De Mathias Malzieu, j’avais beaucoup aimé Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi et Le plus petit baiser jamais recensé. Il y a longtemps que ces 38 mini westerns avaient rejoint ma bibliothèque mais je ne les en avais jamais délogés jusque-là. Je m’attendais un peu à un condensé de l’univers si déjanté de l’auteur je crois et en même temps à quelque chose d’un peu différent. Je dois avouer que j’ai été un peu déçue. Les histoires qui se succèdent dans ce petit livre sont très courtes et toujours aussi loufoques. Elles m’ont souvent donné l’impression de n’être que des idées jetées sur le papier en attendant d’être développées ailleurs.
L’univers de Mathias Malzieu est très riche et je trouve que le roman se prête mieux à ses bizarreries, il laisse le temps de s’immerger dans ce monde où naissent 20 idées à la seconde. La nouvelle ne permet pas de les développer et m’a laissée un peu sur ma faim. Le titre est également un peu trompeur. Il y a quand même quelques bonnes idées et on retrouve sa plume si particulière. Trois ou quatre de ces histoires sortent du lot. Finalement, ça m’a presque plus fait penser à de la poésie. Même si je préfère les romans de l’auteur à ces courts-textes, la lecture est agréable et divertissante. Les fans de la première heure seront sans doute conquis, les autres peut-être un peu moins.
C’était la première fois que je faisais un cadeau d’amoureux et dans chaque maillon du bracelet, il y avait un morceau de mon coeur.
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Elle sourit, un sourire à double sens, pile entre « Tu te fous de moi… » et « Tu t’en sors bien ».
« Devant les coups du sort il n’y a pas trente choix possibles. Soit on lutte, on se démène et l’on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Soit on s’abandonne à vivre. C’est le choix des héros de ces nouvelles. Ils sont marins, amants, guerriers, artistes, pervers ou voyageurs, ils vivent à Paris, Zermatt ou Riga, en Afghanistan, en Yakoutie, au Sahara. Et ils auraient mieux fait de rester au lit. »
Je vous livre la quatrième de couverture tel quelle ; je ne l’aurais pas mieux dit ! Pour une fois qu’elle est réussie… Vous le savez peut-être, j’étais tombée littéralement amoureuse de Sylvain Tesson avec Dans les forêts de Sibérie. Le Petit traité sur l’immensité du monde m’était quand à lui tombé des mains, j’en venais à me demander comment le même homme avait pu écrire deux textes si différents. Il parle de lui dans les deux, de ses voyages, et pourtant l’un me sortait par les yeux quand j’étais fascinée par l’autre. Vraiment étrange. J’ai donc lu ses nouvelles Une vie à coucher dehors. J’ai trouvé que ça ressemblait à du London, ni plus ni moins, soit rien moins que l’un de mes auteurs préférés ! J’ai donc remisé mon expérience malheureuse dans un coin de ma mémoire pour devenir une inconditionnelle des aventures de ce voyageur intarissable. Si rares sont les auteurs vivants qu’on a que l’on peut admirer !
Quand je suis allée à la librairie début janvier sans rien avoir suivi de la rentrée et que j’ai vu côte à côte un livre d’Andréï Makine et des nouvelles de Sylvain Tesson, j’ai frôlé la syncope (et encore je n’avais pas vu Mingarelli sur la table à côté…). Tant de joie d’un coup, c’était à peine croyable. Vous pensez bien que je me suis jetée dessus comme s’il n’y avait pas déjà une centaine de livres qui sommeillent sur mes rayonnages (un détail). Et quand la libraire m’a appris que Sylvain Tesson lui-même serait là quelques jours plus tard, mon bonheur fut à son comble ! Evidemment, j’ai assisté à cette rencontre. L’auteur n’est pas réputé pour son assurance devant la foule. Pourtant, son discours était passionnant et empreint d’un humour que je ne lui soupçonnais pas (pas à ce point en tout cas) et m’a ravie. Que dire sinon que sa culture étonne autant que ses saillies grinçantes ? L’écouter fut un réel plaisir et ne fait que renforcer mon admiration pour cet homme étonnant.
Après cette longue digression, venons-en au cœur du sujet : ses nouvelles. Si Une vie à coucher dehors avait pour thème central les grands espaces (comme son nom l’indique un peu), ici, ce sont à des nouvelles plutôt citadines que nous avons affaire. Si certaines se passent en extérieur, la plupart ont Paris ou d’autres grandes villes pour décor. Je dois avouer que je préfère qu’on me décrive la traversée d’une immensité gelée à une rencontre sur les quais de Seine. L’amour a aussi plus de place dans ce recueil, même s’il est souvent déçu ; là encore, on s’éloigne un peu de mes préoccupations premières. Mais bon, la plume de Sylvain Tesson reste égale à elle-même ; ses textes recèlent à la fois de la force et une certaine poésie, le tout teinté d’une ironie parfois cruelle qui n’est pas pour me déplaire. J’aime ce style si particulier qui lui est propre et s’affirme de livre en livre. Si ces nouvelles m’ont semblé dans l’ensemble moins fortes que son recueil précédent, elle n’en demeurent pas moins une très bonne lecture qui ne manquera pas de laisser quelques traces.
– L’amour, c’est se rencontrer, se dissoudre, disparaître.
– Tu arrêtes, chéri, avec tes aphorismes de paquet de lessive ?
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Je n’ai pas de téléphone portable car je trouve d’une insondable goujaterie d’appeler quelqu’un sans lui en demander au préalable l’autorisation par voie de courrier. Je refuse de répondre au « drelin » du premier venu. Les gens sont si empressés de briser nos silences…J’aime Degas,lançant « c’est donc cela le téléphone ? On vous sonne et vous accourez comme un domestique. » Les sonneries sectionnent le flux du temps, massacrent la pâte de la durée, hachent les journées, comme le couteau du cuisinier japonais le concombre.
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Il retenait tout, elle s’efforçait d’oublier. Il savait relier ,elle savait regarder. Il cherchait des références, elle ne croyait qu’à l’inédit. Il était myope. Elle haïssait les taupes.
Et pour les curieux, découvrez le Paris de Sylvain Tesson ici. Une interview passionnante sur BMF.
Trois courts textes autour de l’enfance. Ces nouvelles de Rainer Maria Rilke sont suivies d’un essai de Charles Baudelaire intitulé La morale du joujou. Bien que ce soient deux auteurs que j’apprécie, je ne connaissais aucun de ces textes et j’avais hâte de les découvrir, d’autant que le thème était pour le moins prometteur.
Je dois avouer que contre toute attente, j’ai beau être une inconditionnelle des nouvelles de Rilke, je n’ai pas grand choses à dire de celles-ci. Je n’ai absolument pas accroché. J’ai trouvé la première nouvellenotamment extrêmement obscure. J’ai eu le plus grand mal à entrer dans le texte et à suivre ce qu’il s’y passait. Disons que c’est quasi mystique, très empreint de spiritualité, ce que je ne goûte guère avec mon esprit terriblement terre à terre. Les pages sont peu nombreuses mais j’ai dû me faire violence pour en venir à bout. Pourtant, il y a tout de même beaucoup de choses intéressantes dans ces textes qui proposent une vision de l’enfance dénuée de tout aspect puéril. Le merveilleux se confronte à la réalité dans ces trois nouvelles très différentes mais exigeantes et difficiles que complète très bien le texte de Baudelaire sur le rapport de l’enfant à ses jouets.
Six nouvelles en relation avec la vie ou les romans de l’auteur. Trois ont pour cadre l’été, trois l’hiver. Des textes très différents, écrits à divers moments de la vie de l’auteur et qui du rire aux larmes nous offre un éventail de ses talents.
J’aime beaucoup les romans de David Lodge et la finesse de son écriture. Son humour subtil mais parfois féroce m’enchante. Quand je suis tombée par hasard sur ce recueil de nouvelles, je me suis donc jetée dessus, ayant hâte de découvrir une autre facette de son talent. Les nouvelles sont toutes les six dans des styles différents. Certaines sont assez drôles, d’autres beaucoup plus sombre. J’ai été un peu déçue de ne pas vraiment retrouver l’humour mordant de l’auteur dans ces courts textes. En revanche, j’ai été assez agréablement surprise par la profondeur de certains, qui sous des airs assez légers s’avèrent plutôt cruels. J’aime bien les nouvelles à chute et celles-ci n’en ont dans l’ensemble pas vraiment, ce qui me frustre toujours un peu. Toutefois, j’ai été contente de découvrir de nouveaux aspects de l’écriture de David Lodge. Si ces textes ne sont pas les meilleurs de l’auteur qui semble s’avérer plus à l’aise dans la longueur du roman, ils sont toutefois agréables à lire et permettent de découvrir différentes facettes de son univers.
Ayant quitté l’école signifie un adolescent bon à rien renvoyé d’un collège secondaire. C’est un euphémisme, insista ma mère qui était une femme instruite. Depuis le temps qu’elle était mariée avec mon père, son sens de l’humour irlandais avait pris un mordant assez juif.
Onze nouvelles provocatrices et autant d’histoires sur la solitude et le désespoir. Un style décapant, voire même franchement choquant, qui ne peut en aucun cas laisser indifférent. Un livre choc de la contre-culture écossaise.
Ma première impression sur ce recueil a été assez défavorable. J’aime les style plutôt classiques et j’ai beaucoup de mal à supporter que la littérature fasse dans le langage de charretier. Dans les dialogues, à la rigueur, si c’est fait avec style, mais dans la narration, JA-MAIS. Je préfère qu’un livre me fasse rêver en me proposant une langue un peu plus belle que celle qui nous écorche les oreilles en bien des occasions à longueur d’année. Autant vous dire que ce livre m’a mise au supplice !!! Toutefois, il s’est passé une chose étrange : bien que le style m’ait laissé perplexe et quelque peu agacée, la première nouvelle m’a assez fascinée. Sans franchement me passionner, elle m’a tout de même suffisamment accrochée pour me donner envie d’aller jusqu’à la fin. Il se dégage quelque chose de ce récit de fort et marqué. L’ambiance qu’il recrée et les émotions qui s’en dégagent sont aussi malsains que fascinants. Un tour de force qui ne se reproduit pas à chaque nouvelle bien que les ingrédients soient souvent là. Un livre que je n’ai pas particulièrement apprécié mais auquel on ne peut que reconnaître une très forte identité.
Je plonge dans l’armée de bouteilles, recharge mon verre et lui propose à boire. Farfouillant dans son sac genre découpé dans un tapis afghan, posé à côté d’elle, elle en tire une demi-bouteille de Macallan dix ans d’âge et s’en verse une dose de terrassier.
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Je me réveille avec la sensation de froid, de vide, de tête prise dans un étau qui prélude toujours à une journée en famille. Les congés annuels, c’est précieux, et ça me fait chier d’en gaspiller la moindre seconde avec les mômes de mes cousins, mon odieuse tante et les éternelles larmes de ma mère après quelques verres d’asti spumante.