Cinéma

Happiness therapy

Comédie dramatique américaine de David O. Russell avec Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Robert De Niro

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          La femme de Pat l’a quittée et après avoir perdu son travail et sa maison, il doit revenir vivre chez ses parents. D’un optimisme à toute épreuve, il est décidé à reconquérir sa femme et retrouver son ancienne vie. En route, il rencontre Tiffany, une jeune femme aussi larguée que lui avec qui va se nouer une étrange relation qui va les aider à reprendre en main leurs vies.

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          Je ne suis pas une grande adepte des comédies romantiques mais celle-ci m’avait l’air de vraiment sortir du lot et c’est avec grand enthousiasme que je me suis rendue au cinéma pour la voir. La bande-annonce m’avait donné l’impression d’un concentré de bonne humeur et d’un film un peu décalé, exactement ce qu’il me fallait pour égayer ce début d’année un peu triste. Décalé, ce film l’est pour le moins ! En revanche, je m’attendais à un tout autre style, ce qui m’a quelque peu déstabilisée. On est très très loin des standards de la comédie romantique, on est même plus proche du drame par moments. La première partie du film m’a très souvent mise mal à l’aise. Aussi plein d’énergie et de bonne volonté que soit le personnage principal, il est complètement ravagé et sa nouvelle amie est guère mieux. Quand aux parents et amis qui tentent d’aider, ils ne s’en sortent pas toujours très bien.

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          Comme vous le savez peut-être, j’ai un petit problème avec les engueulades au cinéma ; une sorte de grave allergie, ça me stresse, me hérisse le poil et me met dans un état de stress et d’agacement pour lequel le retour en arrière est rarement possible. Même si je dois admettre que les moments de tension du film sont rondement menés, truffés d’humour et criants de vérité, j’ai toutefois eu le plus grand mal à les apprécier à leur juste valeur et ça a un rien gâché mon plaisir. Malgré ce léger contre-temps, j’ai grandement apprécié ce film aussi frais que terriblement original. Les rapports humains y sont disséqués avec une grande justesse. Les personnages sont tous un peu cassés et maladroits mais profondément optimistes, ce qui donne une belle énergie au film qui n’est pas avare en scènes cocasses. Si la fin est un peu traditionnelle par rapport au développement, on reste quand même clairement au dessus de la mêlée des nombreuses comédie américaines. Un excellent film qui surprend par sa justesse et son subtil dosage entre profondeur de fond et légèreté de ton – dont ressortie étrangement bouleversée.

Cinéma

Indian Palace, de John MADDEN

          Comédie dramatique britannique de John Madden avec Judi Dench, Tom Wilkinson, Maggie Smith.

          7 jeunes retraités britanniques choisissent d’aller passer leurs vieux jours en Inde, dans un palace à bas prix. La réalité va se révéler bien éloignée de ce qu’ils avaient imaginé. Une vie bien différente de celle qu’ils connaissaient. Un changement de décor qui va profondément les bouleverser.

          Je n’attendais pas grand chose de ce film qui me semblait être une comédie grand public assez convenue. Toutefois, le panel d’acteurs est assez exceptionnel avec notamment Judi Dench (dans laquelle les amoureux de James Bond reconnaîtrons la redoutable M), Tom Wilkinson (The gost writter) ou encore Bill Naghi (Petits meurtres à l’anglaise). Les 8 acteurs principaux ont tous une filmographie assez exceptionnelle, pas un visage qui ne soit familier aux amateurs de cinéma. Une très belle distribution qui tient à elle seule tout le film et évite à cette comédie gentillette de sombrer dans le nanard.

          Ma foi ce film se laisse regarder. Ce n’est certainement pas le chef-d’oeuvre du siècle mais on passe un bon moment. C’est gentillet, joyeux et plein de couleurs, pas mal pour occuper un jour de pluie et de déprime. L’histoire est somme toute assez banale, un jeune homme plein d’illusions que la vie met à mal, un groupe de personnes qui ne s’entendent pas, on rassemble tout ça dans un même lieu, on secoue et tous les problèmes se résolvent comme par magie. Il eut été possible de faire quelque chose de vraiment bien avec ce film, en se penchant plus sur les aspects sociaux-culturels, tant indiens que britanniques par exemple ; mais on reste malheureusement à la surface des choses. Le résultat est une comédie romantique du 3° âge. Un film qui ne révolutionne pas les codes du genre, ça reste très convenu et l’Inde n’y est qu’un décor de carton pâte. Heureusement que les acteurs tiennent un peu tout ça ; ils semblent s’amuser et nous évitent un ennui mortel. Un film agréable qui n’est pas sans rappeler certains téléfilms diffusés sur M6 en début d’après-midi (on est dans le haut du panier tout de même) et reste toutefois tout à fait dispensable. 

Jeunesse·Mes lectures

Chambre A2, de Julien PARRA

          Mélina et Mathieu sont tous deux en attente de transplantation à l’hôpital. Quand un hélicoptère s’écrase sur une des façades du bâtiments, on les place dans la même chambre faute de lits disponibles. Ces deux adolescents si différents vont peu à peu apprendre à se connaître et s’apprécier.

          Ce roman graphique m’a semblé plus proche du manga que de la BD traditionnelle, tant par les illustrations que par la manière d’aborder le récit. J’ai beaucoup aimé la construction de l’histoire. Elle est découpée en chapitres, chacuns séparés par une planche qui ne prend sens que plus tard dans le récit. J’ai particulièrement apprécié cette petite originalité. J’ai aussi aimé les dessins assez épurés mais efficaces. Les personnages sont dressés en quelques coups de crayons : leur personnalité se dégage nettement sans qu’il ne soit fait usage de beaucoup de mots.

          J’ai bien aimé aussi que l’histoire avance plus par l’image que par l’écrit. L’auteur arrive à trouver un équilibre intéressant entre texte et illustration. En revanche, l’histoire en elle-même m’a moyennement convaincue. On s’approche parfois dangereusement du cliché entre cette jeune fille de banlieue et ce garçon d’une timidité maladive. Si c’est touchant par moments, ça frôle parfois le lieu commun. La fin en queue de poisson m’a laissée perplexe, l’annonce d’une suite peut-être ? Une BD pleine de potentiel pas totalement exploité. Je pense toutefois qu’elle s’adresse plutôt à des adolescents un peu fleur bleue. Ma légère déception est sans doute due au fait que je n’appartient pas vraiment u public ciblé. Une assez belle découverte tout de même.

Cinéma

Young adult, de Jason REITMAN

          Comédie dramatique américaine de Jason Reitman avec Charlize Theron, Patton Oswalt, Patrick Wilson.

          Le titre, l’affiche et même la bande-annonce laissaient présager le pire : le genre grosse farce américaine lourde pour adolescents. J’y suis allée parce que les critiques étaient plutôt bonnes et que ça m’intriguait et puis aussi un peu parce qu’on nage en pleine misère cinématographique en ce moment. Autant dire que je n’attendais pas grand chose de ce film. Grande fut ma surprise.

          Contrairement à ce qu’on pouvait attendre, cette comédie est loin d’être aussi futile qu’il y paraît. La pom-pom girl sur le retour est assez pathétique. Visiblement être jolie ne suffit pas à être heureuse. L’air de rien le film met en avant le poids de la société qui enferme chacun dans des rôles parfois difficile à assumer. Comédie n’est peut-être pas d’ailleurs la meilleure définition à donner. Certes, il y a nombre de scènes cocasses mais une grande tristesse qui se dégage de ce film mélancolique, voire par moment désespéré. Un film qu’on ne traitera pas d’exceptionnel mais qui est d’une finesse surprenante pour le genre. Une belle surprise.

Mes lectures

David FOENKINOS, La Délicatesse

          Nathalie rencontre François, ils s’aiment, ils vivent heureux, ils se marient, il re-vivent heureux et puis le drame. Il se fait renverser par une voiture et meurt. Après des années d’un malheur profond, Nathalie que tant d’hommes convoitent réussira-t-elle à vivre à nouveau. 

          Bon, autant le dire de suite, une fois de plus, je ne vais pas me faire des amis. Ne tournons pas autour du pot et disons les choses carrément : j’ai trouvé ce livre d’une platitude sans nom. Désolée pour les milliers fans enthousiastes qui y ont trouvé finesse, humour (?!?) et philosophie ; je n’y ai pour ma part rencontré qu’un ramassis de clichés. Une fois de plus, la preuve par l’expérience qu’on ne se méfie jamais trop des ouvrages à succès.

          Argumentons puisqu’il le faut. L’histoire est vieille comme le monde : ils s’aiment, il meurt, elle doit refaire sa vie. Bon, jusque-là on est d’accord, ça peut donner tout et n’importe quoi. Déjà on passe très vite sur les différents éléments de l’histoire, ça m’a franchement gênée. Ils se rencontrent et pouf, ils vivent ensemble et hop, deux pages après ça fait déjà deux ans et ils se marient et pouf, cinq pages plus tard il meurt après sept ans de bonheur et paf, trois pages plus loin, voilà déjà trois ans qu’elle est veuve. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est expéditif (et j’ai moi, c’est assez peu compatible avec la délicatesse…).

          Le style se veut léger, ce qui est un parti pris intéressant étant donné le sujet. J’aime bien l’idée de traiter les drames du recul, cela leur évite souvent de tomber dans le pathos. Malheureusement, ici tel n’est pas le cas et légèreté rime soudain avec insipidité. L’auteur emploie des images éculées, usées jusqu’à la corde, ce qui rend sa tentative d’échapper aux écueils du genre d’autant plus pathétique. Les personnages ne viennent en rien rattraper ce qui pouvait encore l’être, ils sont incroyablement lisses (pas surprenant vu la longueur des développements), quasi inexistants. Le personnage principal est présenté comme parfait (elle est belle, intelligente, gentille, joyeuse, etc, etc) et en devient tout bonnement insupportable. Quelques défauts bien placés l’auraient rendu tellement plus vivant attachant !

          Mais ce qui m’a le plus gênée (oui oui, il y a pire que tout cela), c’est la vision que donne l’auteur du bonheur. Cet idée de sept ans qui passent comme un trait, au milieu d’un « amour sans nuage ». Non non non et non !!!! Comment peut-on présenter le bonheur comme cette chose éthérée, sans consistance. Une relation sans nuage est une relation fade (décidément, on y revient). On ne peut connaître son bonheur que s’il y a des moments difficiles auquel le comparer. C’est parce qu’ils croient à ce que racontent ce genre de livre que les gens sont malheureux : ils croient que l’âme soeur va leur tomber dessus dans la rue, qu’ils vont vivre dans une bulle éclatante et sans consistante et que tout sera lisse et beau. La vie ce n’est pas ça, bien heureusement ! C’est plus dur, plus compliqué, mais tellement plus intéressant ! En voulant représenter une image perfection l’auteur a accumulé les stéréotypes et nous livre un tableau mièvre et fade à la fois.

          Je pourrais ainsi continuer longtemps à énumérer ce que je n’ai pas aimé dans ce livre. Un problème majeur de l’auteur avec la moquette notamment (voir l’article de Georges à ce sujet), ou les notes sans intérêt ajoutées par l’auteur lui-même sur la vie des personnages, ou les faits soporifiques inclus dans de courts chapitres ; la liste des récriminations est interminable (oui, en effet, ce livre m’a insupportée et il a eu assez de bonnes critiques pour que je puisse dire sans vergogne le fond de ma pensée). Je n’ai pas compris l’engouement suscité par ce texte, publié par Gallimard, approuvé par la critique (merci au journaliste d’Évène de n’avoir pas suivi cet élogieux mouvement) et adapté au cinéma. Un livre bien pensant comme on les aime de nos jours, facile à lire et qui parle à tous… ou presque, quelques dinosaures font encore de la résistance. 

Sa femme était devant lui, et il savait que c’était cette image qui passerait devant ses yeux au moment de sa mort. Il en était ainsi du bonheur suprême.

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Ils tentaient de aussi de conserver une vie sociale, de continuer à voir des amis, à aller au théâtre, à faire des visites surprises à leurs grands-parents. Ils tentaient de ne pas se laisser enfermer. De déjouer le piège de la lassitude. Les années passèrent ainsi, et tout paraissait si simple. Alors que les autres faisaient des efforts. Nathalie ne comprenait pas cette expression : « Un couple ça se travaille. »

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Le livre était ainsi coupé en deux ; la première partie avait été lue du vivant de François. Et à la page 321, il était mort. Que fallait-il faire ? Peut-on poursuivre la lecture d’un livre interrompu par la mort de son mari ?

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La moquette, c’est le meurtre de la sensualité. Mais qui avait bien pu inventer la moquette ?