Beryl Markham a deux ans lorsque sa famille s’installe au Kenya en 1904. Très vite abandonnée par sa mère, elle est élevée par son père – entraîneur de chevaux de course – et par les natifs de la tribu Kipsigi. Cette éducation non-conventionnelle fait d’elle une jeune femme farouche et audacieuse, qui se moque de la bienséance. De mariages ratés en liaisons contrariées, Beryl va peu à peu s’imposer comme l’une des femmes les plus singulières de son temps.
Pour être honnête, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant ce livre, je craignais que ce soit un peu cucul. Eh bien, pas du tout, j’ai beaucoup aimé. Le style n’est pas particulièrement marquant, c’est assez classique mais pas désagréable, même si ça manque sans doute un peu de légèreté. Ce côté un peu trop « rigide » peut aussi être accentué par la traduction. Quoiqu’il en soit, à défaut d’être marquant, le style demeure efficace. Quant à l’histoire, elle est très prenante et mérite d’être découverte.
Je ne connaissais pas du tout l’histoire de Beryl Markham. Elle est pourtant fascinante. Sa famille est venue s’installer au Kenya alors qu’elle était encore enfant et très vite sa mère est rentrée au pays, la laissant seule avec son père, entraîneur de chevaux de course. Elle passe beaucoup de temps avec les Kipsigi durant son enfance, arpentant les terres paternelles avec son meilleur ami. Une enfance pour le moins inhabituelle pour une anglaise issue de la bonne société. Cela influera surement sur son avenir.
En effet, elle ne sera guère plus conventionnelle à l’âge adulte : elle suit les traces de son père et devient la première femme entraîneuse de chevaux de course. Puis, quelques années plus tard, la première femme pilote d’avion. Sa vie amoureuse est aussi tumultueuse que sa vie professionnelle. J’ai beaucoup aimé le portrait de cette femme anti-conventionnelle que rien ne semble arrêter. On croise dans ce roman Karen Blixen, l’autrice de La ferme africaine, le célèbre roman adapté au cinéma sous le titre Out of Africa. Ca m’a donné envie de lire le roman, les deux portant un regard différent sur la même époque et en partie au moins, les mêmes faits.
Beryl Markham a eu un destin exceptionnel et montre un amour sans faille pour sa terre d’adoption. Le point de vue est celui du personnage donc autant dire qu’il n’y a pas vraiment de réflexion sur la colonisation et l’exploitation des terres par les anglais, même si ça apparaît timidement par moments. Cela peut s’avérer assez dérangeant même si on ne s’attend pas trop à autre chose étant données l’époque et la protagoniste. Cela mis à part, ça n’en demeure pas une peinture de son temps qui est loin d’être dénuée d’intérêt. Un portrait de femme passionnant et à travers elle le portrait d’une bourgeoisie qui semble bien éloignée du sens des réalités.
En fait, on ne pouvait se prémunir contre rien, c’était comme ça, et c’était ce que j’aimais en Afrique. Ce besoin qu’elle avait de pénétrer à l’intérieur des êtres. Et une fois qu’elle vous possédait, elle ne vous lâchait plus.
Les ouvreurs de nouveaux chemins et ceux qui ont perdu le leur se ressemblent, m’avait un jour déclaré Denys, et finissent souvent par échouer au même endroit, ayant chacun gagné en sagesse.
Je me suis dit que d’être aimé un peu moins que les autres vous forge le caractère plutôt que ne le gâche.
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