Cinéma·Mes lectures

The whale rider, le livre et le film

Dans les eaux abyssales de l’océan Pacifique, une baleine tatouée pleure l’homme qui la dompta et la chevaucha jadis, son fidèle compagnon…
Kahu grandit dans une tribu maorie de Nouvelle-Zélande. Enfant prodige, elle se confronte très tôt à l’autorité du chef Koro Apirana, son arrière-grand-père, qui refuse l’idée qu’une femme puisse un jour lui succéder. Mais peut-il rester insensible au chant des baleines et à l’intrépidité de Kahu ? Jusqu’à quel point le respect des traditions doit-il rester figé dans une vision du monde qui ne reflète plus la réalité ?

The whale rider, c’est d’abord un court roman de Witi Ihimaera publié en Nouvelle-Zélande en 1987. On le trouve en français sous le titre La baleine tatouée ou Kahu, fille des baleines pour la version illustrée. L’adaptation au cinéma date de 2002 et a été réalisée par Niki Caro et s’appelle Paï, l’élue d’un peuple nouveau.

Image extraite du film The whale rider (Paï), deux maoris qui pagaie sur une embarcation traditionnelle

Le roman de Witi Ihimaera

Couverture du livre The whale rider

Mon second roman lu en anglais. Vu mon petit niveau, un véritable exploit ! Le texte est court mais les tournures très poétiques, je crains donc de ne pas avoir saisi toutes les subtilités de ce texte que j’ai toutefois beaucoup apprécié. J’ai mis un peu de temps à comprendre comment il était construit et ce qu’il se passait. En effet, on alterne les points de vue, la narration adoptant parfois celui d’une baleine, ce que je n’ai pas immédiatement saisi. Mais passées quelques pages, les choses se mettent en place et j’ai aimé les récits des différents personnages.

L’histoire est construite autour d’un mythe maori d’un homme chevauchant les baleines. Je ne connais pas l’histoire d’origine mais j’aimerais beaucoup la découvrir. Ici, elle s’adapte au monde moderne, nous montrant la vie d’une communauté maorie aujourd’hui. Il y est question à la fois de tradition – dont le peuple s’éloigne peu à peu, en étant moins proche de la nature notamment – et de modernité – avec entre autres la question de la place des femmes. J’ai beaucoup aimé la simplicité avec laquelle sont abordés les sujets de société, c’est fait avec beaucoup de finesse.

Pour autant que je puisse en juger (pas évident dans une langue qu’on ne maîtrise absolument pas !), ce style est très beau et poétique. Il est relativement simple (je n’ai que rarement eu besoin de sortir un dictionnaire), il m’a donné l’impression d’un vocabulaire à la fois accessible et varié. Mais surtout les tournures m’ont semblé souvent imagées et plus que tout, il y a une musicalité incroyable dans ces pages qui n’a pas été sans me rappeler le ressac. J’ai adoré me laisser porter par le rythme de ce texte qui est de toute beauté.

Image du film The whale rider (Paï), Paï est assise dans une grande barque sur la plage

L’histoire est très prenante également. On s’attache très vite à cette petite fille que l’on regarde grandir, rejetée par ce grand-père qu’elle adore. On apprend avec elle à apprivoiser un peu la culture maorie, son histoire, ses traditions, ses légendes. Il y a une véritable montée en puissante au fil des pages dans ce texte qui mêle habilement quotidien et onirisme. Sans en comprendre toutes les subtilités, je l’ai trouvé d’une beauté folle et souvent touchant. Un grand coup de cœur que ce roman qui mêle les genres et nous emporte telle une vague au cœur d’une communauté maorie entre mythe et réalité. Un grand moment de poésie et d’émotion.

Le film de Niki Caro

Quelques mois après cette lecture, j’ai pu voir son adaptation au cinéma. Le film est déjà ancien mais il est ressorti sur grand écran, classé en jeunesse cette fois. J’ai été un peu déçue de le voir en VF, j’aurais aimé retrouver l’incroyable musicalité du roman (avec l’accent maori en prime à la place de mon horrible anglais très hésitant et bourré de fautes).

Image extraite du film The whale rider (PaÏ), représentant PaÏ et son grand-père sur un bateau

L’adaptation est aussi fidèle que possible je pense. On retrouve bien le caractère intrépide et décidé de Pia. J’ai quand même trouvé que globalement les caractères et les relations entre les personnages étaient moins creusés, et moins touchants, que dans le roman. C’est tout en pudeur et en retenue, une affection assez rude qui ne fait pas dans le démonstratif. Malgré tout, les relations avec le grand-père sont assez fidèles, la petite fille faisant tout pour l’impressionner quand lui reproche au fond de ne pas être un garçon.

Mais le livre est impossible à rendre dans toute sa complexité. Il alterne les points de vue, mêlant réalisme et légende. Comment rendre cet onirisme ou faire parler les baleines ?Le film ne le tente pas et s’en tient à la partie la plus concrète, enlevant beaucoup à la magie du récit. Quant à la réalisation, elle a assez mal vieilli je trouve. Malgré tout, la sobriété de la mise en scène fonctionne et sous son aspect austère, le film s’avère touchant. Le respect de la nature, préserver les traditions tout en s’ouvrant à un nouveau mode de vie, le message reste beau et le film est une bonne initiation à la culture maorie.

Mes lectures

Salina les trois exils, Laurent Gaudé

          Qui dira l’histoire de Salina, la mère aux trois fils, la femme aux trois exils, l’enfant abandonnée aux larmes de sel ? Elle fut recueillie par Mamambala et élevée comme sa fille dans un clan qui jamais ne la vit autrement qu’étrangère et qui voulut la soumettre. Au soir de son existence, c’est son dernier fils qui raconte ce qu’elle a été, afin que la mort lui offre le repos que la vie lui a défendu, afin que le récit devienne légende.

          De Laurent Gaudé, je n’avais lu que Le soleil des Scorta qui avait été un énorme coup de cœur. J’avais adoré sa plume à la fois sèche et poétique, brûlante comme un soleil d’été. Je ne sais pas pourquoi je n’avais rien lu d’autre de lui depuis, alors que j’avais tellement envie de découvrir le reste de son œuvre. Toujours est-il qu’en septembre de l’année dernière, dans une rentrée littéraire où rien, absolument rien, de ce que je lisais ne m’emballais, j’ai décidé d’acheter son dernier roman dont je n’avais même pas entendu parler. Juste parce que « Gaudé c’est bien » et que j’avais besoin de quelque chose de beau.

Couverture du roman Saline les trois exils

          Pourtant, je ne l’ai pas lu de suite. Jamais je n’avais eu autant de mal à me dépêtrer d’une rentrée littéraire et après m’être enfin débarrassée de la tonne de services de presse sous laquelle j’ai bien failli finir ensevelie, je n’avais qu’une envie : lire tout sauf de la nouveauté. Pas qu’en soi ça change grand-chose qu’un roman soit sorti il y a 5 ans ou avant-hier mais j’avais besoin de faire une pause pour retrouver le plaisir de lire des livres qui m’attendaient sagement dans ma bibliothèque depuis trop longtemps. C’est ainsi que j’ai laissé Laurent Gaudé de côté pour ne le ressortir qu’au début de l’été. Et quelle claque ç’a été mes amis !

          C’est bien simple : il y avait longtemps que je n’avais rien lu d’aussi beau. Le style est plus beau encore que dans mon souvenir. J’y ai bien retrouvé sa pâte pourtant, son écriture me donne toujours l’impression d’une soif inextinguible. C’est tellement âpre et tellement beau à la fois. Ca m’émeut profondément. J’y ai trouvé cette fois une poésie et un rythme plus marqués encore. Un récit qui se rapproche du conte, ce qu’on ressent dans le style, plus onirique.

          L’histoire est très forte. Elle est dure et belle. On retrouve tous les codes du conte ici et j’ai beaucoup aimé cet univers entre réel et imaginaire. Il n’y a pas d’indications de lieu ou de temps dans ce texte qui tend à l’universel. Une histoire d’amour, de rejet, de vengeance, qui aurait pu advenir en tout lieu et en tout temps. C’est fort et émouvant. Je n’ai pas assez de mot pour décrire l’infinie beauté de ce texte. Un roman court et puissant, d’une incroyable force évocatrice. Une texte tout simplement magnifique.

Portrait de Laurent Gaudé

Il écoutait tout, avec avidité, sidéré qu’il puisse y avoir tant de mots dans cette femme. Que sa mère qui ne vivait rien d’autre que ces journées longues passées à ses côtés, ces journées de marche, de campement, de survie, ait pu avoir une vie si pleine de blessures et de fracas.

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Elle sait, elle, que la vie se soucie peu de la volonté des hommes, qu’elle décide à leur place, impose, écarte les chemins qu’on aurait voulu explorer et affaiblit ce qu’on croyait éternel.

Cinéma

La Momie

          Film d’horreur/aventure américain de Alex Kurtzman avec Tom Cruise, Sofia Boutella, Annabelle Wallis
Bien qu’elle ait été consciencieusement enterrée dans un tombeau au fin fond d’un insondable désert, une princesse de l’ancienne Égypte, dont le destin lui a été injustement ravi, revient à la vie et va déverser sur notre monde des siècles de rancœurs accumulées et de terreur dépassant l’entendement humain.

Affiche du film La Momie

          Bon, bon, bon, puisqu’il le faut, parlons de ce film… Je ne vais d’habitude pas voir ce type de blockbuster. J’en vois bien d’autres, j’adore les films d’action et de super-héros, mais les trucs un peu horreur, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Je ne comptais pas particulièrement à le voir (pas du tout même) mais un ami m’a proposé de l’accompagner à l’avant-première. Je ne suis pas une habituée de ce type d’évènement mais c’était l’occasion de se voir et de sortir un peu, autant en profiter !

Image du film La Momie

          Si je ne m’attendais pas à un grand film, j’espérais au moins que ce serait divertissant. Eh bien franchement, même pas ! J’ai trouvé ce film d’un ennui… Le scénario est hyper bateau. Enfin, si on peut appeler ça un scénario parce que c’est franchement creux. On voit tout venir de très loin. Visuellement, malgré la grosse débauche d’effets spéciaux, j’ai trouvé ça assez raté. C’est plat, l’esthétique est bâclée, aucun intérêt. C’est vu et revu, étant donnés les moyens mis en œuvre on pouvait s’attendre à bien mieux.

Image du film La Momie

          Côté casting, c’est guère mieux. Tom Cruise est le seul à avoir l’air de s’amuser. La momie – Sofia Boutella – est assez fascinante mais malheureusement beaucoup trop en retrait dans l’histoire (oui, ce n’est pas comme si le film portait son nom…). Les autres acteurs sont franchement mauvais. Mais surtout, le film a un énorme problème de rythme. Il y a des gros temps morts, les scènes d’actions sont bâclées, je me suis ennuyée ferme. C’est quand même un comble. Sans compter que les petites blagues viennent systématiquement tuer le suspens. Bref, ce film est un des plus gros navet qu’il m’ait été donné de voir. Sans le moindre intérêt.

Mes lectures

Eurydice, Jean ANOUILH

          Quand Eurydice, une jeune comédienne, croise Orphée, qui gagne sa vie en jouant du violon aux terrasses des cafés, c’est immédiatement le coup de foudre. Tous deux vont tout quitter pour vivre leur amour. Mais devant la dure réalité de la vie, la magie des début s’estompe bien vite.

          Je suis une inconditionnelle des pièces noires d’Anouilh. J’ai toutefois été assez déçue de celle-là qui est loin d’être sa meilleure. On n’y retrouve pas vraiment la poésie qui fait tout le charme de cet auteur. Peut-être est-ce aussi parce que je connais à présent assez bien sa manière de traiter l’amour dans son oeuvre et que j’ai trouvé qu’il le faisait avec plus de brio dans d’autres textes. Toujours est-il que j’ai trouvé ce texte-ci assez moyen. Une pièce qui se rapproche presque par moment du théâtre de boulevards et supporte donc assez mal la lecture, demandant à être vue sur scène, comme s’est également le cas pour La Colombe. A voir montée donc.

          Au festival de Cannes, Alain Resnais présentait cette année un film hommage à notre Eurydice : Vous n’avez-encore rien vu. Je pense aller le voir dès sa sortie afin de voir ce que donne l’adaptation.