Mes lectures

Le Premier Homme – Albert Camus

          Jacques se souvient de son enfance à Alger, dans une famille pauvre mais aimante, à sa façon. Une vie simple et dure où l’amitié et les petits plaisirs prennent toute la place. Des jeunes années difficiles qui vont forger la personnalité du jeune Jacques et le marquer durablement. 

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          Le premier homme est le manuscrit sur lequel travaillait Albert Camus au moment de sa mort. Il reste inachevé et les nombreuses notes de bas de page sont autant de témoignages de l’écriture en cours, avec ses hésitations. L’écriture est très agréable, même si on sent par moments que le texte n’est pas fini. Il y a parfois des longueurs et quelques passages mériteraient d’être retravaillés, pourtant, quand on lit ce texte, on est avant tout marqué par la maîtrise et la qualité du style. On n’en est que plus frustré de le savoir inachevé, et on pense au chef-d’oeuvre qu’il se serait sans doute devenu.

          Si l’écriture d’une grande qualité, l’histoire n’est pas en reste. Ce roman est largement autobiographique et cela se ressent dans la force des souvenirs évoqués. Il y a beaucoup de tendresse dans ces lignes, malgré la rudesse de la vie qu’elles décrivent. C’est simple et dur, grillé par le soleil, où jamais rien n’est superflu, et où se cache pourtant une certaine beauté. Plus encore que la beauté de l’écriture, j’ai apprécié l’univers qu’elle esquisse, sec et intransigeant. Certains des souvenirs d’enfance de l’auteur sont particulièrement forts et émouvants, et on ne peut qu’admirer son incroyable parcours. Un très beau livre dont on ne peut que regretter qu’il n’ait pu être fini.

9782070401017

La mémoire des pauvres est déjà moins nourrie que celle des riches, elle a moins de repères dans l’espace puisqu’ils quittent rarement le lieu où ils vivent, moins de repères aussi dans le temps d’une vie uniforme et grise.

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Une défiance résignée à l’égard de la vie, qu’ils aimaient animalement mais dont ils savaient par expérience qu’elle accouche régulièrement du malheur sans même avoir donné de signes qu’elle le portait.