Ce week-end, ma maman et moi-même sommes allées voir pas une mais deux pièces de théâtre : L’Amant de Pinter au Marigny et Un couple (presque) parfait au Funambule Montmartre. Deux comédies dans des théâtres que tout oppose. Qui gagnera ce match improbable ?
L’Amant tout d’abord. Une pièce du grand Harold Pinter, prix Nobel de littérature. Pièce présentée dans un théâtre prestigieux, avec de gros moyens et Léa Drucker en tête d’affiche. C’est l’histoire d’un couple « bien sous tous rapports » qui pour donner du piment au mariage invente des artifices : é
poux le soir, le jour ils sont amants. C’était sans compter sur la jalousie qui vient mettre en péril ce fragile équilibre. L’idée n’est pas dénuée d’intérêt, cependant, c’est terriblement mal écrit (à vrai dire pas écrit du tout « bonjour, belle journée, n’oublie pas ta mallette, à ce soir »). On peut éventuellement jeter la pierre au traducteur mais il eût fallu bien de la bonne volonté pour faire d’un bon texte un tel navet. La mise en scène n’était pas dénuée d’intérêt, assez dépouillée et bien pensée. Les acteurs en revanche, ne méritent pas tant d’éloges : nuls, tous les deux (mention spéciale à Léa Drucker qui excelle dans l’art d’exaspérer le spectateur). Ils surjouent du début à la fin, ne sont pas crédibles pour deux sous (on dirait presque les déclamations à la mode au XVII°, les textes de Racine en moins…). Nul besoin je suppose de continuer, vous l’aurez compris, j’ai trouvé la pièce totalement insipide (et c’est là encore presque un compliment). La critique en fait l’éloge, on se demande bien pourquoi.
Rien à voir du côté de Montmartre. On a quitté les quartiers chics. Petit théâtre, acteurs inconnus, aucun moyen,
des chaises font office de fauteuils. Ici, pas de chaussures Prada à 500€, les costumes viennent sans doute d’un fond d’armoire. Surprenant quand on s’est habitué aux grandes salles parisiennes. Mais très vite, on oublie tout ça et ne reste que le plaisir du jeu. Jean veut quitter Sophie et ne sait pas comment lui dire, elle ne se doute de rien. Pour tenter de lui faire comprendre ses intentions, il joue avec elle de grandes scènes de rupture (ou d’amour) du XX° siècle. Un voyage à remonter le temps des plus réjouissant. Les acteurs (Camille Bardery et David Bottet) sont plein d’enthousiasme et nous entraînent dans leur univers. Les textes choisis sont drôles, leur bonne humeur est communicative. Un pièce sans chichis, extrêmement réjouissante. On est proche du théâtre de rue et retrouve les plaisirs simples de la scène. Une troupe à encourager jusqu’à fin décembre, du jeudi au samedi, 53 rue des Saules dans le 18°. Fou rire garanti.
Le résultat est sans équivoque : c’est Un couple (presque) parfait qu’il vous faut aller voir si vous souhaitez passer un bon moment et rigoler un bon coup. Chacun s’y reconnaîtra un peu et prendra plaisir à voir mis en avant avec tant de justesse les petits travers du couple. Courrez-y !
Et pour les étudiants, c’est seulement 10€ ! Pour réserver, c’est par-là. Et pour voir les autres pièces de la compagnie, ici.