Pour sa 3° édition, Rouen Impressionnée invite des graffeurs du monde entier à redessiner le visage de la ville. L’exposition qui s’intègre au festival Normandie Impressionniste – dont les affiches pullulent dans Paris – propose 3 parcours dans différents quartiers de la ville. Il y aura en tout 25 œuvres monumentales inédites, certaines temporaires, d’autres amenées à rester. Des œuvres existantes ont également été intégrées à ces parcours avec des acteurs de la scène locale. Le parcours est conçu comme une exposition à l’échelle de la ville. Le commissaire d’expo, Olivier Landes, n’en est pas à son coup d’essai puisque c’est lui qui avait créé In situ au fort d’Aubervilliers. Au programme Bault, Brusk, Ramon Martins, Robert Proch, Satone et bien d’autres pour l’un des événements majeurs de l’art urbain en Europe en 2016.
Trois quartiers sont concernés par cet événement : le quartier des Sapins – qui est un quartier populaire sur les hauteurs de Rouen, le centre-ville et les docks. Dans le quartier des Sapins, la population a été consultée afin de savoir ce qu’elle attendait des fresques. Elles doivent représenter l’identité du quartier. Les fresques peuvent ainsi se lire comme une sorte de portrait chinois du quartier et de ses habitants. J’ai trouvé cet aspect du travail des artistes très intéressant : une part de social essentielle pour que leurs œuvres soient acceptées et s’intègrent à leur environnement. Le pari semble réussi puisque des jeunes se sont proposés spontanément pour organiser des visites guidées de leur quartier cet été.
Au centre-ville, le travail des artistes se fait plus discret. En effet, le centre de Rouen est classé et une contrainte chromatique a été imposée afin que les oeuvre ne tranchent pas trop dans ce quartier historique. Tout n’était pas encore en place au moment où j’y suis allée (il devrait notamment y avoir des choses à voir du côté de la gare) mais j’ai vu un beau collage et surtout une oeuvre monumentale sur la façade technique d’un cinéma. Le dégradé de couleurs et l’aspect abstrait du dessin sur une si grande surface sont tout bonnement fascinants. L’artiste joue avec les volumes de manière magistrale et sa peinture semble se fondre avec le ciel. C’est époustouflant, le gros coup de cœur de la journée.
Du côté des docks, la liberté était plus grande du fait de l’absence d’habitants. Les œuvres se font moins figuratives et on assiste à une véritable explosion de couleurs. La promenade le long de la Seine, en cours d’aménagement, est très agréable et permet de découvrir des styles de peinture éclectiques. La calamar géant est une oeuvre éphémère particulièrement impressionnante. Même si je n’ai pas tout aimé, j’ai également trouvé que la peinture des portes du musée maritime lui donnait un sacré cachet ! Le quartier est en plein mouvement et j’ai trouvé que ça participait à sa dynamique avec des choses moins sages, même si dans l’ensemble ça me correspond aussi un peu moins.
Tout n’était pas fini au moment de mon passage à Rouen mais j’ai trouvé le parcours vraiment sympa, avec des choses très différentes. Deux artistes travaillaient ce jour-là et j’ai beaucoup aimé voir comment ils bossaient, leurs inspirations, etc… On peut tout voir dans la journée – même si ça demande un peu d’organisation, ou décider de ne faire qu’une partie du parcours, ce qui à vrai dire serait un peu dommage vu le diversité qui est offerte. Des modules où seront réalisées des œuvres éphémères seront à voir tout l’été devant le musée des beaux-arts. Je m’y connais très peu en street-art mais j’ai aimé quasiment tout ce que j’ai vu et ça m’a donné envie de me pencher de plus près sur ce qui se faisait dans le domaine. Une belle exposition qui redessine le visage de la ville et permet de l’appréhender autrement.
Du 2 juillet au 26 septembre 2016
Inauguration le 2 juillet dans le quartier des Sapins
Informations auprès de l’office de tourisme
25 place de la Cathédrale
76 000 ROUEN
02 32 08 32 40