Film d’horreur turc de Can Evreno avec Clémentine Poidatz, David Sakurai, Ali Aksöz, Alicia Kapudag
À sept ans, la jeune Holly a vu sa petite sœur et son père se faire assassiner par sa propre mère. Vingt ans plus tard, Holly porte encore en elle les séquelles de ce traumatisme, et n’arrive pas toujours à discerner la réalité du cauchemar, lorsqu’un psychiatre renommé se présente à elle…
Bon, voilà, il faut bien qu’un jour je vous parle de ce film. Quand il faut, il faut ! Je l’ai découvert au festival de l’étrange. Le festival de l’étrange, a priori ce n’est pas trop mon truc. Je ne suis pas du tout (du tout du tout) une fana de films d’horreurs – et ils en passent beaucoup – le gore ne m’attire pas plus que ça, et dans l’ensemble, je suis clairement classique avec du bon vieux drame à petit budget de préférence. Mais bon, voilà, on s’y est mis à deux et on a quand même trouvé un film qui semblait pouvoir plus ou moins me plaire. Ou ne pas trop me déplaire en tout cas. Si j’avais regardé le programme de plis près, j’aurais vu qu’ils présentaient « Mise à mort du cerf sacré » par le réalisateur de « The lobster » (je vous parle du film bientôt d’ailleurs) que je voulais absolument voir. Mais c’est un autre problème.
Je dois avouer que je suis allée à la projection un peu inquiète. Est-ce que vraiment je voulais m’infliger ça ? Les premières minutes n’auguraient rien de bon : une ambiance bien angoissante et malsaine du genre que j’ai du mal à supporter plus de 10 minutes. Je sentais que ça allait être long, très long… Et puis non, pas du tout ! Parce que s’il y a bien une chose qu’il faut reconnaître à ce film, c’est qu’il s’avère pour le moins surprenant. Passée la première scène en mode « horreur », la suite est plus psychologique et clairement plus mon genre (comme quoi !). On en oublierait presque ce début sur les chapeaux de roues. On passe donc dans une phase plus « calme » de ce film, purement psychologique, quoi qu’encore vaguement inquiétante par moments. J’ai trouvé ça assez réussi.
Puis nouvelle bascule. Assez réussie au demeurant, mais je ne vous en dis pas plus pour ne pas gâcher le suspens. Ensuite ça devient de plus en plus inquiétant, puis gore, puis carrément n’importe quoi sur la fin. Je dois dire que contre toute attente, j’ai absolument tout adoré dans ce film sauf la fin qui semble sortir de nulle part alors qu’il y a pourtant des signes annonciateurs dès le début du film (ça donne même envie de le revoir pour essayer de tous les repérer). Ce qui m’a le plus étonnée, c’est la maîtrise du réalisateur. L’esthétique est sublime. L’histoire est bien construite, la musique super bien choisie, et franchement, qu’est ce que c’est bien réalisé ! Je suis un peu une quiche en technique, c’est donc rarement quelque chose que je remarque mais là tout est millimétré et très bien pensé, c’est impressionnant. J’ai trouvé qu’il y avait un sens du rythme intéressant chez ce réalisateur à la patte si particulière.
Le casting est dans l’ensemble assez réussi également. J’ai particulièrement apprécié l’actrice principale. Certains personnages m’ont un peu moins convaincue, moins par les performances d’acteur que par un côté parfois un peu caricatural dans leur construction. J’ai trouvé que les aspects psychologiques de l’intrigue fonctionnaient bien. Si ce n’est la fin qui m’a laissée franchement perplexe (même si elle est plus réfléchie qu’il n’y paraît, on m’a perdue en route, c’est l’énorme point faible du scénario), j’ai été assez convaincue par ce film que j’ai trouvé très beau visuellement et qui m’a fait passer par une belle palette d’émotions. Certaines scènes risquent de me poursuivre un certain temps. Même si le réalisateur gagnerait à canaliser un peu ses idées, je serai très curieuse de le suivre les prochaines années. Un film surprenant et extrêmement bien réalisé qui m’a agréablement surprise. Inclassable et déroutant.