Culture en vrac

Prix Nobel de littérature, suite et fin

          Comme je vous l’écrivais il y a quelques jours, Mario Vargas Llosa a reçu cette année le très prisé prix Nobel de littérature. La personnalité du personnage est trouble. Il a d’abord sympathisé avec le communisme et été proche de Fidel Castro avant de se présenter aux élections présidentielles dans son pays (le Pérou) comme candidat de droite. Ayant été battu, il a quitté le pays pour l’Espagne dont il a demandé et obtenu la nationalité. Il critique depuis avec constance la politique du pays qu’il a abandonné. Si son oeuvre est éminemment sociale, on ne sait trop que dire de l’homme et tous deux semblent entrer souvent en contradiction. Récompensé pour « sa description des structures du pouvoir », Mario Vargas Llosa a créé la surprise avec ce prix Nobel.

          Selon vous, peut-on récompenser une oeuvre sans prendre en compte la vie de son auteur ? Pensez vous que l’homme et l’oeuvre sont nécessairement liés ou, au contraire, qu’on doit juger la littérature seule, en dehors de toute considération sur la vie privée (ou publique d’ailleurs) de son créateur ? Vieux débat sans fin, les deux partis ayant leurs adeptes. J’attends votre avis dans les jours à venir dans un petit sondage publié sur ce blog. A vos souris !

Divers

Bientôt, bientôt…

Bientôt sur Madimado, la fin de mamini-saga sur le prix Nobel de littérature (la fin ou pas d’ailleurs tiens).
Le Front Russe de JC Lalumière, http://grim-livres.over-blog.com/article-jean-claude-lalumiere-le-front-russe-58373606.html
et Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias Enard http://grim-livres.over-blog.com/article-mathias-enard-parle-leur-de-batailles-de-rois-et-d-elephants-58709367.html

Divers

Prix Nobel de littérature, suite

          Juste un petit ajout sur l’histoire du Nobel. Seulement 4 personnes l’ont refusé depuis sa création, dont 2 sous la contrainte. Jean-Paul Sartre l’a refusé volontairement en1964 et ce pour deux raisons :

– Le refus des distinctions officielles qui transforment l’écrivain,

 Ce n’est pas la même chose si je signe Jean Paul Sartre ou si je signe Jean Paul Sartre prix Nobel. […] L’écrivain doit donc refuser de se laisser transformer en institution même si cela a lieu sous les formes les plus honorables comme c’est le cas.

– Des raisons idéologiques de soutien au bloc de l’Est qui l’empêchent d’accepter une distinction venue de l’Ouest (inversement, vivant à l’Ouest, il aurait pareillement refusé des distinctions orientales),

Le seul combat actuellement possible sur le front de la culture est celui pour la coexistence pacifique des deux cultures, celles de l’est et celle de l’ouest. Je ne veux pas dire qu’il faut qu’on s’embrasse, je sais bien que la confrontation entre ces deux cultures doit nécessairement prendre la forme d’un conflit, mais elle doit avoir lieu entre les hommes et entre les cultures, sans intervention des institution. […] Mes sympathies vont indéniablement au socialisme et à ce qu’on appelle le bloc de l’est, mais je suis né et j’ai été élevé dans une famille bourgeoise. […] J’espère cependant bien entendu que  » le meilleur gagne « , c’est à dire le socialisme.

C’est pourquoi je ne peux accepter aucune distinction distribuée par les hautes instances culturelles, pas plus à l’est qu’à l’ouest, même si je comprends fort bien leur existence. Bien que toutes mes sympathies soient du côté des socialistes, je serais donc incapable tout aussi bien d’accepter par exemple le prix Lenine si quelqu’un voulait me le donner, ce qui n’est pas le cas.

Et si vous avez l’occasion, allez jeter un oeil au très beau discours de Suède d’Albert Camus. Il est disponible chez Gallimard dans la collection Folio, en voici un extrait :

Extrait du discours de Suède d’Albert Camus

Culture en vrac

Le prix Nobel de littérature décerné à Mario Vargas Llosa

          Cette année, le prix Nobel de littérature a récompensé l’auteur sud américain Mario Vargas Llosa pour l’ensemble de son oeuvre.

Les prix Nobel ont été créés par Alfred Nobel en 1901 par voie testamentaire. L’inventeur de la dynamite voulait qu’à sa mort sa fortune serve à créer une institution qui récompenserait chaque année ceux qui ont accompli un travail bénéfique pour l’humanité.  Cinq récompenses sont accordées : paix, physique, chimie, médecine et littérature. Les lauréats empochent 10 millions de couronnes suédoises, soit un peu moins d’un million d’euros. Le célèbre marchand d’armes voulait ainsi se racheter une conscience. Notons que les mathématiques ne sont pas récompensées. Alfred Nobel n’explique pas ce choix mais la rumeur raconte que ce serait parce que l’amant de sa femme était mathématicien (un prix équivalent à été créé pour cette discipline, la médaille Fields). Les lauréats sont désignés en octobre mais la récompense leur est remise le 10 décembre, jour anniversaire de la mort d’Alfred Nobel.

 

           Mario Vargas Llosa est né en 1936 au Pérou. Il passe son enfance en Bolivie, puis au Pérou. Il entre à l’école militaire (contre son gré) à 14 ans, ce qui l’inspirera pour ses romans. Il étudie ensuite à Lima et adhère à cette époque au parti communiste. Il épouse ensuite sa tante, Julia (je sais, le récit de ce détail n’était indispensable mais bon, les histoires d’inceste, ça fait vendre…) et part étudier en Espagne puis en France. Son premier receuil de nouvelles paraît en 1959. La ville et les chiens, roman paru en 1963, est son premier succès littéraire ; il sera traduit en plus de 20 langues. Il rentre au Pérou et seprésente aux élections présidentielles en 1990. Battu, il décide d’aller vivre en Espagne. Il obtient la nationalité espagnole en 1993.

         Mario Vargas Llosa est le 6° prix Nobel de littérature sud américain après Mistral (Gabriel, et non pas Frédéric, prix Nobel delittérature également, mais français), Asturias, Neruda, Garcia Marquez et Paz, le dernier à l’avoir obtenu, en 1990.

          Les ouvrages de Mario Vargas Llosa sont publiés en Francechez Gallimard, entre de nombreux autres : La tante Julia et le scribouillard, L’homme qui parle, En barbare chez les civilisés et Tours et détours de la vilaine fille.

Mes lectures

Ernest HEMINGWAY, Le vieil homme et la mer

         Encore un classique que je n’avais jamais ouvert. On m’avait dit « Tu vas voir, c’est génial, c’est vraiment très beau, j’ai pleuré à la fin » alors forcément, j’en attendais beaucoup de ce petit livre. C’est l’histoire d’un vieux pécheur qui n’a pas de chance et n’attrape plus rien ; jusqu’au jour où il va avoir affaire à un poisson énorme, le plus gros qu’on ait jamais vu. S’en suivra un combat sans relâche. Mais attraper le plus gros des poissons, est-ce vraiment de la chance ?

          On sent chez Hemingway la passion de la mer, l’amour infini pour les grandes étendues d’eau, il nous la raconte avec autant de simplicité et de ferveur qu’un vieux pécheur cubain (ce qu’il fut d’une certaine manière d’ailleurs). Au premier abord j’ai justement trouvé cette écriture trop simple, trop rêche, pas assez typée. Banale quoi. Mais l’histoire, elle, est belle. Et justement, l’écriture ne la masque pas. Il n’y a qu’elle. Que ce vieil homme et la mer. Une histoire émouvante. Ce livre ne m’a pas bouleversée mais au final, c’est justement cette simplicité et ce refus du pathos que j’ai appréciés.

C’est un gros ! C’est un tout gros, pensait-il. Faut que je l’aie à la persuasion. Faut surtout pas qu’il ait idée de sa force ni de ce qu’il pourrait faire en se mettant à cavaler. Moi, si j’étais que de lui, j’en foutrais un grand coup tout de suite et je tirerais jusqu’à tant que ça pète. Dieu merci, ces bêtes-là, c’est pas aussi intelligent que les humains qui les tuent. Ca les empêche pas d’être meilleures que les humains, et plus malignes, dans un sens.