Comédie dramatique, romance française d’Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Salim Kechiouche
Adèle est une adolescente qui vit ses premières amours. Malgré les bonnes notes, les copines ou les petits amis, elle a l’impression d’un manque dans sa vie. Lorsqu’elle rencontre Emma, la fille aux cheveux bleus, c’est le coup de foudre. Aussi libérée qu’elle est introvertie, elles vont vivre toutes deux une histoire passionnée.
Cette année, enfin, pour la première fois depuis bien longtemps, le film primé à Cannes me tentait vraiment ! L’histoire de ces deux adolescentes qui s’aiment est tirée d’une BD, Le bleu est une couleur chaude, que j’ai envie de lire depuis un bon moment déjà et dont je n’ai entendu dire que du bien. Le sujet m’intéresse et le personnage de cette fille aux cheveux bleu m’intrigue : une touche de mystère comme je les aime. Après la projection lors du festival on parlait d’une magnifique histoire d’amour, et bien que toujours un peu réticente aux mièvreries, j’étais toute prête à me laisser cueillir et à pleurer d’émotion comme la Madeleine que je suis. Ca faisait donc des mois que j’attendais avec impatience la sortie de cette Palme d’Or un peu particulière, malgré les polémiques qui ont fait rage autour du tournage et dont à vrai dire je me suis à peu près totalement désintéressée. Inutile de vous dire que c’est avec beaucoup d’entrain que j’ai pris mes places en avance pour voir le film le soir-même de sa sortie.
Comment vous dire quel a été mon désarroi quand j’ai compris l’insondable profondeur de l’ennui qui me guettait ? J’ai pensé finir fossilisée sur mon fauteuil avant qu’il ne se passe quelque chose d’intéressant. Par curiosité, j’ai regardé ma montre à un moment donné, le film avait commencé depuis près d’une heure, Adèle n’avait toujours pas rencontré la fille aux cheveux bleus et je songeais déjà à aller retrouver mon lit confortable et le bon livre qui m’attendait sur ma table de chevet… Mais j’ai été courageuse ; j’ai tenu stoïquement jusqu’à la dernière seconde. On est tellement loin de l’exaltation à laquelle je m’attendais ! Comment expliquer pareil décalage entre l’enthousiasme en franchissant le seuil de la salle et la déception à peine quelques minutes après ? Et cela alors même que ce film est bien d’une certaine manière ce qu’on attendait ! Etrange décalage…
Tout d’abord, et c’est sans doute ce qu’il m’a le plus gênée, je n’ai pas du tout aimé la manière de filmer du réalisateur. Il a une manie du gros plan qui m’a franchement tapé sur les nerfs. Ce n’est pas que j’aie quoi que ce soit contre les plans serrés, au contraire, ça peut s’avérer très esthétique, mais de là à couper quasi systématiquement le haut du crâne de ses actrices, il y a de la marge tout de même. Ça me donne la désagréable impression qu’il ne sait pas tenir une caméra et qu’il a raté tous ses cadrage : « tiens elle serait pas mal celle-là mais tu lui as coupé le menton, celle-là aussi mais elle n’a plus d’oreille, ah et là c’est le front qui manque… ». A moins que ce ne soit un nouveau montage fait par vengeance suite à la polémique : « mes actrices ont tellement pris la grosse tête qu’elles ne tiennent même plus sur un écran de cinéma. » Toujours est-il qu’on est abreuvé de gros plans cadrés souvent de manière un peu hasardeuse pendant une bonne partie du film et que je n’avais qu’une envie, c’était que la caméra prenne un peu le large pour me laisser respirer. Une esthétique avec laquelle je me suis donc senti bien peu d’affinités. J’ai d’ailleurs trouvé que de ce point de vue-là le film était assez pauvre, avec des plans répétitifs et un brin monotones. Un peu de variation dans la manière de filmer aurait pu donner un peu plus de souffle il me semble.
Ce qui aurait pu donner plus de rythme également, c’est de couper les scènes interminables, tout simplement. J’en entends déjà certains crier au scandale. Je sais, je sais. Mais bon, le film dure 3h, et franchement, il y a des scènes d’un ennui mortel et d’un intérêt douteux qui aurait sans doute pu être écourtées. Surtout quand elles ont la fâcheuse tendance à se répéter… Honnêtement, dans la première partie, entre les repas en famille type « repasse-moi des spaghettis », les passionnantes discussions entre ados au lycée « vazi l’mec i’t’regarde il est trop canon, chui sure ya trop moyen d’niquer » (veuillez excusez les propos inconvenant mais ce se sont les premiers qui me reviennent à l’esprit) et les premières scènes de sexe (j’y reviens), rien ne nous est épargné. Tout ça avant même qu’on entre dans le vif du sujet ! Disons qu’on aurait peut-être pu écourter le supplice. Si au moins ça dressait un beau portrait du personnage, lui donnait de la consistance, tout ça… Alors certes, certaines questions sont effleurées mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’au bout de cette heure où on voit pourtant Adèle en gros plan quasi en permanence elle ait beaucoup gagné en profondeur. Et pour moi, à part peut-être une pointe d’agacement devant certains tics évidents de réalisation, aucune émotion n’apparaissait à l’horizon.
Heureusement, la rencontre me tenait en haleine. D’ailleurs, je l’ai presque trouvée trop rapide, trop simple d’une certaine manière. Mais je l’ai trouvée belle. C’est un passage que j’ai bien aimé, celui des premiers instants ensembles et de la séduction. D’une forme d’insouciance aussi. Mais très vite, les scènes de sexe arrivent et on verse alors dans la pornographie. Rien ne nous est épargné. On voit leurs ébats point par point en temps réel. J’ai beau ne pas être particulièrement mal à l’aise avec ça, là c’était quand même trop et trop souvent. Choisir de tout montrer pourquoi pas mais bon, ce n’est peut-être pas la peine d’y passer de looooongues minutes à chaque fois qui finissent par déclencher ricanements, commentaires et bâillements dans la salle. A force de longueurs qui se veulent sans doute esthétiques, on tombe souvent dans le chiant ou le ridicule, quand ce n’est pas les deux. Forcément, ça laisse peu de place à l’émotion. Difficile une fois qu’on est dans de telles dispositions de se laisser séduire par une histoire d’amour, aussi émouvante soit-elle.
La deuxième partie du film, plus courte, est bien meilleure que la première (je ne lui ferais d’ailleurs pas les mêmes reproches), même si on reste loin du chef-d’œuvre annoncé. J’ai même versé ma petite larme à un moment, ce qui est surprenant étant donné mon état d’agacement à ce stade ; c’est dire le talent des actrices ! Car oui, elles sont toutes deux exceptionnelles. Adèle est d’un naturel déconcertant, pendant 3h, presque constamment en gros plan, elle crève l’écran. Léa Seydoux n’est pas en reste et livre une très belle prestation dans le rôle de cette femme charismatique. Un incroyable panel d’émotion se lit sur leur visage dans cette deuxième partie, beaucoup plus riche et mieux travaillée. Ici justement le gros plan prend tout son sens, pour transmettre au spectateur les sentiments troubles des personnages. Pas étonnant que cette Palme d’Or ait aussi été la leur. Cette deuxième partie est plus sobre mais je l’ai aussi trouvée bien plus belle ; dommage que la première partie n’ait pas été du même niveau, je n’aurais peut-être pas adoré le film, mais au moins j’aurais bien aimé je pense alors que là je n’ai que quelques images pas désagréables dans un océan d’ennui.
Je dois admettre que je suis terriblement déçue de ne rien avoir de plus positif à vous dire sur ce film. Grosso modo, mis à part les actrices et l’idée de départ, je n’ai pas trouvé grand-chose à sauver et j’en suis la première désolée. Pourtant l’histoire est bien celle que j’attendais, ces deux filles qui s’aiment sont bien là. J’ai juste eu l’impression qu’elle était vue avec d’autres yeux que ceux que j’attendais. Qu’il y avait un énorme décalage de point de vue entre ce que j’espérais et ce qu’a imaginé le réalisateur. Un peu comme si j’avais demandé à un photographe de me prendre une photo d’Etretat et qu’au lieu de prendre la falaise il prenne le côté où c’est plat ; c’est bien le même endroit, ce n’est simplement pas ce que j’avais imaginé. Une sensibilité qui n’est visiblement pas du tout la même que la mienne et qui m’a laissée totalement froide. Une fois de plus, je suis passée totalement à côté de cette Palme d’Or qui m’a laissée perplexe.
PS : un petit mot au passage pour Filou, la séparation fut une épreuve pour moi qui ai un peu de mal avec les engueulades au cinéma !
tout d’abord merci madimado pour le petit mot spécial pour moi…c’est vrai qu’on la voit dans la bande annonce ( que j’ai du voir 15 fois) cette scène de rupture et d’enguelade, et j’imagine qu’elle doit durer 10 minutes, tu as du effectivement déguster…:o) ah mais ce que tu dis sur le film ne m’étonne pas, le cinéma de Kechiche c’est des plans et des scènes souvent interminables puisqu’il tient à pousser naturalisme jusqu’au bout…je me souviens dans « la graine et le mulet » de scènes très très ( très) longues de préparation de couscous,j’aime le couscous mais la j’en pouvais plus… bref il se peut que je m’ennuie un peu comme toi mais j’ose espérer que je serais emporté par le souffle de l’histoire, celui que les festivaliers ont su voir….bonne soirée à toi !!
Mais je t’en prie 🙂 Maintenant que tu le dis, c’est vrai que je m’étais également terriblement ennuyée devant « La graine et le mulet ». J’aurais peut-être dû me méfier… Bonne soirée à toi aussi !
Moi qui ai quitté la salle au bout de 2H, tant mon malaise était grand ce soir là (pour d’autres raisons) je trouve que tu es quand même très dure. Je crois que je reviendrai voir ce film même si les scènes de sexe m’insupportent, même s’il y a de la platitude car on a besoin de s’installer progressivement dans cette tranche de vie d’Adèle. Je pense aussi aux ados avec qui je travaille… je passe à côté de leurs vies. Voir la vie des autres, surtout si elles sont bien différentes de la notre permet de comprendre autrui.
Moui… Je suis un peu intolérante avec les adolescents, je l’admets, mais à vrai dire ce n’est pas ce qui ma le plus gênée, c’est surtout la longueur des scènes et la manière de filmer, et ça malheureusement, ça dure pendant tout le film !
Je n’ai pas vu le film, mais bien sûr il faut que tu lises la BD !!!
Oui, je pense que ce sera beaucoup plus dans mes goûts !
Contrairement à filou49, j’avais adoré La graine et le mulet, embarqué dans ses longueurs et ses méandres ! Je suis donc susceptible d’aimer La vie d’Adèle…si j’arrive à convaincre ma femme d’y aller, car les « films de sexe » la mettent mal à l’aise…
C’est sûr que si les scènes de sexe la mettent mal à l’aise elle risque de passer un moment difficile la pauvre. En revanche, si tu arrives à entrer dans le rythme particulier de Kechiche, tu pourrais bien adorer ce film.
Une critique très intéressante…qui reprend tout ce que je redoute dans ce film, et qui du coup me donne pas envie de le voir..
Je trouve que quelque part c’est quand même intéressant de le voir pour essayer de comprendre son succès mais c’est vrai qu’en dehors de cet aspect purement critique, je comprends qu’on ne soit pas forcément très tentés…
Je comprends que tu puisses ne pas être sensible à ce film tant le cinéma de Kechiche est particulier, mais pour ma part j’ai beaucoup aimé « La vie d’Adèle » et je conseille à tout le monde d’aller se faire son propre avis dans les salles de ciné!
Oui, c’est un cinéma très particulier et je pense que je ne suis clairement pas sensible à son univers. Mais je suis tout à fait d’accord avec toi : le mieux est d’aller se faire un avis en salle !
OUI !!!!!!!
Bon, ben dans ma lointaine province, j’ai enfin pu voir le film ce week-end. Ben je ne suis pas du tout d’accord avec toi. J’ai marché du début à la fin. On fait tout un fromage des scènes de sexe, mais il n’y a pas de quoi fouetter un chat, d’autant plus que les deux actrices ont des corps plus que superbes. Je n’ai pas vu le temps passer, et la salle qui était bien plus pleine que d’habitude était silencieuse et remplie d’attention. Pas une personne n’est partie avant la fin. En fait, je crois qu’il faut voir ce film sans penser à tout le battage qui a été fait autour, que ce soir par rapport aux scènes de sexe, ou par rapport aux conditions difficiles du tournage. L’expression d’un artiste est dans son art, et pas dans toute la « garniture » amenée par la promo inévitable faite autour. J’ai émis un seul « reproche » (et encore, est-ce un reproche, ou un parti pris du réalisateur ?) en sortant du film : « ces plans serrés caméra au poing sont épuisants pour le spectateur ».
C’est vraiment une histoire du début à la fin d’une « passion amoureuse », et je trouve qu’il n’y manque pas grand chose… et il fallait bien trois heures pour faire le tour de tout ça de façon si complète et juste…
Je comprends tout à fait qu’on puisse aimer ce film mais simplement je ne suis à aucun moment rentrée dedans (aucun lien avec les polémiques d’ailleurs, elles m’intéressent peu). J’ai eu l’impression de voir une belle histoire sans ressentir la moindre émotion, simplement parce que je n’ai pas aimé la manière de filmer et que je pense ne pas avoir la même sensibilité que le réalisateur. J’ai eu l’impression d’un constant décalage entre ce que je voyais et ce que j’aurais voulu voir, et jamais dans le bon sens malheureusement. Pourtant j’arrive à imaginer sans trop de problèmes ce que c’est que de tomber sous le charme d’Adèle, il suffit d’un tout petit rien, un peu plus de tolérance aux plans serrés, un point de vue légèrement différent et hop, le tour est joué.
Je trouve intéressant de voir comme ce film passionne. Comme il déchaîne les critiques. On l’adore ou on le déteste. Pour ma part j’avoue qu’il m’a laissée assez froide malgré quelques jolies scènes. Il faut dire aussi que j’en attendais sans doute trop. En revanche, la BD m’a quant à elle totalement conquise.
Comme toi, ce film m’a laissée sur la touche. Je voulais le voir, j’étais enthousiaste et je me suis ennuyée. Je te rejoins sur les gros plans, les scènes de sexe trop longues. Une seule scène m’a touchée : la rupture. Autrement : néant.
Par contre j’ai lu la BD ce week end et malgré quelques clichés scénaristiques un peu niais (sa mort et donc le côté je l’aime jusqu’à la fin de mes jours, blablabla)j’ai adoré. La BD m’a bien plus emportée et j’ai bien plus aimé Clémentine, plus vivante, qu’Adèle.
Pareil ! Rares sont les gens qui n’ont pas adoré ce film mais il m’a laissée complètement perplexe. Tout n’est pas mauvais mais quel ennui !