ca tombe bien, c’est au final lui qui a le plus souvent la parole. J’ai bien aimé l’idée qui est de plus assez bien exploitée et crée de la variété dans cette série fleuve. J’avais peur de ne jamais venir à bout de ses 13 tomes mais si j’ai pris tout mon temps, c’est avant tout pour faire durer le plaisir parce que franchement, c’est tellement prenant qu’il faut se faire violence pour ne pas enchaîner les tomes jusqu’au dernier.
J’avais peu peur d’être déçue par la fin. Ca finit bien ? on se dit que c’est prévisible. Ca finit mal ? on est déçus pour les héros qu’on a suivi si longtemps. Jusqu’à la moitié du dernier tome, je n’ai pas été très sure de savoir comment ça allait finir. Après j’ai cru voir où ça allait et j’ai eu peur qu’en prenant un chemin assez attendu, la fin manque de panache. Alors certes, il y a une partie du dénouement qu’on peut anticiper maaaiiis, il y a des rebondissements jusqu’à la dernière ligne, et pas des moindres. J’ai trouvé que l’auteur ne s’en sortait pas mal du tout avec cette fin à la fois logique et surprenante. J’ai refermé ce livre en me sentant un peu orpheline et avec une grosse envie de jeter un œil à ce que Glen Cook a écrit d’autre (ainsi qu’aux traductions de Frank Reichert). Vous l’aurez compris, cette série aura été un énorme coup de cœur. Bien sûr, il y a des passages qu’on aime plus que d’autres, des moments un peu moins palpitants et des personnages qui ne nous inspirent pas toujours mais l’ensemble est d’excellente qualité et se tient très bien. Les rebondissements ne manquent jamais et le suspens est bien souvent au rendez-vous. Du grand art.
Le Mal est relatif, annaliste. On ne peut pas lui mettre d’étiquette. On ne peut ni le toucher, ni le goûter, ni l’entailler avec une épée. Le Mal dépend de quel côté on se trouve, de quel côté on pointe son doigt accusateur.
_______________
Tu me connais, gamin. Je suis aussi insaisissable que fiente de chouette vaselinée.
_______________
Avec les rois, on ne peut jamais savoir. Il ne réfléchissent pas comme les gens normaux. Comme s’ils étais plus ou moins hermétiques à la réalité.
Merci pour ce retour
je viens de les acheter suite à une discussion portant sur cette saga.
Je détiens les 13 tomes entre les mains, il ne me reste plus qu’à les apprécier
Je reviendrais sur cette page redonner des avis complémentaires
Merci en tout cas pour cet article et sinon cela correspond à ce que m’en a dit mon ami !
Merci beaucoup pour ce commentaire, ça me fait super plaisir !
J’espère que la série te plaira, j’ai vraiment adoré cette série. Bonne lecture et à bientôt.