Mes lectures

Impossible, Erri de Luca

On part en montagne pour éprouver la solitude, pour se sentir minuscule face à l’immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d’une rencontre avec un cerf au franchissement d’une forêt déracinée par le vent. Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l’alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, le premier avait livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Rencontre improbable, impossible coïncidence surtout, pour le magistrat chargé de l’affaire, qui tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité.

Couverture du roman Impossible de Erri de Luca

J’avais lu un roman de Eri de Luca il y a très très longtemps, au moins 15 ans je dirais, je n’avais pas du tout accroché avec son style. Mais quelques années après, je l’ai redécouvert à travers son amour pour l’escalade et cela me l’a rendu très sympathique, je me suis dit qu’il faudrait que je retente de le lire un jour. Ca s’est fait attendre mais son dernier roman me tentait beaucoup, je me suis dit que c’était l’occasion de se lancer : un polar sur fond d’alpinisme, comment ça pourrait ne pas me plaire ? J’étais conquise d’avance.

Et c’est ainsi que l’on se rend compte qu’il y a des auteurs qui avec toute la meilleure volonté du monde ne sont pas faits pour nous. J’ai très vite déchanté et immédiatement détesté ce texte d’un ennui mortel. Vraiment, je ne sais même pas comment c’est possible de rendre la montagne aussi peu sexy et d’enlever tout suspense à une enquête policière pour transformer le tout en espèce d’interminable monologue verbeux. J’exagère, parfois il y a un policier qui pose des questions, techniquement, c’est donc un semblant de dialogue.

C’est ultra intello et pédant. C’est pas possible de mettre aussi peu d’émotion dans un texte, j’ai connu des essais de linguistique plus excitants que ça… Heureusement, c’est très court. Mais ça m’est tout de même apparu comme un long calvaire. J’ai commencé par sauter un paragraphe, puis une page, puis 10, pour aller directement à la fin et me dire « tout ça pour ça ». Soupir. Vous l’aurez compris, je n’ai pas franchement été emballée par ce texte hautement soporifique, de loin ma plus grande déception de la rentrée. 

Portrait de Erri de Luca

C’est le parfait objectif du pouvoir, arriver au plus haut degré d’incompétence et décider de tout. Je vois la société comme une construction faite de matériaux de plus en plus mauvais au fur et à mesure qu’elle progresse vers le haut.

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Impossible, c’est la définition d’un évènement jusqu’au moment où il se produit. Vous aurez beau mettre tous les zéros que vous voulez, la statistique et vous ne pouvez nier les coïncidences. Elles existent en dépit des zéros.Quantités de découverte en ont été les conséquences, et quantité de désastres.

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Nuuk, Mo Malo

Dans les villages du Groenland, une étrange épidémie de suicides touche les jeunes gens. La misère sociale et la rudesse climatique n’expliquent pas tout. Après un long passage à vide, la hiérarchie de Qaanaaq Adriensen l’a autorisé à reprendre son poste de chef de la police de Nuuk. Mais sous deux conditions : être suivi par une thérapeute et renoncer aux expéditions sanglantes qui ont fait sa réputation. Il découvre que les morts sont liées par les traces du passage d’un mystérieux chamane chez plusieurs victimes. Et partout où se rend le policier, lui sont livrées, colis après colis, les pièces d’un puzzle macabre.

J’avais découvert Mo Malø avec son précédent roman, Diskø. J’avais beaucoup aimé cette enquête du grand Nord et la manière dont l’environnement est mis en scène dans ses romans. La culture locale y tient une place centrale, c’est une bonne initiation aux traditions et au mode de vie du Groenland dont je ne savais absolument rien. Si l’histoire est un peu alambiquée, son originalité rattrape amplement les petites faiblesses et j’avais hâte de retrouver notre inspecteur.

Couverture de Nuuk de Mo Malo

Je n’ai pas été déçue par cette suite. L’enquête est tout aussi tordue, si ce n’est plus ! Ce qui n’est pas peu dire. C’est particulièrement alambiqué mais plutôt malin et bien mené, j’ai adoré. Les mythes inuits y ont encore plus de place que dans le roman précédent, ils pourraient presque être considérés comme un personnage à part entière tant ils sont au centre du récit. Je trouve que c’est l’énorme point fort de Mo Malø : nous plonger dans une culture si différente de la notre et nous faire ressentir un peu du froid et de la nuit qui l’habitent.

Mo Malø a beaucoup de talent pour recréer des univers et nous immerger dans ces contrées glacées, ce qui en fait un conteur de polar redoutable. Ses enquêtes sont aussi délicieusement tordues que palpitantes avec une manière intelligente d’exploiter le décor. Ses personnages sont toujours un peu « cassés » ce qui les rend attachants et terriblement humains. J’apprécie beaucoup la singularité de cette série. Si le style est classique, ça n’en reste pas moins terriblement efficace. Du polar comme on les aime : haletant de bout en bout.

Portrait de Mo Malo

Le lieu offrait une vue agréable sur le rivage et sur la mer, où un petit troupeau d’icebergs indolents broutait l’écume.

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Une décharge le traversa. L’excitation. Il se sentait à nouveau si vivant. Être flic : cette névrose dont on ne se débarrassait jamais tout à fait. Ce poison si doux qu’on en oubliait les interdits comme les injonctions.

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Uki est la spécialiste des tatouages cousus à Nuuk. C’est l’une des toutes dernières dans le pays à les exécuter encore.

Mes lectures

Dans la tête de Sherlock Holmes, tome 1

L’affaire du ticket scandaleux de Cyril Lieron et Benoît Dahan

Un simple diagnostic médical du Dr Watson se révèle être bien plus que cela…La découverte d’une poudre mystérieuse sur des vêtements et d’un ticket de spectacle très particulier amène Sherlock Holmes à penser que le patient n’est pas l’unique victime d’un complot de grande ampleur.Il semblerait en effet que l’étrange disparition de londoniens trouve son explication dans les représentations d’un magicien Chinois. D’autres tickets retrouvés confirment les soupçons du détective…

J’avais lu les aventures de Sherlock Holmes en fin d’année, j’ai donc été ravie quand on nous a offert cette magnifique BD. C’a été un énorme coup de cœur. Comme son nom l’indique, cette BD nous plonge dans la tête de Sherlock Holmes, décryptant pour nous ce qu’il s’y passe pendant qu’il réfléchit et trouve des solutions à des mystères qui semblent de pas en avoir. C’est extrêmement bien fait. Évidemment, Watson est un peu perdu dans la complexité de ces rouages et observe perplexe, comme à son habitude.

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Le cerveau de Kennedy, Henning Mankell

Automne 2004. Louise Cantor quitte son chantier de fouilles du Péloponnèse pour rentrer en Suède. Impatiente de revoir son fils, elle le trouve mort dans son appartement de Stockholm. Qui a tué Henrik ? Pas un instant Louise ne veut croire que son fils unique se soit suicidé. Avec l’énergie du désespoir et une obstination d’archéologue, elle va tenter de reconstituer fragment par fragment les dernières années d’une vie brutalement interrompue. Secondée par Aron, le père d’Henrik qu’elle a déniché au fin fond de l’Australie, Louise découvre que son fils avait une vie secrète, émaillée d’inquiétantes zones d’ombre.

Il y avait longtemps que je souhaitais lire ce roman. J’aime généralement beaucoup les textes d’Henning Mankell. Je connais surtout ses polars nordiques et j’étais curieuse de découvrir une autre facette de son œuvre. Et ce d’autant plus que le sujet m’intriguait ! Il y a quelques années, j’ai consacré mon mémoire de master à la littérature sur le sida et je n’avais alors pas eu le temps d’intégrer ce livre à mon corpus. Près de 10 ans plus tard, je me décide enfin à le lire. Si le sujet vous intéresse vous pouvez retrouver quelques autres titres sur le sujet ici.

Couverture du roman Le cerveau de Kennedy de Henning Mankell

Je dois bien admettre que mes espoirs ont été quelques peu déçu et ce n’est pas mon livre favori de l’auteur. L’histoire est assez compliquée. Un jeune homme est retrouvé mort chez lui, sa mère ne croyant pas à la thèse du suicide, décide de se pencher sur son passé et va de surprise en surprise. Le moins qu’on puisse dire c’est que l’histoire du garçon est trouble. Elle va nous mener de Suède en Espagne, puis en Australie et au Mozambique, où se déroule l’essentiel de l’intrigue.

Un roman sur fond de conspiration internationale qui dénonce le cynisme du monde occidental. Si l’intention est louable, j’ai trouvé que la mise en œuvre n’était pas toujours une réussite. Le texte est assez lourd et s’enlise parfois dans ses méandres sans fin. Il m’a parfois semblé que l’auteur ne savait plus lui-même comment se dépêtrer de son histoire tarabiscotée. Reste toutefois le personnage marquant de Lucinda, bien plus touchant que celui de Louise qui n’a pas réussi à m’émouvoir.

Je me suis souvent demandé durant cette lecture, quelle était la part de réalité dans ce texte. De quels complots réels ou imaginaires est-il inspiré ? J’aurais aimé le savoir mais je n’ai malheureusement pas fait de recherches pour tenter de démêler un peu tout ça. Je ne doute pas que Mankell ait glissé dans ces lignes une part d’effroyable vérité. Il n’en reste pas moins que malgré de bonnes intentions, j’ai trouvé ce texte parfois confus. Un bon point de départ, un texte engagé et fort mais malheureusement pas totalement abouti et parfois quelque peu difficile à suivre.

Portrait de Henning Mankell

Le cynisme est une défense de façade. Un filtre qui rend la réalité un peu plus douce. Sans cela, ce serait facile de perdre pied et de tout laisser tomber.

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L’humanité se divise en deux groupes: ceux qui détestent revenir sur leurs pas et ceux qui adorent ça.

Mes lectures

Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle

Comment l’horrible mendiant à la lèvre retroussée s’est-il débarrassé du cadavre de Neville Saint-Clair ? Quelle est la redoutable bande mouchetée qui tue sans bruit ? Que cache le stupéfiant rituel de la vieille famille des Musgrave ? Et qui a coupé le pouce de l’ingénieur ? Pour résoudre ces énigmes, le détective Sherlock Holmes et le docteur Watson ont besoin de toute leur intelligence, de leur sang-froid… et de leur courage !

Couverture des aventures de Sherlock Holmes

J’ai fini l’année avec un autre très grand classique du roman à énigmes : Sherlock Holmes. Si j’avais vu moultes adaptations en séries comme en films, je n’avais jamais lu ses aventures. Il fallait réparer cette erreur. J’avais hésité à le tenter en anglais mais ça avait l’air compliqué, je suis donc restée sur la version française. J’ai bien fait, c’est assez difficile comme langue, délicieusement désuet.

Ce n’est pas vraiment un roman mais plutôt une succession de nouvelles qui pourraient tout à fait se lire de manière indépendante, même s’il est parfois allusion à des éléments d’une ancienne enquête, ça reste anecdotique. J’ai bien aimé ce format où en 1/2h on peut découvrir une nouvelle histoire. Pas étonnant que ç’ait été largement adaptée en série, le format s’y prête tout à fait.

Les intrigues sont tordues à souhait et semblent inextricables sans l’incomparable génie de Sherlock Holmes qui par ailleurs est terriblement arrogant et en tous points antipathique. Watson est toujours très en retrait et semble lui servir uniquement de faire valoir. Je n’aurais pas été contre des personnages plus nuancés. Toutefois les enquêtes sont un vrai régal et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce grand classique de la littérature anglaise.

Portrait d'Arthur Conan Doyle

Et l’auteur de la lettre est un allemand. Avez-vous remarqué la construction particulière de la phrase: « Les renseignements sur vous nous sont de différentes sources venus » ? Ni un français, ni un russe ne l’aurait écrite ainsi. Il n’y a qu’un allemand pour être aussi discourtois avec les verbes.

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Notre visiteur présentait tous les signes extérieurs d’un commerçant britannique moyen : il était obèse, il pontifiait, il avait l’esprit lent.