Drame, romance, britannique de Jim Jarmusch avec Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska
Adam et Eve s’aiment bien que l’un vive à Détroit et l’autre à Tanger. Adam est un musicien torturé et sa femme entreprend un long voyage pour le rejoindre. Mais la joie des retrouvailles va être de courte durée et leur quotidien va être bousculé par l’arrivée d’Ava, la petite sœur d’Eve.
Je dois avouer que si je suis allée voir ce film, c’est essentiellement parce qu’il m’intriguait. Une histoire de vampires vue par Jim Jarmusch, j’avais du mal à voir ce que ça pouvait donner ! D’autant plus que les critiques étaient franchement bonnes, ce qui est toujours surprenant quand il y a des buveurs de sang à l’écran. Il fallait donc que j’aille voir de quoi il retournait. Dès la première scène, j’ai su que ce film allait être étrange et fascinant. Il faut dire que ça commence fort avec un portrait alterné des deux personnages qui semble suivre le mouvement du tourne-disque débitant une musique envoûtante. C’est hautement esthétique et vaguement écœurant, effet mal de mer oblige. Le ton est donné, ici les images sont recherchées, la lumière très travaillée et la musique au centre de tout pour un résultat d’une beauté parfois déroutante.
Et l’histoire dans tout ça ? Elle m’a semblé un rien délaissée et c’est bien dommage. J’ai trouvé que c’était un rien compliqué et tiré par les cheveux. Les vampires ne sont là finalement que pour introduire le problème du sang contaminé et un propos écolo de manière on ne peut plus maladroite. Ils sont censés amener également un certain recul sur les activités humaines même si j’ai trouvé que l’effet tombait à plat. Les personnages étalent leur passif, chacun étant un génie méconnu et ayant côtoyé du beau monde. Ainsi, l’un d’eux serait le réel auteur des pièces de Shakespeare : mais pourquoi nous infliger ces propos inutiles qu’absurdes ? Sans compter un petit côté fleur bleue dont je me serais bien passée.
Pourtant, malgré ses grosses ficelles, le film ne manque pas d’intérêt. Le propos a beau être lourdaud, il pose des questions intéressantes sur notre société. Et surtout, c’est l’image est tellement belle et fascinante qu’on en oublierait presque les maladresses du scénario. La bande-son est quant à elle un vrai régal et mérite le détour à elle seule. J’ai été comme hypnotisée par la musique et me suis laissée porter sans peine par ce film. Malgré des faiblesses indéniables du côté de l’histoire, Jim Jarmusch signe un long métrage de toute beauté, étrangement déroutant.