Culture en vrac

Prix littéraires 2010

          Le dernier résultat des grands prix de cette rentrée littéraire vient de tomber, l’occasion de faire un petit point. Il y a un nombre incroyable de prix littéraires, la plupart méconnus, mal dotés et sans grand intérêt. Je me contenterai donc de vous donner les résultats des principaux, en essayant de ne pas en oublier. Je vous les donne par ordre chronologique d’attribution.

– Le Grand Prix du Roman de l’Académie française (notez l’emploi abusif des majuscules…)

Depuis 1915, distingue un roman en langue française publié au cours de l’année. Les lauréats sont souvent des auteurs à l’écriture classique mais de qualité, parfois un brin tristounette (l’académie n’est en effet pas reconnue pour sa fantaisie). Le prix est doté de 7500€. L’ont obtenu François Mauriac (1926), Antoine de Saint-Exupéry (1939), Michel Tournier (1967, pour son très beau Vendredi ou Les Limbes du Pacifique), Jean d’Ormesson (1971) ou Pascal Quignard (2000) ; cette année rejoint par Eric Faye pour Nagasaki, paru chez Stock.

 

– Le Prix Femina

Il a été créé en 1904 par la comtesse de Noailles. Le jury est composé uniquement de femmes, en réaction à la mysoginie du Goncourt, mais distingue hommes ou femmes indifféremment. Il n’est pas doté financièrement mais assure des ventes importantes, environ 155 000 exemplaires en moyenne d’après GFK (institut de marketing qui sert de référence pour les chiffres de vente en édition). Depuis quelques années, un Femina étranger et un Femina Essai sont aussi décernés. Parmi les lauréats célèbres, Saint-Exupéry (1931), Marguerite Yourcenar (1968), Sylvie Germain (1989) ou Marie Ndiaye (2001). Il a été remis cette année à Patrick Lapeyre pour La vie est brève et le désir sans fin, chez P.O.L.

– Le Prix Medicis

Créé en 1958, le Medicis se veut un prix « pas comme les autres ». Il récompense (ou est sensé récompenser) un jeune auteur qui semble pouvoir apporter un renouveau à la littérature. Comme pour le Femina, des catégories « Littérature étrangère » et « essais » ont aussi été créées. Ce prix est généralement de très bonne qualité. Philippe Sollers (1961), Georges Perec (1978), Jean Echenoz (1983) ou Hubert Mingarelli (en 2003 pour son très beau Quatre Soldats, que je vous recomande) ont été distingués, cette année suivis par Maylis de Karengal pour Naissance d’un pont chez Verticales. Le Medicis étranger a été décerné à David Vann pour Sukkwan Island par les merveilleuses éditions Gallmeister. Bravo à Olivier Gallmeister et sa très belle maison pour leur travail et cette récompense largement méritée !

– Le Prix Goncourt

Il est le plus célèbre des prix littéraires. Celui qui fait le plus vendre aussi, avec 400 000 volumes en moyenne, toujours selon GFK. Il a été créé en 1896 par Edmond de Goncourt par voie testamentaire (dont l’exécuteur n’était autre qu’Alphonse Daudet !) en hommage à son frère, Jules. Il a été proclamé pour la 1° fois en 1903. Il récompense « le meilleur ouvrage d’imagination en prose paru dans l’année ». Sa dotation avait été fixée à 5 000 F soit aujourd’hui un peu moins de 10€… Mais il assure la renommée de son lauréat. Il ne peut être attribué 2 fois au même auteur, seul Gary a fait exception, l’obtenant sous son vrai nom et sous le pseudonyme d’Emile Ajar. Gallimard et Grasset se partagent plus de 60% des Goncourt décernés. Un Goncourt des lycéens existe depuis 1988 (environ 125 000 ventes). Parmis les plus célèbres des lauréats, Marcel Proust (1919), André Malraux (1933), Julien Gracq (1951), Simone de Beauvoir (1954), Michel Tournier (1970). Cette année, c’est Michel Houellebecq et Flammarion qui l’ont obtenu pour La carte et le territoire. Le Goncourt des lycéens a quant à lui été décerné à Mathias Enard pour Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, un roman Actes Sud.

– Le Prix Renaudot

Il a été créé en 1925 par des journalistes et critiques littéraires attendant les résultats de Goncourt. Les 2 prix sont remis au même endroit, le même jour, à quelques minutes d’intervalle. Au cas où le lauréat obtiendrait le Goncourt juste avant, un « lauréat de remplacement » est toujours choisi. Le même auteur ne peut donc pas obtenir les 2 récompenses, celles-ci se voulant complémentaires. Il ne peut non plus être décerné à un auteur ayant été récompensé par l’un des 5 autres grands prix au cours des dernières années. Sans dotation, il assure les meilleures ventes après le Goncourt, autours de 220 000. Un prix Essai est également décerné. Louis-Ferdinand Céline (1932), Louis Aragon (1936), Jean-Marie Gustave Le Clézio (1963), ou Daniel Pennac (2007) ont été récompensés. En 2010, la lauréate est Virginie Despentes pour Apocalypse bébé chez Grasset.

– Le Prix Interallié

Le prix a été en 1930 par des journalistes attendant l’annonce des résultats du prix Femina (décidemment…). Il a d’abord été conçu comme un jeu, sorte de pastiche des grands prix, visant à mettre en valeur les écrits d’un de leurs confrères (le 1° fut Malraux). Depuis, il récompense chaque année un roman de journaliste. La majorité des jurés publiant chez Grassets et ayant tendance à choisir des romans de la maison, le prix est parfois appelé « InterGrasset »… Le prix n’est pas doté financièrement et les ventes tournent autour de 95 000 exemplaires. Il a récompensé Yvonne Baby (1967, pour qui Guibert travailla au Monde), Sébastien Japrisot (1991), Patrick Poivre d’Arvor (2000), Frédéric Beigbeder (2003). En 2010, il est attribué à Jean-Michel Olivier pour L’amour nègre, chez Grasset.

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          Les informations nécessaires à la rédaction de cet article provienne essentiellement de http://www.prix-litteraires.net/ -où vous trouverez les résultats d’autres prix littéraires moins prestigieux – et de La République des Lettres (blog que je vous conseille fortement par ailleurs) – où sont présentés tous les prix littéraires les plus connus (je me suis contentée de parler des 6 plus célèbres, mais j’aurais pu étendre ma sélection) ainsi que les lauréats depuis leur création.

Culture en vrac

Prix littéraires

Demain sera décerné le dernier grand prix littéraire de cette année : le prix Interallié ; suite à quoi, je ferai un point sur les lauréats 2010. A demain donc pour la découverte des récompenses littéraires de cette rentrée !