Je suis loin d’être une spécialiste côté musique, vous noterez d’ailleurs que je n’en parle à peu près jamais. Après une adolescence passée des écouteurs toujours rivés aux oreilles, avec le temps, ma curiosité s’est sérieusement émoussée et j’écoute toujours un peu les mêmes vieux trucs, essentiellement lors de mes déplacements en voiture ou en transports en commun. Peu de concerts et peu de nouveautés, je ne me sens donc pas très légitime pour en parler. Mais bon, voilà que j’ai eu l’occasion d’aller voir Big junior au Silencio et le Silencio, il y avait fort longtemps qu’on me le vendait comme un des endroits les plus fous de Paris. Ce club propose des concerts, des projections de films dans sa mini-salle de ciné et des cocktails hors de prix, le tout dans une cave gigantesque. J’avoue, je me suis laissée tenter.
J’avais écouté un single de Big junior sur Deezer et pour tout vous dire je n’avais pas franchement accroché. Je trouvais le son intéressant mais la voix du chanteur ne passait pas du tout. Mais bon, l’attrait du lieu a été le plus fort, je leur ai donc donné une seconde chance. Et j’ai sacrément bien fait ! Ce concert était absolument génial. Le groupe mêle les genres avec un certain talent. Ils se définissent comme « la culture du paradoxe : hip hop et rock, douceur et énergie, nouveau mais pas amateur. Leur « Hip Wave » surfe sur des couleurs avec des allures multiples par ses rythmes et plonge l’auditeur dans un bain de fraicheur et d’incertitude. » Description assez fidèle de leur univers surprenant, à la fois rétro et déjanté.
Sur scène, leur énergie est communicative. J’ai bien aimé les sons vintage mêlés à des accents plus hip-hop avec un bon fond d’électro. Le mélange est très réussi et leur humour fait mouche. Il y avait un peu de monde à ce concert mais je trouve qu’ils auraient mérité un public plus dense et surchauffé mais l’ambiance était toutefois sympa. Contre toute attente, je n’ai en revanche pas trop apprécié les lieux. C’est sombre, avec une déco froide (dans les noirs et dorés), c’est bling-bling et assez surfait. De beaux matériaux pourtant mais le bar vide était désespérant. Les cocktails sont hors de prix mais pas particulièrement marquants. A peu près aucun intérêt. Verdict de la soirée ? Je suis allée au Silencio pour découvrir un club que tout le monde encense, sans attendre grand chose du groupe qui s’y produisait. J’ai été déçue par l’endroit, j’ai adoré le groupe – qui n’était pourtant a priori pas du tout mon genre – et son énergie communicative. N’hésitez pas à aller les découvrir sur scène.
Voici trois documentaires vus récemment au cinéma et qui traitent tous de musique. Le premier retrace la vie d’une icone du rock, les deux autres évoquent la musique traditionnelle sud-américaine. Les mélomanes y trouveront sans nul doute leur bonheur.
Janis Joplin est l’une des artistes les plus impressionnantes et une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues de tous les temps. Mais elle était bien plus que cela : au-delà de son personnage de rock-star, de sa voix extraordinaire et de la légende, le documentaire Janis nous dépeint une femme sensible, vulnérable et puissante. C’est l’histoire d’une vie courte, mouvementée et passionnante qui changea la musique pour toujours.
Même s’il ne faisait pas partie de mes priorités cinématographiques de ce début d’année, ce documentaire sur Janis Joplin me tentait assez. C’est une chanteuse que j’écoutais pas mal à une époque (je me demande bien pourquoi j’ai arrêté d’ailleurs) mais je ne connaissais à peu près rien de sa vie. Pour moi, ça se résumait à une voix surpuissante, Woodstock et une overdose à 27 ans. Ca manquait cruellement de nuances et ce documentaire était l’occasion rêvée d’arranger ça. J’ai beaucoup aimé ce film qui mêle archives (photos, vidéos, lettres…) et témoignages des proches de l’artiste. Sa famille, ses amis, les musiciens avec qui elle a joué, les hommes qui ont croisé sa route, nombreux sont ceux qui ont été interrogés afin de dresser son portrait. J’ai trouvé ce documentaire passionnant. Il met l’accent sur les failles de la chanteuse. Il retrace aussi bien sa vie privée que sa carrière. On ne peut qu’être impressionné par la puissance de sa voix et par son charisme. Les témoignages de ses proches sont extrêmement touchants. J’ai été un peu interpellée par le fait qu’il n’y ait quasiment que des éloges à son sujet, impossible pourtant d’en tirer la moindre conclusion quant au côté délibéré ou non de la chose. Elle semble avoir marqué durablement tous ceux qui ont croisé son chemin. Un documentaire touchant qui met en avant la part d’ombre de cette femme fascinante.
De la Pampa aux Andes, de l’univers des indiens Mapuche á celui des villageois qui chantent leur nostalgie dans les cafés, du monde des Gauchos à celui des grandes villes d’aujourd’hui… ARGENTINA nous propose un voyage musical et sensoriel dans l’espace et le temps composé des chants, des danses et des couleurs qui font toute l’âme de l’Argentine.
De Carlos Saura je garde le souvenir de l’excellent Tango il y a… longtemps. Je ne suis pas sure pas sur d’avoir vu d’autres films de lui après (allez donc savoir pourquoi) mais quand celui-ci est sorti, je me suis dit que je ne devais pas le rater. Ce documentaire sur la musique argentine est assez particulier : que de la musique et de la danse filmées en studio, aucune parole ou presque. J’ai beaucoup aimé la musique d’introduction, un bailecito au piano. Ensuite certaines choses m’ont touchée plus que d’autres. Il y a un hommage à une chanteuse indienne dans une classe de primaire particulièrement émouvant. Certaines danses sont également très belles (j’ai été assez interpellée par une danse où les femmes ont des chaussures plates et semblent simplement accompagner les hommes qui eux ont des talonnettes, bien sûr, impossible de me rappeler du nom). La plupart des morceaux sont très dansants et on regrette presque de devoir rester sagement dans son siège. A côté de moi un monsieur applaudissait à tout rompre après chaque morceau. Malheureusement, j’étais particulièrement crevée le jour où j’ai vu ce film et j’ai fait un petit somme, ratant la partie consacrée au tango… J’ai trouvé que l’enchaînement des morceaux était bien choisi et que la variété de la sélection était intéressante : je connaissais quasiment rien dans les musiques proposées (en même ma culture musicale est bien piètre, il faut l’admettre). J’ai beaucoup aimé ce documentaire qui permet de découvrir toute la variété de la musique argentine et j’en suis ressortie avec l’envie de réécouter une bonne moitié des morceaux que j’avais entendus.
Embarquez dans un étonnant périple au coeur des paysages musicaux du Pérou : des chants quechua hérités des Incas aux rythmes endiablés afro-cubains… Au travers des rêves et de la vie de ses musiciens, SIGO SIENDO esquisse un trépidant portrait sonore du pays. ¡Que la danza comience !
Ce documentaire sur la musique des indiens du Pérou me tentait bien. Je suis toujours curieuse d’autres cultures et souvent celles de la Cordillère me rappellent un peu la vie dans mes montagnes. Je trouvais en plus ce titre magnifique. Le film s’ouvre sur de très belles images et un chant très étrange, assez hypnotique. C’est d’ailleurs un des moments que j’ai préféré – un peu gâché par les deux crétins à côté de moi qui ont ricané pendant tout le film. Je dois avouer à grand regret que j’ai eu plus de mal avec la suite même si j’ai trouvé le sujet très intéressant et que j’ai été touchée par la manière dont la question de la transmission était abordée. Je suis hyper sensibles aux aigus. Ca a tendance à s’arranger vaguement avec le temps mais beaucoup de sons sont encore extrêmement douloureux pour mes pauvres oreilles, à la limite bien souvent du supportable. Malheureusement pour moi, ces musiques surexploitent les hyper-aigus, notamment dans la voix. Je soupçonne vaguement ce que ça peut avoir de fascinant mais ç’a été pour moi une vraie souffrance et m’a complètement empêchée de profiter du film. Heureusement, il y a quand même des moments que j’ai trouvés de toute beauté. On croise dans ce film des personnages forts et extrêmement sympathiques, de beaux paysages et une musique singulière. Un documentaire lent mais passionnant dont j’ai trop peu profité.
Si le croisement entre la musique et le cinéma vous intéresse, vous pouvez retrouver des long-métrages de fiction où elle tient une place de choix. Parmi eux ces dernières années, le très bon Inside Lewyn Devis, l’étrange Love and Mercyou le sublime Whiplashpour les premiers qui me viennent à l’esprit.
L’histoire vraie de Robert Leroy Johnson (1911-1938), guitariste virtuose, mort prématurément à 27 ans. Son talent était tel qu’on le soupçonnait d’avoir vendu son âme au diable. Grand séducteur et noceur, il ne reste de sa courte carrière que quelques enregistrements et trois photographies. Mais le mystère et le génie qui l’entourent en font un modèle pour des générations de musiciens.
Je trouvais la couverture de cette BD très belle et le sujet me tentait beaucoup bien que je n’y connaisse absolument rien en blues – ou peut-être justement pour cette raison. Toutefois, je dois admettre que j’ai été un peu déçue en l’ouvrant. Je ne sais pas pourquoi mais je ne m’attendais pas à ce type d’illustrations et je les ai trouvées dans un premier temps assez sombres et franchement peu engageantes. Pourtant, au fil de ma lecture, j’ai fini par m’y habituer et même par apprendre à les apprécier. En effet, elles mettent remarquablement le texte en valeur et se posent souvent que des évidences. J’ai particulièrement appréciées celles en pleine page qui au regard du l’histoire semblent prendre vie. Rarement je suis à ce point revenue sur ma première impression et j’en ai été très agréablement surprise.
L’histoire est très prenante. Je ne connaissais pas du tout ce chanteur mort très jeune mais qui a inspiré les plus grands et ça m’a donné terriblement envie d’aller écouter ce qu’il faisait mais aussi les gens qu’il a inspirés. C’est passionnant de suivre son parcours chaotique et ses nombreuses (més)aventures. On s’attache très vite à ce personnage haut en couleur et on le quitte à regrets. J’ai regretté au final que cette BD se lise aussi vite, usant de pas mal d’ellipses. Il faut dire aussi que le jeune homme n’a pas vécu vieux, ce qui limitait un peu la possibilité d’écrire un pavé sur le sujet. Cette BD lue dans le cadre de l’opération « La BD fait son festival » organisée par Priceminister a été une excellente surprise, je lui donnerais la note de 18/20. Une vraie réussite et une très belle découverte.
Je voudrais qu’on m’enterre au bord d’une route sur le bas-côté pour que le démon qui est en moi puisse prendre un bus et filer.
Anna, jeune veuve galloise, se rend au Siam avec son fils pour faire classe aux nombreux enfants du roi ainsi qu’à ses favorites. Tous deux dotés d’une forte personnalité et issus de cultures pour le moins différentes, le roi et elle vont avoir bien du mal à se comprendre et à trouver un terrain d’entente.
J’avais choisi cette pièce car j’adore Lambert Wilson, que je n’avais jamais eu l’occasion de voir sur scène, et qu’il tient ici le rôle du roi. Je ne pouvais pas rater ça ! Pourtant, n’étant pas très férue de comédies musicales j’avais un peu peur de ne guère apprécier le spectacle. Je dois avouer que je craignais un peu le pire, d’autan plus que les que les critiques que j’en avais lu n’étaient pas très enthousiastes. Je me demande bien pourquoi… Dès les premières minutes, j’ai été complètement rassurée et très vite, je suis totalement rentrée dans ce spectacle saisissant. Je dois avouer que je ne vois absolument à y redire, tout m’a semblé absolument parfait de bout en bout ! L’histoire, tirée d’un fait réel, n’est pas très complexe mais il y a de l’humour, de l’amour et on ne tombe pas dans la mièvrerie, ça fonctionne très bien et on suit les déboires des protagonistes avec plaisir.
Les décors sont très impressionnants. J’ai toujours beaucoup aimé les mises en scènes classiques avec leurs riches décors et leurs costumes imposants : j’ai été servie ! Le rideau se lève sur le pont d’un bateau, nous sommes ensuite transportés dans le palais, la salle de classe ou même dans un théâtre. Des nombreux changements de décors, toujours très bien menés, que j’ai vraiment appréciés. Moi qui craignait un peu de ne pas trop aimer les parties chantées, je les ai trouvées très réussies. La musique est très réussies et les acteurs sont pour la plupart d’excellents chanteurs, ce qui donne beaucoup de charme au spectacle. Mais ce que j’ai aimé par dessus tout, ce sont les somptueux costumes ! Ils sont plus beaux les uns que les autres et m’ont fait voyager.
Il y a également des parties dansées dans cette comédie musicale décidément très complète ! Il y a notamment un passage plein d’inventivité et de toute beauté qui m’a laissée sans voix. Malgré les 3h15 du spectacle et la fatigue après une grosse journée, je n’ai pas vu le temps passer. Tout est parfait de bout en bout et on en prend plein la vue. Vous l’aurez compris, j’ai tout aimé dans ce spectacle ! La salle était loin d’être pleine, je n’ai qu’un conseil, courez-y ! C’est certes un peu cher mais il est tellement rare de voir des mises en scène de cette qualité que ça vaut grandement le coup. Un spectacle vraiment magique qui vend du rêve de bout en bout : tout simplement féerique.
Bartabas, le maître du spectacle équestre, s’allie à Andrés Marín, danseur de flamenco talentueux, pour sa nouvelle création. Ils choisissent les œuvres liturgiques du XVI° s. de Tomás Luis de Victoria pour les accompagner. « A la recherche d’une musique silencieuse », une performance qui promet de sortir des sentiers battus.
Je dois avouer qu’en arrivant au Théâtre du Rond Point, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je n’avais jamais eu l’occasion de voir de mises en scènes de Bartabas jusque-là et je sais que c’est souvent à la fois très particulier et spectaculaire. Et en effet, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a un univers à part ! Le rideau se lève sur une scène très obscure, éclairée par des chandeliers. Arrivent ensuite sur des chants liturgiques, Bartabas à cheval et Andrés Marín mains liées, dans une scène qui évoque clairement l’Inquisition. En scène, tour à tour, un danseur, un cavalier, un acteur, un chanteur et deux musiciens. Quatre chevaux et un âne sont aussi de la partie pour ce spectacle vraiment à part.
Beaucoup de choses surprennent dans cette mise en scène très forte et hors du temps. Du sable recouvre la scène, étouffant le bruit des pas du danseur. Je ne pensais pas que cela serait si perturbant, pourtant, ça change totalement la perception que l’on peut avoir du rythme et du mouvement tant on associe le flamenco à ses pas qui résonnent. Si le cheval est très présent, on n’est pas réellement dans la performance équestre, la faute sans nul doute au manque de place. Toutefois, il y a beaucoup de grâce et de légèreté dans le travail de Bartabas avec ses chevaux qui m’a donné envie – si besoin était – de voir ses créations plus étoffées. Quant à la musique, bien que je ne sois pas du tout adepte des chants liturgiques, je l’ai trouvée tout bonnement splendide, et elle m’a donné plus d’un frisson. Un des moments que j’ai préféré, c’est quand le danseur et le cheval semblent danser ensemble au son de la musique : tout simplement splendide !
Du côté du fil conducteur du spectacle, c’est un peu plus confus… On est clairement dans un univers religieux, dur et sombre, qui rappelle sans nul doute l’Inquisition. Toutefois, certaines références restent pour le moins obscures et on est souvent déroutés par l’esthétique de la mise en scène. J’ai souvent été sur le point de décrocher, trouvant cela extrêmement déroutant, l’étrange frôlant parfois le ridicule. Pourtant, si étroite soit la limite, elle n’est jamais franchie, et si on ne comprend pas toujours tout ce qui se passe sur scène, la fascination l’emporte. Il faut lâcher prise pour parvenir à apprécier pleinement ce spectacle hors normes, accepter de se laisser porter par l’étrange mélodie mise en place pour entre dans cet univers aussi beau qu’effrayant. Il est extrêmement difficile de parler de cette performance, tant elle sort de l’ordinaire et nous pousse à sortir de notre zone. Un spectacle déroutant, dont le sens échappe parfois et dont la beauté fascine. Une expérience mystique que je ne suis pas prête d’oublier.
Pour Paris, c’est fini mais vous pouvez retrouver ce spectacle si particulier à travers la France durant les prochains mois. Vous trouverez les dates ici. C’est un détail mais j’ai particulièrement apprécié que les machinistes et palefreniers soient invités à venir saluer sur scène à la fin du spectacle. C’est suffisamment rare pour être souligné. Je ne vous promets pas que vous aimerez, mais vous resterez pas indifférents ! A voir.