Drame français de François Ozon avec Romain Duris, Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz
A la mort de Laura, tout le monde est bouleversé, notamment sa meilleure amie, Claire, et son mari, David. Un jour, Claire découvre un lourd secret concernant celui-ci. Ils vont alors établir une relation privilégiée.
Pour je ne sais quelle raison, j’ai toujours eu un petit faible pour les films qui parlent d’homosexualité ou de transsexualité (ah, Almodovar !). Comme généralement j’aime bien les films de François Ozon, ça me faisait deux bonnes raisons d’aller voir celui-ci. Et puis Romain Duris en femme, je ne pouvais pas rater ça ! J’ai bien aimé ce film et pourtant je ne sais trop qu’en dire. Sur le moment, j’étais très enthousiaste, et puis, avec le temps, les petits défauts me sont apparus et j’ai du mal à les laisser de côté. C’est ça de faire ses chroniques toujours très tard : parfois, des films qu’on n’a pas trop aimés nous marquent plus qu’on ne le pensait, et d’autres qu’on a adoré laissent finalement une impression moins durable. Difficile alors de remettre ses idées dans l’ordre pour se construire un avis.
Je le répète, sur le moment, j’ai adoré ce film. Je n’aime pas toujours beaucoup Romain Duris qui peut s’avérer excellent mais a tendance quelque soit le rôle à garder son jeu très nerveux et pas toujours très adapté. J’ai vu beaucoup de films avec lui, j’en ai aimé la plupart, mais pour moi, il tient là son premier grand rôle de composition. Jusque-là, je le trouvais bon quand il était naturel, ici il crève l’écran en étant un(e) autre. L’acteur s’efface derrière son personnage et j’ai l’impression de le voir jouer, ou plutôt incarner, pour la première fois. Métamorphosé physiquement, il livre un jeu d’une grande sensibilité. Il prend avec ce rôle une toute autre envergure, celle d’un grand acteur. Le reste du casting est bien également, notamment Anaïs Demoustier, même s’il semble forcément un peu pâle en comparaison. Cette déclaration d’amour à Romain Duris étant faite, parlons un peu du film quand même.
On suit le parcours de cet homme qui peut à peu décide de se travestir avec plaisir, voire même avec une certaine fascination. Le scénario prend peut-être quelques raccourcis. L’amie qui découvre son secret l’accepte sans doute un peu vite, une scène d’engueulade de plus aurait rendu le tout plus crédible (oui, oui, c’est moi qui dit ça !). D’une manière générale, je trouve que l’entourage ne le prend d’ailleurs pas si mal que ça. Quant au personnage de David, j’aurais apprécié avoir un peu plus accès à ses doutes dès le début. On ne voit ses craintes qu’en réponse aux réactions de son entourage. Je crois que j’aurais préféré le voir un petit peu plus seul avec lui même pour mieux ressentir ses doutes. Mais je chipote, au fond je trouve ce personnage réussi. En revanche, j’ai beaucoup aimé l’évolution du personnage de Claire, qui gagne en complexité tout au long du film. J’ai trouvé la scène dans une boîte de nuit particulièrement émouvante. C’est sans nul doute le moment fort de ce film.
C’est sur la fin que j’ai été un peu moins convaincue. On tombe un peu dans l’attendu, pour ne pas dire dans le mauvais scénario de série B dans le passage à l’hôpital. Certes, il se passe exactement ce qu’on attend mais justement, les choses auraient mérité d’être un eu moins téléphonées, de prendre des chemins plus détournés. A parti de là, la suite est à l’avenant (on est dans les 10 dernières minutes, donc ça passe encore). La sortie de l’hôpital est trop rapide et surtout la dernière scène un peu utopique. C’est peut-être moi qui suis pessimiste mais je n’ai pas l’impression que la plupart des gens fassent preuve d’une ouverture d’esprit sans borne quand même. Certes, c’est voulu par le réalisateur qui cherchait à faire un film idéaliste mais bon, un peu subtilité n’aurait peut-être pas fait de mal quand même. Ca doit être mon côté rabat-joie qui parle. Je suis trop terre-à-terre pour tous ces débordements d’amour. Malgré quelques légèretés dans le scénario, François Ozon signe un film agréable sur un sujet difficile. Le casting est au top et Romain Duris est bouleversant, il mérite à lui seul le déplacement. Son plus beau rôle.