Drame américain de Matt Ross avec Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay
Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes. Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.
Bien que le titre et le casting laissent supposer le contraire, nulle trace ici d’un film de super-héros (quoi que). Ce mal-entendu étant dissipé, nous pouvons commencer. Quand j’ai vu la bande-annonce de ce film je me suis dit qu’il fallait absolument que j’aille le voir et ce pour plusieurs raisons. La principale c’est bien sûr Viggo Mortensen qu’on voit à mon goût bien trop peu (ah ce moment où il pose son oreille contre le rocher dans Le seigneur des anneaux, une scène d’anthologie qui m’aura valu bien des fou-rires !). Ensuite, le sujet. Ca avait l’air frais, sympa, original et pas inintéressant qui plus est. Le petit côté hippie me parlait assez. Malgré le sujet plutôt grave, ça semblait être la promesse d’un bon moment de détente. D’ailleurs dans l’ensemble, le film tient plutôt bien ses promesses et m’a fait passer un moment agréable, malgré une petite pointe de déception…
S’il y a bien une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est à trouver quelque chose de terriblement familier dans ce film. Sauf que voilà, je viens d’un coin de Pyrénées où il y a une grosse communauté hippie et bon, les fratries qui grandissent dans les bois, c’est un peu la norme. Certes, chez nous, ils sont plus pacifistes que survivalistes et rares sont ceux qui baignent dans la philo dès le berceau (même s’il y en a…), n’empêche que quand même, ce truc de vivre loin de la société de consommation au plus près de la nature, on connaît bien. Vous voyez les Fortin, de Vie sauvage, ben c’est chez nous qu’on les a retrouvés. Dès qu’on parle de chez nous c’est qu’il y a des gens qui se planquent ou un mètre de neige en plein mois de mai de toute façon. Pourtant je vous jure, on est presque civilisés (pas trop quand même, n’exagérons pas, on tient à notre indépendance). Je m’attendais donc à être dépaysée et à la place je me suis sentie renvoyée tout droit à la maison – paysages à couper le souffle compris. C’est sympa, mais ce n’était pas tout à fait l’effet escompté.
La relation que ce père entretient avec ses enfants est intéressante et parfois touchante même si le film ne joue pas trop sur la corde sensible. Certains se rebellent un peu contre cette éducation éloignée du schéma classique. J’aurais aimé que ce soit plus marqué. A l’adolescence, il n’est pas franchement rare de vouloir rentrer dans le moule et être « comme les autres ». On sent un gros parti pris chez le réalisateur qui a visiblement une grosse sympathie pour son personnage principal et ses principes éducatifs. C’est dommage de ne pas plus avoir le point de vue des enfants. C’est un peu le cas mais ça ne va à mon sens pas assez loin, même si j’ai beaucoup aimé la cohésion de cette famille qui redonne le sourire. Il y a quelques moments qui ne manquent pas d’ironie et m’ont amusée. Là encore, les quelques pistes offertes pour réfléchir sur les dérives de notre société auraient mérité d’aller plus loin. La musique est très bien choisie et constitue un des gros points forts de ce film, avec son casting, très soigné. Les enfants sont tous plus beaux les uns que les autres et respirent l’intelligence. C’est un plaisir de les regarder évoluer. Si ce film ne m’a pas transportée autant que je l’espérais, il m’a tout de même fait passer un bon moment avec son univers joyeux et coloré.