Cinéma

Alceste à bicyclette

Comédie française de Philippe le Guay avec Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa

          Serge, un ancien acteur reconnu, vit seul sur l’île de Ré après des déconvenues avec le milieu du cinéma. Il ne plus avoir affaire avec les loups du 7° art et refuse de jouer à nouveau. Pourtant, quand Gauthier, star du petit écran vient le trouver pour lui proposer un rôle dans le Misanthrope, cet amoureux de Molière ne saurait masquer son intérêt. Mais cela suffira-t-il à le refaire monter sur les planches ?

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          Quand j’ai entendu parler de ce duo Luchini/Wilson, je n’ai pu qu’être séduite. Je ne suis pourtant pas une inconditionnelle de Fabrice Luchini, si exaspérant et auto-suffisant parfois, mais si génial aussi, souvent ; et surtout que j’imaginais tellement bien en misanthrope ! Qui mieux que lui pour jouer ce rôle ? Et puis Lambert Wilson, aaaah Lambert Wilson… l’un de mes acteurs français favoris ! Un physique à vous faire baver d’envie et un jeu toujours si subtil. Oui, je l’avoue, mon côté midinette ressort quand il s’agit de lui (ou de Johnny Deep), mais qui pourrait rester insensible devant tant de talent et de classe réunis ? Je suis donc allée voir ce film le coeur en joie dès le jour de sa sortie, pleine d’espoir devant ce duo de génies déclamant du Molière (dont je suis beaucoup moins adepte, mais c’est une autre histoire…).

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          Forcément, j’aurais dû m’en douter, le film n’aurait su être à la hauteur de mes si hautes espérances ! On commence par un Lambert Wilson fagotté de manière absurde et si mal coiffé qu’il en perd toute crédibilité. Ceux qui me connaissent me savent pourtant peu sensible à la mode, mais là tout de même, tant de mauvais goût frôle le génie. C’est même la 1° fois que je regarde dans le générique qui était en charge des costumes en me jurant de retenir son nom pour ne plus jamais voir un film dans lequel elle sévirait, mais bien sûr, j’ai déjà oublié… Bref, ça commence mal, quand on s’intéresse plus au brushing de l’acteur qu’à ce qu’il raconte, ce n’est jamais bon signe. Bon, pour le reste, Luchini déclame du Molière comme personne et en ferait presque paraître son acolyte fade tant il irradie. Plus discret, Wilson n’en est toutefois pas moins juste, bien que moins brillant.

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          On regrettera toutefois qu’une belle italienne vienne mal à propos boucher les trous (nombreux) du scénario. Non, les brunes plantureuses à l’accent chantant ne peuvent pas faire tout oublier… Quant à la jeune actrice porno qui débarque au beau milieu de tout ça,  part pour faire joli dans la bande-annonce, on se demande bien ce qu’elle y fait aussi. Bref, tout cela est un peu léger parfois. Et puis, je l’ai déjà dit et redit en 2012 : mais qu’est-ce que c’est que cette mode de faire du théâtre au cinéma ? Quel intérêt de filmer un texte sans y ajouter quoi ce soit de consistant ? (bon, là pour la peine, les ajouts sont nombreux, dommage qu’ils ne soient pas très bons…). Si je veux voir du Molière, je vais théâtre ! Les metteurs en scène en manque de textes classiques n’ont qu’à les monter sur les planches et arrêter de nous bassiner avec leurs scénarios artificiels et bien souvent soporifiques.

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          Ceci étant dit, pour en revenir à nos moutons, le film se laisse regarder et le duo d’acteur marche à merveille. Les passages sur les répétitions sont souvent très réussis, avec quelques belles images en prime, dommage que le reste sonne un peu creux. A noter toutefois une fin qui me travaille. Je ne saurais dire si elle est bonne ou mauvaise, mais elle m’interpelle, et c’est déjà plutôt bon signe. Au final un film ni bon ni mauvais. Un résultat assez mitigé, avec de très belles scènes, deux acteurs magnifiques et un Misanthrope magnifiquement mis en valeur, dommage que le reste du film joue les bouche-trous et ne parvienne pas réellement à nous convaincre. Un assez bon moment tout de même, à voir si vous aimez Luchini, splendide Alceste.