Mes lectures

Un livre de martyrs américains, Joyce Carol Oates

2 novembre 1999. Luther Dunphy prend la route du Centre des femmes d’une petite ville de l’Ohio et tire sur le Dr Augustus Voorhees, l’un des  » médecins avorteurs  » de l’hôpital. De façon remarquable, Joyce Carol Oates dévoile les mécanismes qui ont mené à cet acte meurtrier et offre le portrait acéré d’une société ébranlée dans ses valeurs profondes. Entre les fœtus avortés, les médecins assassinés ou les  » soldats de Dieu  » condamnés à la peine capitale, qui sont les véritables martyrs ?

J’aime généralement ce qu’écrit Joyce Carol Oates et ce roman a été unanimement salué par la critique. Le sujet me parlait bien, j’avais donc hâte de le lire. Il m’a fallu un peu de temps pour me décider à m’y mettre parce que c’est quand même un sacré pavé. J’ai profité du confinement pour me lancer. Je dois dire que j’ai été assez déroutée par ce roman qui n’a pas été tout à fait le coup de cœur escompté.

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Mes lectures

Diskø, Mo Malø

          Au Groenland, dans le poste de la police locale, les journées sont longues. L’inspecteur danois Qaanaaq Adriensen et son adjoint, l’Inuit Apputiku Kalakeq, tuent le temps en jouant à la roulette groenlandaise, une variante de la roulette russe. Jusqu’au jour où, sur la baie touristique de Diskø, un cadavre est retrouvé figé dans la glace d’un iceberg. Seuls son visage et le haut de son torse sont visibles. Une glissade dans une crevasse est si vite arrivée… Mais l’affaire se complique. La victime, un scientifique américain, n’est pas tombée : elle a été piégée vivante dans le bloc de glace. Qui aurait pu concevoir une haine assez puissante contre cet homme, ou ce qu’il représentait, pour vouloir lui infliger une fin aussi terrible ?

          Je ne sais pas bien pourquoi je n’avais pas lu le premier roman de Mo Malø. Sans doute était-il sorti dans une période où j’avais beaucoup de nouveautés à lire et où je ne pouvais plus lire assez vite tous les romans qui m’arrivaient. Toujours est-il que bien que j’en ai eu l’opportunité, je n’avais pas accepté de services de presse pour ce roman (oui, je reçois beaucoup de services de presse mais c’est un autre sujet). Mais ayant rencontré l’éditrice à Quai du Polar ce printemps, je me suis laissé convaincre de laisser une chance à Mo Malø et ses polars venus du grand froid.

Couverture du roman Disko de Mo Malo

          Elle a bien eu raison d’insister parce que j’ai beaucoup aimé ce roman et j’ai bien vite regretté de ne pas avoir lu le premier ! Même s’il est tout à fait possible de commencer directement par celui-ci. Si l’enquêteur est un personnage récurent et que quelques allusions sont faites à ce qu’il lui est arrivé dans le roman précédent, les enquêtes sont quant à elles indépendantes. La prose est assez simple mais efficace. Pas de grands effets de style, l’auteur va droit au but et le fait bien. C’est sans chichis mais c’est loin d’être mal écrit pour autant.

          C’est par son histoire que ce roman se fait remarquer. C’est terriblement efficace en plus d’être particulièrement original. On est au Groenland, terre à part s’il en est, où la neige et la glace sont omniprésentes. L’auteur joue de cet univers glacé pour construire son intrigue avec beaucoup d’à propos. C’est très malin. Le paysage se retrouve au cœur de l’enquête, créant une atmosphère très particulière que j’ai beaucoup appréciée. J’ai apprécié que le roman est pour toile de fond des sujets de société comme l’écologie. Il nous permet également d’en apprendre plus sur le pays, aussi bien d’un point de vue politique que concernant ses coutumes. C’est un aspect du livre que j’ai particulièrement apprécié.

          Si je devais émettre quelques réserves, ce serait sur la fin, où l’histoire personnelle du personnage principal prend un tour assez nébuleux. Toutefois, si c’est un peu perturbant sur le moment, ça laisse supposer une suite potentiellement intéressante, avec un homme pour le moins tourmenté. A voir comment cela évolue au fil du temps et si l’auteur parvient à exploiter au mieux ce qu’il commence doucement à mettre en place. De construction assez classique dans l’ensemble, ce roman est un polar efficace dont la grande originalité réside dans son histoire intelligemment écrite. Une belle découverte, 100% Groenland. 

Portrait de Mo Malo

De leur vivant, les hommes parlent beaucoup ; mais ils mentent tout autant. Les dépouilles des défunts, elles, ne font que murmurer ; mais leurs chuchotements sont la vérité même.

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Être flic , cela revenait bien souvent à se contenter que la situation ne s’aggrave pas. A se réjouir que les morts ne s’empilent plus, ni sur la table du légiste, ni dans sa conscience.

Cinéma

Black Coal, un polar chinois aussi beau que déroutant

Drame policier chinois de Yi’nan Diao avec Fan Liao, Lun-mei Gwei, Xue-bing Wang

          En 1999, un corps est retrouvé dispersé dans des tas de charbon. Quand cinq ans plus tard deux hommes liés à la femme de la première victime sont assassinés, l’inspecteur Zhang, qui s’était occupé du premier meurtre avant de quitter la police, décide reprendre du service. 

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          J’avais lu de très bonnes critiques sur ce film. Je dois admettre que je n’étais pas très sure d’avoir envie de le voir, ça me semblait très sombre, mais quand on m’a proposé d’y aller, j’ai accepté. Une décision que je n’ai pas regretté ! Ce film est pour le moins particulier. Il nous sort de nos habitudes et ne ressemble en rien au polar américain auquel on est accoutumé. L’histoire est complexe et peut dérouter. Je dois avouer que pendant un moment, j’ai été un peu larguée dans les méandres de l’enquête mais petit à petit, les choses finissent par se mettre en place et ça fait aussi partie du charme de l’histoire.

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          Mais ce qui est le plus impressionnant dans ce film, c’est son esthétique impeccable. C’est sombre mais incroyablement beau. Il y a des scènes vraiment splendides mais jamais attendues. On ne tombe pas dans la facilité avec les ralentis chers au cinéma asiatique ou les plans serrés interminables, ici la beauté surgit toujours à l’improviste, on est scotchés par la maîtrise de certains plans tout à fait inattendus. J’ai eu l’impression que ce film prenait constamment le spectateur à contre-pied. C’est pour le moins troublant mais également intéressant de se voir ainsi malmené dans ses habitudes.

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          Je ne dirais pas que j’ai adoré ce film, il d’ailleurs fallu un certain temps après l’avoir vu pour me remettre les idées en place et savoir si je l’avais apprécié. La fin, certes impressionnante visuellement, m’a toutefois laissée un peu perplexe, j’ai eu comme l’impression qu’il manquait un petit quelque chose pour clore cette histoire. L’intrigue est originale et bien construite, elle m’a surprise à plus d’une reprise même si je l’ai trouvée assez complexe, au risque de perdre le spectateur (ce qui a bien faille être le cas mais j’ai fini par m’y retrouver). Visuellement, c’est sombre et assez sobre tout en étant étonnamment beau. C’est là sans nul doute le gros point fort de ce film surprenant à plus d’un titre.