Mes lectures

Sous le vent de la liberté, Christian Léourier

Le manoir de Kervadec ne ressemblait en rien aux gracieuses gentilhommières, flanquées d’une chapelle et d’un pigeonnier que, depuis le Grand Siècle, les architectes de Rennes ont accoutumé d’ériger dans notre province.

Élevé par un père libertin et un prêtre humaniste, Jean de Kervadec est jeté dans le tourbillon du monde lorsqu’il perd la possession du manoir familial. Il embarque alors pour l’Amérique à la recherche de son frère aîné, héritier légitime, le seul à même de reconquérir leur domaine.
Cependant, le jeune homme est loin d’imaginer des multiples destinations où le pousseront vents et courants : de l’Amérique, où naît une république, aux côtes d’Afrique où sévit la traite ; de la course contre les pirates de l’océan Indien aux guerres du Deccan ; de la révolte des esclaves de Saint-Domingue aux spasmes de la Révolution qui secouent Paris.
Et si sa route croisera celle de nombreuses figures historiques, la destinée prendra quant à elle le visage d’une femme, Maria, son amour d’enfance, qui l’obsède au moins autant que son désir de vengeance envers ceux qui l’ont obligé à fuir sa terre natale.

Je ne sais pas pourquoi mais je ne m’attendais pas du tout à ça en ouvrant ce roman. Ca faisait un moment que je voyais passer les très belles couvertures des éditions Argyll mais je n’avais encore rien lu de chez eux. J’ai décidé de me lancer et de découvrir leur travail avec ce roman. Aventure et histoire, tout ce que j’aime, c’était prometteur. Mais allez savoir pourquoi je m’attendais à quelque chose de plus léger, facile à lire, une cible peut-être young adult. C’est un peu la couverture qui fait ça, très belle qui peut rappeler certaines vieilles couv des romans de Jules Vernes ou qui se rapproche de ce qui se fait aujourd’hui plutôt en fantasy (Argyll en publie pas mal, ça se tient). Bref, il y avait un léger décalage dans les attentes.

Couverture du roman Sous le vent de la liberté

J’ai donc été très étonnée dès la première ligne par le style. C’est assez soutenu. Beaucoup plus ce que j’aurais imaginé. Alors en soi, c’est plutôt une bonne surprise. C’est très bien écrit et dans un style travaillé qu’on ne croise pas tous les jours en littérature contemporaine. Moi qui espérais finir l’année avec quelque chose de léger et facile à lire : c’est totalement raté. Peu importe, j’ai continué ma lecture qui s’annonçait tout de même très bien. Soyons honnête, j’ai quelque peu galéré. C’est très dense. Il y a beaucoup d’infos à assimiler, c’est bien documenté sur le plan historique (enfin je présume, d’après mes maigres connaissances ça m’a semblé rigoureux). Le grand format avec des chapitres longs m’a donné l’impression d’avancer à un rythme d’escargot. A dire vrai, ce n’était pas qu’une impression.

Ceci étant dit, j’ai pris un énorme plaisir à cette lecture, et c’est bien là l’essentiel. J’ai beaucoup aimé le personnage principal, qu’on suit dans des aventures incroyables à travers le monde. Non seulement il nous fait découvrir des lieux et des cultures différentes, mais il traverse aussi certains des plus importants moments de l’Histoire du XVIII° siècle. C’est absolument passionnant. J’ai eu une préférence pour la première partie, j’ai aimé la candeur du personnage, ses mésaventures, son apprentissage de la vie. La deuxième moitié m’a également beaucoup plu, avec de nouveau des figures fortes qui émergent et la lutte pour l’abolition de l’esclavage en toile de fond.

J’ai un peu moins accroché avec la dernière partie, qui se déroule essentiellement à Paris et qui parle surtout de la Révolution. J’ai trouvé que ça souffrait de quelques longueurs et que l’aspect « aventure » manquait un peu pour venir alléger la densité des infos historiques. Toutefois, le tout s’avère très cohérent, c’est d’excellente tenue et il n’y a vraiment pas grand chose à y redire. Après avoir enchaîné pas mal de déceptions avec la rentrée littéraire, il y avait longtemps que je n’avais plus pris autant de plaisir à la lecture d’un roman ! Bien écrit, bien construit, très prenant, ce roman d’aventure sur fond historique est un vrai régal.

Photo de Christian Léourier

Il se peut qu’un jour tu t’égares, que tu n’aies plus de provisions, que les loups te traquent. Tout ça n’est pas grave. Avec un peu de chance, on s’en sort. Mais sans feu, tu es perdu. Le froid est traitre. Il t’emporte sans sommation.


La mort ne compte pas, quand on laisse derrière soi des jeunes pour maintenir vivant le souvenir de leurs pères.


N’est-ce pas le lot de tous les mortels que voguer sur un océan d’incertitude ?

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