Expositions

Fragonard amoureux au musée du Luxembourg

          Le musée du Luxembourg à Paris propose cet automne une exposition consacrée à Fragonard, peintre emblématique du XVIII° s. Le sous-titre « Galant et Libertin » en dit long sur le programme. Et en effet, c’est l’amour qui est à l’honneur, avec des mœurs plus ou moins légères peintes par l’artiste. Découverte. 

Fragonard amoureux galant et libertin

          J’aime beaucoup Fragonard et j’ai été ravie de voir qu’une exposition lui était consacrée cet automne au musée du Luxembourg. Je ne connaissais rien de sa vie et c’est vrai que j’avais surtout en tête ses toiles les plus connues. Je suis loin d’être une spécialiste de l’artiste et c’était l’occasion d’en apprendre un peu plus sur lui et de découvrir des toiles moins célèbres. Inutile de dire que j’ai été conquise même s’il y a forcément des choses que j’ai aimées plus que d’autres. Sans surprise, il y avait un peu trop de monde pour apprécier cet accrochage à sa juste valeur. Paris, les musées, les expos, toujours la même histoire. Ca m’a un peu empêchée d’en profiter pleinement, j’aurais sans doute flâné un peu plus s’il n’y avait pas eu foule. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’évite les expositions depuis quelques temps. Je n’avais pas pris l’audioguide mais j’ai trouvé les panneaux explicatifs suffisants – et assez intéressants dans l’ensemble. Ils permettent une première approche qui ne noie pas trop sous les informations tout en permettant d’appréhender les grandes lignes de la période.

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          Il semblerait que l’artiste ait eu une vie plutôt rangée, bien qu’il ait consacré une bonne partie de sa carrière aux peintures libertines qui l’ont rendu célèbre. Je dois d’ailleurs avouer que c’est la partie de son travail que j’ai préférée, et de loin ! Il y a dans ses toiles un mélange de frâicheur et de malice que je trouve pour le moins séduisant. Cette période de sa peinture est plutôt osée pour son temps (quoi que le XVIII° a été très libéré avant le retour de la morale puritaine) même s’il est un peu revenu dessus à la fin de sa vie pour se tourner vers une peinture de l’amour autrement plus niaise, à mon grand regret. Si beaucoup de toiles de Fragonard sont plutôt classiques dans la réalisation, certaines dénotent toutefois d’une certaine modernité dans le style. J’aime la douceur qui se dégage de ces toiles et qui est à mes yeux le fil conducteur de son travail. J’aurais aimé une exposition un peu plus étoffée mais elle m’a donné envie de me replonger dans la littérature libertine du XVIII° s. (Les liaisons dangereuses, souvent illustrées pas un tableau de Fragonard, est un de mes romans favoris). Une exposition intéressante mais un peu courte à mon goût qui a le mérite de mettre en avant une peinture intemporelle, délicate et impertinente à la fois. 

Fragonnard, l'instant désiré

Fragonard amoureux. Galant et libertin

Musée du Luxembourg

19 rue de Vaugirard

75006 Paris

Du 16 septembre 2015 au 24 janvier 2016

Ouvert tous les jours, 12€

Théâtre

Les liaisons dangereuses

          Mise en scène de John Malkovich. Avec Sophie Barjac, Rosa Bursztejn, Jina Djemba, Lazare Herson-Macarel, Mabô Kouyaté, Yannik Landrein, Pauline Moulène, Julie Moulier, Lola Naymark.

          Les liaisons dangereuses est un de mes romans préférés. J’ai beau le lire et le relire, je ne m’en lasse pas et y découvre toujours des choses nouvelles. La modernité du texte ne cesse de me surprendre. Du grand art. L’adaptation cinématographique avec John Malkovich en Valmont était particulièrement réussie (même si aucun film ne saurait avoir le sel de la littérature) et il me semblait donc raisonnable de penser qu’il pourrait en faire une bonne adaptation théâtrale. Grave erreur.

          Déjà, le casting : Valmont est trop jeune, bien trop jeune. La Merteuil est plutôt bien dans son rôle en revanche. La petite Volange en fait des tonnes et la Présidente de Tourvel, si elle n’est pas mauvaise, est particulièrement mal dirigée (et fagotée). Le texte est mal adapté. Le parti pris est celui de l’humour : on tombe vite dans la farce. Disparues la légèreté et la précision de l’original. Valmont veut nous faire rire et abuse de bons mots (ou de mauvais) pour cela. De plus, l’adaptation fait preuve d’une certaine vulgarité. Pas que le texte ne se distingue par sa pudeur mais il était autrement plus raffiné (bien que ce point là ne soit pas celui qui me gêne le plus en l’occurrence).

          Les lettres sont remplacées par Iphones et Ipads, ce qui est tout à fait superflu. On ne retrouve que très peu le texte de départ, et bien souvent modifié avec excès et sans raison (ainsi la lettre de rupture entre Valmont et Madame de Tourvel , si belle au naturel, est méconnaissable…). Si la première partie est une farce de mauvais goût, la deuxième est d’un ennui mortel. Comment d’un pareil monument de délicatesse peut-on faire une telle platitude ? Malkovich est visiblement bien meilleur acteur que metteur en scène. Une pièce sans le moindre intérêt.

Pour le plaisir, voici la lettre originale de rupture entre ce cher Vicomte et sa pauvre victime :

On s’ennuie de tout, mon Ange, c’est une Loi de la Nature ; ce n’est pas ma faute. »

Si donc je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n’est pas ma faute.

Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de vertu, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute.

Il suit de là, que depuis quelque temps je t’ai trompée : mais aussi, ton impitoyable tendresse m’y forçait en quelque sorte ! Ce n’est pas ma faute.

Aujourd’hui, une femme que j’aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n’est pas ma faute.

Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la Nature n’a accordé aux hommes que la constance, tandis qu’elle donnait aux femmes l’obstination, ce n’est pas ma faute.

Crois-moi, choisis un autre Amant, comme j’ai fait une autre Maîtresse. Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n’est pas ma faute.

Adieu, mon Ange, je t’ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret : je te reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute.

Les liaisons dangereuses

Jusqu’au 30 juin

Théâtre de l’Atelier

1 place Charles Dullin

75018 Paris

http://lesliaisonsdangereuses.fr/

Mes lectures

Casanova, Madame F.

         Un petit livre qui regroupe deux extraits des mémoires du célèbre séducteur.

        J’avais de Casanova l’image d’un libertin à la vie trépidante et pensais retrouver dans ses écrits, le style si enlevé que j’aime tant de le XVIII° siècle. Malheureusement, c’est un peu laborieux. J’ai peiné à m’intéresser à la manière dont le jeune homme a séduit Madame F. Ca manque d’entrain et n’est même pas si croustillant. Une terrible désillusion donc.

        Cependant, peut-être la lecture de son autobiographie au complet serait-elle plus judicieuse, les choses y étant replacées dans leur contexte, cela doit permettre de prendre mieux la mesure du personnage. Une lecture qui ne m’a donc pas totalement découragée de découvrir la vie du célèbre auteur.