Mes lectures

Camarade Papa, Gauz

          1880. Dabilly, fuit la France pour tenter l’aventure coloniale en Afrique. Dans une « Côte de l’Ivoire » désertée par l’armée française, quelques dirigeants de maisons de commerce négocient avec les tribus pour faire fructifier les échanges et établir de nouveaux comptoirs. Un siècle plus tard, à Amsterdam, un gamin d’origine africaine raconte le monde postcolonial avec le vocabulaire de ses parents communistes. Lorsque ceux-ci l’envoient retrouver sa grand-mère et ses racines en Afrique, il croise les traces et les archives de son ancêtre.

Couverture roman Camarade papa

          Ca y est, on n’y croyait plus, mon premier vrai coup de cœur de cette rentrée. J’avais beaucoup apprécié la justesse et la sensibilité de L’écart mais il m’avait manqué un petit quelque chose. Cette fois ça y est, j’ai enfin trouvé le roman que je cherchais depuis des mois, mon premier (et possiblement unique) coup de cœur de la rentrée. Dès le début, j’ai adoré le style. C’est une très belle langue, travaillée sans être pédante, assaisonnée d’une bonne dose d’humour. On alterne entre deux histoires, celle d’un colon – c’est plutôt sérieux et assez chiadé comme style – et celle d’un petit garçon – et là, c’est tellement poétique, ça met du baume au cœur !

          J’ai beaucoup aimé cette alternance de styles, ça donne beaucoup de caractère aux personnages et les rend attachants. Surtout l’enfant bien sûr, qui emploie des expressions savoureuses qui prêtent bien souvent à sourire. J’adorerais être capable de reproduire avec une telle perfection ce mélange d’innocence et d’intelligence, cette manière de prendre les expressions au pied de la lettre et de les interpréter de travers. Il y a tellement de bienveillance et tendresse dans ces lignes.

          Évidement, les deux histoires finissent par vaguement se croiser de manière tout à fait prévisible (mais on s’en fiche un peu). La partie sur la colonisation est assez instructive et là encore très intelligemment menée. C’est fou, j’ai tellement tout aimé dans ce roman, je l’ai trouvé tellement bien écrit, intelligent et tendre que je ne saurais même pas dire pourquoi au juste je l’ai tant apprécié. Je vous invite donc à aller découvrir par vous-mêmes cette jolie plume si singulière. Un très joli roman et un gros coup de cœur.

Gauz, portrait

En forêt tropicale, une petite colline est l’équivalent d’un mont de chez vous. Les pentes sont escarpées, boueuses, et couvertes d’une végétation inextricable. Quand on ne s’est brisé la nuque ni à la montée ni à la descente, éviter de se noyer dans l’inévitable cours d’eau au pied de chaque coteau. Et s’il est tombé le moindre crachin en amont, le plus petit ruisseau se transforme en mer biblique.. Gravir les montagnes puis fendre les eaux… En ton état de santé, mon bon ami, il est déconseillé de jouer, plusieurs fois par jour, le Moise des pays agnys.

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Je suis né là. Je connais toutes les vitrines à bisous et elles me connaissent toutes. Lors des sorties de la classe populaire, je bonjoure toute la rue. Marko-le-jaloux me chuchote « Klootzak ! » Réaction : tirage automatique de cheveux et lutte de classe. On finit en lacets par terre.

Cinéma

Dalton Trumbo : Hollywood dans toute sa splendeur

          Hollywood, la Guerre Froide bat son plein. Alors qu’il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d’être communiste. Avec d’autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler. Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction. En menant dans l’ombre un long combat vers sa réhabilitation, il forgera sa légende.

Biopic américain de Jay Roach avec Bryan Cranston, Diane Lane et Helen Mirren

Dalton Trumbo, affiche

          J’avais entendu dire du bien de ce film, sans savoir au juste de quoi il retournait. L’histoire d’un scénariste hollywoodien des années 50 (enfin, à vue de nez, je n’étais pas bien sure de l’époque), ça me tentait forcément. Je n’en savais pas plus et je m’attendais à un film divertissant. J’y allais sans grande conviction quoi. Eh bien je me trompais. Bon, j’avais tout bon sur le pitch de base mais c’est loin de se résumer à ça. Certes c’est l’histoire d’un scénariste ultra célèbre dans le milieu à l’époque mais ce qui est passionnant c’est le fond historique et politique avec la grande chasse au communiste très à la mode aux Etats-Unis en ces temps-là. Je ne connaissais pas cette histoire des 10 scénaristes emprisonnés pour leurs idées « communistes ». Il faut dire que mes connaissances en histoire sont pour le moins limitées et j’ai vraiment trouvé le contexte passionnant.

Dalton Trumbo, image du film

          Pour la peine on s’éloigne un peu du film léger. Ca grouille de références, pour notre plus grand plaisir. Je suis très loin d’être une experte en cinéma « classique » mais il se trouve que parmi les œuvres les plus célèbres de Dalton Trumbo durant sa mauvaise passe, se trouvent Vacances romaines – vu il y a peu et que j’ai franchement adoré – et Spartacus qui est quelque chose comme un de mes films préférés de tous les temps (à tel point que je crains de le revoir, de peur que mon amour des péplums ait sérieusement baissé depuis le dernier visionnage, mais peut-on vraiment sa lasser de Kurk Douglas en tenue de gladiateur ?). Cette découverte a été une très bonne surprise. Je ne regarde jamais le nom du scénariste quand je vais voir un film et ça m’a donné envie de m’intéresser à leur travail de beaucoup plus près et de voir ce que Dalton Trumbo avait écrit d’autre comme films.

Dalton Trumbo, image du film

          J’ai tout trouvé impeccable dans ce film qui est très bien écrit et s’avère vite extrêmement prenant. C’est très rythmé et bien qu’il soit assez long on ne s’ennuie pas une seconde. Visuellement, c’est réussi également, bien que relativement classique. Le casting quant à lui est impeccable avec entre autres le génial Bryan Cranston. J’ai aimé apprendre des choses devant ce film et découvrir ce personnage à la fois très charismatique et pas toujours très sympathique, même si j’aurais peut-être préféré un côté plus engagé. J’apprécie beaucoup quand un film – ou un livre – me donne envie d’en apprendre plus sur le contexte ou de voir ou lire des choses qui s’y rapportent pour prolonger l’histoire ou apporter un complément. C’est le cas ici. J’ai à la fois eu envie de voir les autres films écrits par ce scénariste et de m’intéresser de plus près à ce métier. La biographie dont a été tirée le film me fait également de l’œil. Un film très riche qui a été une excellente surprise : à la fois instructif et divertissant du grand cinéma.