Mes lectures

Julien GRACQ, Un balcon en forêt

          Au début de la 2° guerre mondiale, l’aspirant Grange se retrouve à attendre les Allemands près de la Meuse dans un blockhaus. Il y passera quelques mois hors du temps avant l’invasion, loin de l’agitation de la frontière. L’histoire d’une parenthèse enchantée avant la désolation.

         J’avais tenté il y quelque temps de lire Le rivage des Syrtes, sans succès. J’avais aimé le style au début puis m’étais lassée de cette histoire qui traînait en longueur. Je m’ennuyais et n’avais pas envie de savoir ce qu’il y avait après. Une première rencontre avec Gracq laborieuse donc. Cette fois, ce fut bien différent ! Dès les premières pages j’ai été immergée dans l’univers de l’aspirant Grange. J’ai eu l’impression de respirer avec lui l’air de la forêt et d’attendre moi aussi cette armée (bon, pas tout à fait pour l’armée, j’exagère un peu, mais il y a de ça, j’attendais impatiemment la suite). Le rythme est lent et puisqu’on attend, par principe, il ne se passe rien. Mais j’ai aimé attendre avec ces hommes (oui, parce que Grange n’est pas tout à fait seul), j’ai suivi leur histoire sans m’ennuyer une seconde.

          L’écriture de Gracq est très belle. Simple mais travaillée, extrêmement poétique. J’ai trouvé ce livre splendide. Tellement que j’ai passé la moitié de ma nuit dessus pour le finir. Un très très beau roman qui raconte la guerre en négatif. Je vous le recommande chaudement.

Dehors, la pluie lourde de l’Ardenne battait la forêt sur des lieues. c’était si inattendu, et pourtant si charmant. Le ton, extraordinairement enfantin, était celui de jeunes écolières blotties dans une cachette contre la grosse pluie, qui se racontent des histoires en attendant que passe l’orage.

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Il semblait à Grange que la terre même jaunissait d’un mauvais teint, que le temps la travaillait d’une fièvre lente : on marchait sur elle comme sur un cadavre qui commence à sentir.

          Juste un petit mot sur les éditions Corti au passage. Les livres non massicotés ont un petit air de nostalgie de l’ancien temps, un côté un peu artisanal, blablabla… Quand j’ai voulu commencer ma lecture dans le métro après mon achat, impossible. J’ai passé 2h à découper les pages de ce foutu livre ! Heureusement qu’il valait le coup ! L’impression est elle aussi dégueulasse : pas une lettre à la hauteur de l’autre, des fautes de typo à la pelle, des lettres complètement mangées… Je n’ai rien contre le fait « à l’ancienne » (ou copie) mais je ne suis trop touchée par le charme de cette impression un peu brouillonne.

5 commentaires sur “Julien GRACQ, Un balcon en forêt

  1. Oh comme ça donne envie de le lire ! J’avais beaucoup aimé l’écriture du Rivage des Syrtes, même si j’étais laborieusement allée jusqu’au bout (mais c’était il y a longtemps, j’étais jeune…).

    1. Pareil ! J’avais aimé l’écriture mais j’avais fini par m’ennuyer et je n’avais pas réussi à aller jusqu’au bout. Peut-être étais-je simplement mal disposée, ça arrive. En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture d’Un balcon en forêt, d’ici quelques semaines, je m’attaquerai à La presqu’île en espérant être aussi enthousiasmée !

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