Au Groenland, dans le poste de la police locale, les journées sont longues. L’inspecteur danois Qaanaaq Adriensen et son adjoint, l’Inuit Apputiku Kalakeq, tuent le temps en jouant à la roulette groenlandaise, une variante de la roulette russe. Jusqu’au jour où, sur la baie touristique de Diskø, un cadavre est retrouvé figé dans la glace d’un iceberg. Seuls son visage et le haut de son torse sont visibles. Une glissade dans une crevasse est si vite arrivée… Mais l’affaire se complique. La victime, un scientifique américain, n’est pas tombée : elle a été piégée vivante dans le bloc de glace. Qui aurait pu concevoir une haine assez puissante contre cet homme, ou ce qu’il représentait, pour vouloir lui infliger une fin aussi terrible ?
Je ne sais pas bien pourquoi je n’avais pas lu le premier roman de Mo Malø. Sans doute était-il sorti dans une période où j’avais beaucoup de nouveautés à lire et où je ne pouvais plus lire assez vite tous les romans qui m’arrivaient. Toujours est-il que bien que j’en ai eu l’opportunité, je n’avais pas accepté de services de presse pour ce roman (oui, je reçois beaucoup de services de presse mais c’est un autre sujet). Mais ayant rencontré l’éditrice à Quai du Polar ce printemps, je me suis laissé convaincre de laisser une chance à Mo Malø et ses polars venus du grand froid.

Elle a bien eu raison d’insister parce que j’ai beaucoup aimé ce roman et j’ai bien vite regretté de ne pas avoir lu le premier ! Même s’il est tout à fait possible de commencer directement par celui-ci. Si l’enquêteur est un personnage récurent et que quelques allusions sont faites à ce qu’il lui est arrivé dans le roman précédent, les enquêtes sont quant à elles indépendantes. La prose est assez simple mais efficace. Pas de grands effets de style, l’auteur va droit au but et le fait bien. C’est sans chichis mais c’est loin d’être mal écrit pour autant.
C’est par son histoire que ce roman se fait remarquer. C’est terriblement efficace en plus d’être particulièrement original. On est au Groenland, terre à part s’il en est, où la neige et la glace sont omniprésentes. L’auteur joue de cet univers glacé pour construire son intrigue avec beaucoup d’à propos. C’est très malin. Le paysage se retrouve au cœur de l’enquête, créant une atmosphère très particulière que j’ai beaucoup appréciée. J’ai apprécié que le roman est pour toile de fond des sujets de société comme l’écologie. Il nous permet également d’en apprendre plus sur le pays, aussi bien d’un point de vue politique que concernant ses coutumes. C’est un aspect du livre que j’ai particulièrement apprécié.
Si je devais émettre quelques réserves, ce serait sur la fin, où l’histoire personnelle du personnage principal prend un tour assez nébuleux. Toutefois, si c’est un peu perturbant sur le moment, ça laisse supposer une suite potentiellement intéressante, avec un homme pour le moins tourmenté. A voir comment cela évolue au fil du temps et si l’auteur parvient à exploiter au mieux ce qu’il commence doucement à mettre en place. De construction assez classique dans l’ensemble, ce roman est un polar efficace dont la grande originalité réside dans son histoire intelligemment écrite. Une belle découverte, 100% Groenland.

De leur vivant, les hommes parlent beaucoup ; mais ils mentent tout autant. Les dépouilles des défunts, elles, ne font que murmurer ; mais leurs chuchotements sont la vérité même.
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Être flic , cela revenait bien souvent à se contenter que la situation ne s’aggrave pas. A se réjouir que les morts ne s’empilent plus, ni sur la table du légiste, ni dans sa conscience.
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