Actualité·Expositions

La Victoire de Samothrace restaurée

          L’année dernière, le Louvre a lancé un appel au don pour restaurer la célèbre Victoire de Samothrace. Pour une raison assez mystérieuse, cette statue sans tête et sans bras m’a toujours particulièrement touchée. A tel point que lors de mon premier stage au Louvre, lorsque j’ai visité le musée le jour de fermeture pour la première fois, en la voyant ainsi en haut de son piédestal sans le moindre touriste à l’horizon, j’en ai eu les larmes aux yeux. Depuis, je vais la voir à chacune de mes visites au Louvre. Je ne pouvais donc que participer dans la mesure de mes faibles moyens à sa restauration. En remerciement, le musée m’a envoyé une invitation pour deux personnes à aller voir le résultat. Je m’y suis donc rendue avec ma maman la semaine dernière. Veuillez excuser la piètre qualité des photos mais j’avais bêtement oublié mon appareil, j’ai donc dû me contenter de mon téléphone pour l’occasion.

20140802_154626

          La Victoire de Samothrace représente une femme ailée, déesse messagère de la Victoire. Il s’agit d’une statue monumentale de l’époque hellénistique, dont la réalisation est estimée aux alentours de 200 av. J-C, et qui mesure avec son socle en forme de proue de bateau plus de 5,50 m de haut. Elle a été découverte en plusieurs parties en 1863 lors de fouilles sur l’île de Samothrace, située en mer Egée. Elle entre au Louvre en 1964 et est remise en état. Le socle en forme de proue a d’abord été pris pour un tombeau et laissé sur place, avant de rejoindre la statue en 1879 suite à de nouvelles fouilles. En revanche, malgré de nombreuses recherches, ni la tête, ni les bras de la statue n’ont été retrouvés. Je dois avouer que je trouve que c’est ce qui fait tout son charme. La pureté des lignes n’en ressort que mieux et le mystère me plaît particulièrement.

20140802_154827

          La restauration est assez discrète. La statue a été nettoyée, le bloc moderne qui se situait entre le socle et la statue a été retiré et les traces de restaurations passées ont été gommées. De nouveaux plis et une plume qui étaient conservés en réserve ont enfin trouvé leur place sur la Victoire. Les matériaux utilisés pour la restauration sont plus stables et respectueux du marbre ancien. L’escalier Daru sur lequel elle trône a également été restauré. Le marbre a aujourd’hui retrouvé une jolie patine et la Victoire de Samothrace est plus éblouissante que jamais. D’ailleurs la foule se presse pour aller l’admirer. Pour en faire autant, c’est tout les jours sauf le mardi au Louvre, au 1° étage de l’aile Denon.

Mes lectures

La caverne des idées – José Carlos Somoza

          Lorsqu’un jeune éphèbe de l’Académie de Platon meurt dans d’étrange circonstances son mentor engage le meilleur déchiffreur d’énigmes de la ville pour résoudre ce mystère. Malgré leurs différents philosophiques, les deux hommes vont mener l’enquête ensemble. D’autres morts vont croiser leur route et la vérité s’avérera aussi inattendue qu’effrayante.

lacavernedesides

         La structure de ce livre est assez complexe (pas très surprenant de la part de Somoza, me rétorqueront ceux qui le connaissent déjà). Il y a d’une part l’histoire principale – une enquête dans la Grèce Antique sur fond de réflexion philosophique – et d’autre part une histoire parallèle qui apparaît dans les notes – celle du (faux) traducteur du texte grec. J’ai eu un peu de mal avec ce procédé, surtout au début. Les notes, très longues coupent l’histoire et j’ai trouvé les commentaires de ce traducteur imaginaire bien moins intéressants que le l’enquête en elle-même. J’ai d’ailleurs sauté certaines de ces digressions et avec la peur de rater quelque chose d’essentiel à la compréhension du texte. Finalement, peu à peu, cette histoire secondaire gagne en intérêt et elle fait à la fin tout le génie de ce livre, quand son rôle est enfin dévoilé.

ÎÄ»¯Ö®Â㺵ØÀíÈËÎľ°¹Û±ÚÖ½¾«Ñ¡ µÚÁù¼­

          L’écriture est fluide et agréable. On se retrouve plongés dans la cité de Platon et les réflexions sur ses théories sont passionnantes, même pour qui n’est pas, comme moi, féru de philosophie. L’histoire est très prenante, sur une trame policière palpitante, et n’est pas avare en suspens et rebondissements inattendus. Quant à la fin, dont je ne vous dévoilerai rien, elle m’a tout simplement bluffée : aussi surprenante que sophistiquée, elle est tout bonnement époustouflante. Comparé aux autres livres que j’ai lus de cet auteur, je dirais que celui-ci est le plus accessible. En effet, l’histoire se passe dans un univers qui nous est familier et on plonge très vite dedans (voir les articles sur Clara et la pénombre et L’appât, tous deux bien plus complexes). Un roman à la fois efficace et raffiné qui se lit avec plaisir. Somoza est décidément un maître !

Somoza-petit

Je préfère une petite assemblée où je peux crier qu’un vaste empire où je devrais me taire.

_______________

Le Traducteur. L’homme qui prétend déchiffrer le mystère d’un texte écrit dans une autre langue sans voir que les mots ne conduisent qu’à de nouveaux mots, et les pensées à de nouvelles pensées, mais que la Vérité reste hors d’atteinte.

_______________

L’erreur est une forme de sagesse. Les décisions erronées sont des maîtres sérieux qui montrent celles que nous n’avons pas encore prises. Avertir sur ce qu’on ne doit pas faire est plus important que conseiller parcimonieusement sur ce qui est correct : qui peut mieux apprendre ce qu’il ne faut pas faire sinon celui qui, l’ayant fait, a déjà dégusté les fruits amers des conséquences ?