« Je n’ai jamais entendu parler italien dans ma famille, pas même un mot, une expression, et pendant toutes les années où nous sommes allés déjeuner chaque dimanche chez mes grands-parents maternels, j’ai invariablement mangé du poulet rôti avec des pommes de terre. Jamais de pâtes. Pas une fois.
Ces racines-là semblent avoir été arrachées. Tranchées net. Pourquoi ? Je l’ignore. M’ont-elles manqué ? Je n’ai pas cherché à le savoir, n’ai pas posé de questions. »
Je connais mal Anne Plantagenet mais j’ai vraiment beaucoup aimé les deux livres que j’ai lus d’elle : Pour les siècles des siècles, mais aussi et surtout Appelez-moi Lorca Horowitz. J’avais donc hâte d’ouvrir un autre de ses romans et à vrai dire, je n’ai même pas regardé de quoi ça causait avant de l’ouvrir. Il s’agit finalement d’une sorte d’autobiographie. Ou devrais-je appeler ça une autofiction plutôt ? Je ne saurais trop dire, la frontière est assez floue, en tout cas, l’autrice nous parle de sa vie. Et surtout de ses rapports à sa mère.
Anne Plantagenet a écrit il y a quelques années un texte intitulé Trois jours à Oran, le récit du voyage qu’elle a accompli avec son père sur les lieux où il a passé son enfance. Avec ce nouveau texte, elle semble vouloir rendre la pareille à sa mère, d’origine italienne donc, non pas en l’accompagnant dans ce pays qu’elle-même n’a jamais connu mais en se posant avec elle cette question des origines.
Ce n’est pas inintéressant mais je dois avouer que ça ne m’a pas touchée outre mesure. Notamment parce qu’on en est plus au stade du questionnement dans ce livre qu’à celui d’un voyage sur les traces de ses ancêtres. Moi qui suis assez peu portée sur l’introspection, ça ne me parle pas vraiment. L’autrice fait très souvent référence à Trois jours à Oran dans ce texte, ce que j’ai parfois trouvé dérangeant et m’a donné l’impression que ce livre-ci ne pouvait se lire qu’à l’aune du précédent.
Si le style d’Anne Plantagenet est agréable et qu’elle amorce des réflexions plutôt intéressantes sur la famille et la quête de ses racines. J’avoue que je ne connais pas assez l’autrice pour vouloir spécialement me pencher sur sa vie et sa famille, ce texte ne m’a donc pas passionnée. J’ai l’ai trouvé dans l’ensemble assez fade et sans grand intérêt, à moins d’être un grand fan de l’auteur et de vouloir en apprendre plus sur elle et ses relations à sa famille.
Dans ma famille, les couples s’aiment pour la vie. Ils forment un territoire autarcique, se suffisent à eux-mêmes, sont soudés et fidèles. Ils se criblent d’habitudes, de manies, de mimétismes, s’agacent et se chamaillent, se disputent parfois durement, mais lorsque l’un de deux commence à faiblir, l’autre ploie aussitôt. Ils meurent vieux et restent unis dans la mort, sont enterrés côte à côte, tombe contre tombe, ou ensemble, dans le même caveau. Dans ma famille, les couples ne se séparent pas.