Drame japonais de Hirokazu Kore-eda avec Lily Franky, Sakura Andô, Mayu Matsuoka Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…
J’avais tendance à les éviter ces dernières années, mais cette fois, je suis allée voir la Palme d’or. Bon, pour tout vous dire ce n’est pas spécialement le film qui me tentait le plus à ce moment mais les horaires étaient arrangeants, on était quatre et c’était le seul film que personne n’avait vu que tout le monde voulait bien aller voir. On était loin de l’enthousiasme délirant mais pour ma part j’y suis allée sans a priori. Comme je ne suis plus grand chose aux nouveautés ciné, je n’avais aucun avis sur la question, c’est à peine si je me souvenais en avoir entendu parler.
Je dois admettre avoir été légèrement décontenancée durant les premières minutes. Ca faisait un bon moment que je n’avais pas vu de films japonais et, pour autant que je me souvienne, aucun qui se passe dans un milieu aussi pauvre. Et encore moins avec des personnages aussi atypiques, ça va s’en dire. Disons que ça m’a un peu surprise. Il m’a fallu un petit temps d’adaptation avant de savoir si j’aimais bien ou pas. D’autant plus que les personnages ne sont pas de suite sympathiques, il faut apprendre à les apprivoiser.
Je suis malgré tout rentrée assez rapidement dans l’histoire et ces personnages atypiques et quelque peu rustres au premier abord s’avèrent finalement attachants. Malgré leurs différents, malgré leurs désaccords, ils forment tant bien que mal ce qui ressemble finalement à une famille. Il est intéressant de découvrir leur parcours, leurs aspirations, leurs fêlures. Le rythme du film est très lent mais ce n’est pas désagréable de se laisser porter ainsi. La fin est particulièrement émouvante. Je n’ai pas regretté d’être allée voir cette Palme d’Or. Un film atypique et touchant.
Comédie dramatique, romance française d’Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Salim Kechiouche
Adèle est une adolescente qui vit ses premières amours. Malgré les bonnes notes, les copines ou les petits amis, elle a l’impression d’un manque dans sa vie. Lorsqu’elle rencontre Emma, la fille aux cheveux bleus, c’est le coup de foudre. Aussi libérée qu’elle est introvertie, elles vont vivre toutes deux une histoire passionnée.
Cette année, enfin, pour la première fois depuis bien longtemps, le film primé à Cannes me tentait vraiment ! L’histoire de ces deux adolescentes qui s’aiment est tirée d’une BD, Le bleu est une couleur chaude, que j’ai envie de lire depuis un bon moment déjà et dont je n’ai entendu dire que du bien. Le sujet m’intéresse et le personnage de cette fille aux cheveux bleu m’intrigue : une touche de mystère comme je les aime. Après la projection lors du festival on parlait d’une magnifique histoire d’amour, et bien que toujours un peu réticente aux mièvreries, j’étais toute prête à me laisser cueillir et à pleurer d’émotion comme la Madeleine que je suis. Ca faisait donc des mois que j’attendais avec impatience la sortie de cette Palme d’Or un peu particulière, malgré les polémiques qui ont fait rage autour du tournage et dont à vrai dire je me suis à peu près totalement désintéressée. Inutile de vous dire que c’est avec beaucoup d’entrain que j’ai pris mes places en avance pour voir le film le soir-même de sa sortie.
Comment vous dire quel a été mon désarroi quand j’ai compris l’insondable profondeur de l’ennui qui me guettait ? J’ai pensé finir fossilisée sur mon fauteuil avant qu’il ne se passe quelque chose d’intéressant. Par curiosité, j’ai regardé ma montre à un moment donné, le film avait commencé depuis près d’une heure, Adèle n’avait toujours pas rencontré la fille aux cheveux bleus et je songeais déjà à aller retrouver mon lit confortable et le bon livre qui m’attendait sur ma table de chevet… Mais j’ai été courageuse ; j’ai tenu stoïquement jusqu’à la dernière seconde. On est tellement loin de l’exaltation à laquelle je m’attendais ! Comment expliquer pareil décalage entre l’enthousiasme en franchissant le seuil de la salle et la déception à peine quelques minutes après ? Et cela alors même que ce film est bien d’une certaine manière ce qu’on attendait ! Etrange décalage…
Tout d’abord, et c’est sans doute ce qu’il m’a le plus gênée, je n’ai pas du tout aimé la manière de filmer du réalisateur. Il a une manie du gros plan qui m’a franchement tapé sur les nerfs. Ce n’est pas que j’aie quoi que ce soit contre les plans serrés, au contraire, ça peut s’avérer très esthétique, mais de là à couper quasi systématiquement le haut du crâne de ses actrices, il y a de la marge tout de même. Ça me donne la désagréable impression qu’il ne sait pas tenir une caméra et qu’il a raté tous ses cadrage : « tiens elle serait pas mal celle-là mais tu lui as coupé le menton, celle-là aussi mais elle n’a plus d’oreille, ah et là c’est le front qui manque… ». A moins que ce ne soit un nouveau montage fait par vengeance suite à la polémique : « mes actrices ont tellement pris la grosse tête qu’elles ne tiennent même plus sur un écran de cinéma. » Toujours est-il qu’on est abreuvé de gros plans cadrés souvent de manière un peu hasardeuse pendant une bonne partie du film et que je n’avais qu’une envie, c’était que la caméra prenne un peu le large pour me laisser respirer. Une esthétique avec laquelle je me suis donc senti bien peu d’affinités. J’ai d’ailleurs trouvé que de ce point de vue-là le film était assez pauvre, avec des plans répétitifs et un brin monotones. Un peu de variation dans la manière de filmer aurait pu donner un peu plus de souffle il me semble.
Ce qui aurait pu donner plus de rythme également, c’est de couper les scènes interminables, tout simplement. J’en entends déjà certains crier au scandale. Je sais, je sais. Mais bon, le film dure 3h, et franchement, il y a des scènes d’un ennui mortel et d’un intérêt douteux qui aurait sans doute pu être écourtées. Surtout quand elles ont la fâcheuse tendance à se répéter… Honnêtement, dans la première partie, entre les repas en famille type « repasse-moi des spaghettis », les passionnantes discussions entre ados au lycée « vazi l’mec i’t’regarde il est trop canon, chui sure ya trop moyen d’niquer » (veuillez excusez les propos inconvenant mais ce se sont les premiers qui me reviennent à l’esprit) et les premières scènes de sexe (j’y reviens), rien ne nous est épargné. Tout ça avant même qu’on entre dans le vif du sujet ! Disons qu’on aurait peut-être pu écourter le supplice. Si au moins ça dressait un beau portrait du personnage, lui donnait de la consistance, tout ça… Alors certes, certaines questions sont effleurées mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’au bout de cette heure où on voit pourtant Adèle en gros plan quasi en permanence elle ait beaucoup gagné en profondeur. Et pour moi, à part peut-être une pointe d’agacement devant certains tics évidents de réalisation, aucune émotion n’apparaissait à l’horizon.
Heureusement, la rencontre me tenait en haleine. D’ailleurs, je l’ai presque trouvée trop rapide, trop simple d’une certaine manière. Mais je l’ai trouvée belle. C’est un passage que j’ai bien aimé, celui des premiers instants ensembles et de la séduction. D’une forme d’insouciance aussi. Mais très vite, les scènes de sexe arrivent et on verse alors dans la pornographie. Rien ne nous est épargné. On voit leurs ébats point par point en temps réel. J’ai beau ne pas être particulièrement mal à l’aise avec ça, là c’était quand même trop et trop souvent. Choisir de tout montrer pourquoi pas mais bon, ce n’est peut-être pas la peine d’y passer de looooongues minutes à chaque fois qui finissent par déclencher ricanements, commentaires et bâillements dans la salle. A force de longueurs qui se veulent sans doute esthétiques, on tombe souvent dans le chiant ou le ridicule, quand ce n’est pas les deux. Forcément, ça laisse peu de place à l’émotion. Difficile une fois qu’on est dans de telles dispositions de se laisser séduire par une histoire d’amour, aussi émouvante soit-elle.
La deuxième partie du film, plus courte, est bien meilleure que la première (je ne lui ferais d’ailleurs pas les mêmes reproches), même si on reste loin du chef-d’œuvre annoncé. J’ai même versé ma petite larme à un moment, ce qui est surprenant étant donné mon état d’agacement à ce stade ; c’est dire le talent des actrices ! Car oui, elles sont toutes deux exceptionnelles. Adèle est d’un naturel déconcertant, pendant 3h, presque constamment en gros plan, elle crève l’écran. Léa Seydoux n’est pas en reste et livre une très belle prestation dans le rôle de cette femme charismatique. Un incroyable panel d’émotion se lit sur leur visage dans cette deuxième partie, beaucoup plus riche et mieux travaillée. Ici justement le gros plan prend tout son sens, pour transmettre au spectateur les sentiments troubles des personnages. Pas étonnant que cette Palme d’Or ait aussi été la leur. Cette deuxième partie est plus sobre mais je l’ai aussi trouvée bien plus belle ; dommage que la première partie n’ait pas été du même niveau, je n’aurais peut-être pas adoré le film, mais au moins j’aurais bien aimé je pense alors que là je n’ai que quelques images pas désagréables dans un océan d’ennui.
Je dois admettre que je suis terriblement déçue de ne rien avoir de plus positif à vous dire sur ce film. Grosso modo, mis à part les actrices et l’idée de départ, je n’ai pas trouvé grand-chose à sauver et j’en suis la première désolée. Pourtant l’histoire est bien celle que j’attendais, ces deux filles qui s’aiment sont bien là. J’ai juste eu l’impression qu’elle était vue avec d’autres yeux que ceux que j’attendais. Qu’il y avait un énorme décalage de point de vue entre ce que j’espérais et ce qu’a imaginé le réalisateur. Un peu comme si j’avais demandé à un photographe de me prendre une photo d’Etretat et qu’au lieu de prendre la falaise il prenne le côté où c’est plat ; c’est bien le même endroit, ce n’est simplement pas ce que j’avais imaginé. Une sensibilité qui n’est visiblement pas du tout la même que la mienne et qui m’a laissée totalement froide. Une fois de plus, je suis passée totalement à côté de cette Palme d’Or qui m’a laissée perplexe.
PS : un petit mot au passage pour Filou, la séparation fut une épreuve pour moi qui ai un peu de mal avec les engueulades au cinéma !
Après deux semaines de compétition, le jury du festival de Cannes, présidé cette année par Steven Spielberg, a rendu son verdict. Voici les heureux élus du côté des longs métrages :
– La Palme d’or revient à La vie d’Adèled’Abdellatif KECHICHE. Ce film inspiré de la BD Le bleu est une couleur chaude raconte une histoire d’amour entre deux adolescentes.
– Le Grand Prix est pour les frères Cohen avec Inside Llewyn Davis. La vie d’un jeune chanteur de folk dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961.
– Amat Escalante reçoit le Prix de la mise en scène pour Heli. Au Mexique, la famille d’Estela, une jeune fille de 12 ans est prise dans un engrenage de violence lorsqu’elle celle-ci tombe amoureuse d’un jeune policier impliqué dans un détournement de drogue.
– Le Prix du Jury revient à Kore-Eda Hirokazu pour Soshite chichi ni naru. La vie de Ryoata et sa femme bascule le jour où ils apprennent que leur enfant a été échangé avec un autre bébé à la naissance.
– Le Prix du scénario est pour Jia Zhangke avecTian zhu ding. Quatre personnages, quatre provinces, un seul et même reflet de la Chine contemporaine : celui d’une société au développement économique brutal peu à peu gangrenée par la violence.
– Le Prix d’interprétation féminine a été remis a Bérénice Béjo pour sa prestation dans Le passéd’Asghar Farhadi. Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille.
– Le Prix d’interprétation masculine a quant a lui été décerné à Bruce Dern pour Nebraskad’Alexander Payne. Un vieil homme, persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain. Sa famille, inquiète de ce qu’elle perçoit comme un début de sénilité.
Vous pouvez retrouver l’intégralité du palmarès, avec les prix du court métrage, le palmarès Un certain regard et les prix de la Cinéfondation ici.
En ce 65° festival de Cannes, le jury présidé par Nanni Moretti a récompensé un cinéma plutôt classique et visiblement assez austère. Un retour à une certaine sobriété que pour ma part j’apprécie après l’originalité débordante des années précédentes. Extrait des récompenses :
Palme d’Or
AMOUR réalisé par Michael HANEKE
Grand Prix
REALITY réalisé par Matteo GARRONE
Prix de la mise en scène
Carlos REYGADAS pour POST TENEBRAS LUX
Prix du scénario
Cristian MUNGIU pour DUPÃ DEALURI (AU-DELA DES COLLINES)
Prix d’interprétation féminine
Cristina FLUTUR dans DUPÃ DEALURI (AU-DELA DES COLLINES) réalisé par Cristian MUNGIUCosmina STRATAN dans DUPÃ DEALURI (AU-DELA DES COLLINES) réalisé parCristian MUNGIU
Prix d’interprétation masculine
Mads MIKKELSEN dans JAGTEN (LA CHASSE) réalisé par Thomas VINTERBERG
Prix du Jury
THE ANGELS’ SHARE (LA PART DES ANGES) réalisé par Ken LOACH
La plupart de ces films me tentent, vous les retrouverez donc surement bientôt sur ce blog. Et tpour le reste du palmarès, c’est par là.
Drame américain de Terrence Malick avec Brad Pitt, Sean Penn, Jessica Chastain.
D’après le synopsis, c’est l’histoire de Jack, qui alors qu’il va devenir père, repense à son enfance : un père autoritaire, une mère aimante et deux frères avec qui il a fallu partager l’amour de celle-ci. Un drame va venir tout bouleverser et remettre en cause son existence. Arrivera-t-il à ne pas reproduire le modèle de ce père trop dur avec lui ? Une réflexion sur la famille avec en toile de fond de belles envolées lyriques sur la naissance de l’humanité.
Et dans la dure réalité ? Si vous cherchez une histoire, vous risquez de la chercher longtemps. Je ne sais pas où les journalistes sont allés chercher que la femme de Jake était enceinte, elle passe tellement vite à l’image que c’est à peine si on a le temps de la voir. D’ailleurs, on ne voit guère plus Jack adulte. Je serais curieuse de savoir combien a touché Sean Penn pour ses 5 minutes d’apparition à l’écran.
On nous laisse entendre que le pauvre petit a été martyrisé par un père tyrannique. Finalement, c’est plutôt un type bourru qui veut le meilleur pour ses enfants et ne sait pas comment les emmener vers la réussite autrement qu’en les élevant « à la dure ». Un père aimant à sa manière mais qui ne sait pas le montrer. Dans l’Américaine des années 50, celui qu’on nous présente comme un monstre d’autorité devait plutôt passer pour un coeur d’artichaut. Il y a bien un drame, mais il n’est qu’évoqué au début et on ne revient jamais dessus. Le film tourne autour du pot sans jamais en venir au but. Voilà pour la partie vie de famille : une histoire d’une banalité sans nom dont le seul aspect intéressant est à peine esquissé.
L’envolée lyrique sur la création du monde maintenant. Eh bien elle on ne peut pas la rater ! C’est indéniable, elle est bien là. On se demande bien ce qu’elle y fait d’ailleurs. Pendant une bonne demie-heure, les images de coulées de lave, brins d’herbes, fonds sous-marins, cosmos et dinosaures dans une forêt (!!!!) se succèdent sur fond de chants religieux. C’est beau, certes, mais ça n’a rien à faire dans une histoire qui a déjà bien du mal à convaincre toute seule.
La première demi-heure du film est d’un ennui mortel : à peine 10 phrases prononcées. Tout est décousu, on passe du coq à l’âne (dans ce cas précis, respectivement Sean Penn et Brad Pitt) en permanence, seules des bribes de pensées des personnages nous parviennent, souvent sous forme de prière. Bref, c’est fatigant.
Ensuite, on passe au fameux passage sur les merveilles de la nature et les grands dinosaures. Jusque là la moitié de la salle somnolait, ça a au moins eu le mérite d’attirer l’attention de la foule. Attention qui s’est vite transformée en agacement, puis en effarement croissant. Quelques personnes ont quitté la salle à ce moment-là. Les autres sont restées pour voir jusqu’où on allait bien pouvoir sombrer dans la connerie. Et là, il s’est passé une chose incroyable. Une expérience cinématographique intense. Terrence Malick a réussi à perdre tous les spectateurs en même temps. Nous étions encore physiquement présents mais pas un n’était encore dans le film. Les gens ont commencé à discuter, se lever pour aller chercher à manger, ont été pris de rires nerveux compulsifs. Il est si rare de sentir une telle osmose dans toute la salle ! Partager avec son voisin son ressenti sur le film sans que personne ne s’offusque de la gène occasionnée. Et puis ce sentiment d’être en train de vivre ensemble quelque chose de fort : le visionnage (mot qui soit dit en passant ne semble pas exister ; d’après le tlfi, qui a toujours raison, on dit visionnement, je me permets donc volontairement un néologisme) d’un des pires films de tous les temps.
Après les dinosaures sont partis, il y a eu un moment qui ressemblait presque à un film pas trop raté (voire même plutôt réussi) : l’histoire d’une famille avec un gamin insupportable et un père un peu con. Mais le mal était fait. Il n’y avait plus de retour en arrière possible. On est ensuite repartis dans un délire mystique histoire de bien finir. On a tous regretté que les dinosaures ne refassent pas leur apparition pour clôturer en beauté. Je trouve qu’il y a eu un léger manque de créativité de ce côté-là…
A ça s’ajoute la soupe religieuse qu’on nous sert au passage : tous les gens sont gentils au fond d’eux et il faut tous les aimer. Dieu est grand, la vie est belle. Il faut souffrir pour accéder au bonheur. Je vous en passe, et des meilleures. Le seul personnage sympathique de ce film est une pub à elle toute seule pour la nouvelle édition de la Bible. Je n’ai pas compris où il voulait en venir avec son film sous forme de prière hallucinatoire. J’ai bien peur que ce soit à prendre au premier degré : du bourrage de crâne religieux. C’est fait de manière tellement ridicule qu’on se demande même comment c’est possible d’en arriver là.
Un petit tour d’horizon rapide des points positifs tout de même. Le choix des acteurs est excellent. Je suis une inconditionnelle de Sean Penn, que ce soit en tant qu’acteur ou que réalisateur, difficile de juger de sa prestation ici tellement ses apparitions sont brèves. Brad Pitt, pas au summum de son élégance, est également très bon, comme à son habitude. Il écope d’un assez beau rôle. Je me demande toutefois si tous deux ont accepté le projet de leur plein gré, si on les a drogués avant ou s’ils avaient une arme braquée sur la tempe. Mais que sont-ils donc allé faire dans cette galère ? Jessica Chastain, dont c’est le premier rôle, est une découverte prometteuse. Une belle femme qui semble être doublée d’une bonne actrice. Elle a tourné dans 7 ou 8 autres films depuis le tournage de celui-ci et nous aurons donc l’occasion de la voir souvent à l’écran prochainement, en espérant que son talent se confirme.
La musique, issue du répertoire religieux, est souvent très belle et impressionnante apposée aux images de chaos. De belles images également dans l’ensemble. Quant à ce qui est du semblant « d’histoire », l’idée d’un homme se questionnant sur ce qu’est la famille avant de devenir père à son tour était bonne. On aurait pu en faire un grand film, à la fois dur et émouvant. Les acteurs sont excellents. Félécitations aussi à celui qui a fait la bande-annonce qui donnait teriblement envie, ç’a a dû être dur de trouver 2 minutes de potables dans tout le film et d’en faire quelque chose.
En résumé, une Palme d’or bien peu méritée. Un film incompréhensible sur fond d’obscurantisme religieux. Un délire digne d’un schizophrène qui aurait fumé un champ entier de pavot avant de se plonger dans une cuve d’absinthe (j’en profite pour signaler que la boisson de poètes maudits est à nouveau autorisée à la vente en France, après un siècle d’interdiction). Comme toujours, quand on ne comprend pas, on est tenté de crier au génie, voie qu’a visiblement choisie le jury cannois. D’autres ont parlé de nanard. Ce n’est pas non plus le terme que j’emploierais. Ce film n’est pas à proprement parler un navet. Il est foisonnant, les acteurs sont bons, il regorge d’idées – bonnes ou moins bonnes. Non, ce film n’est pas un navet, c’est simplement un énorme plantage. On attendait avec impatience le dernier chef-d’oeuvre du grand Terrence Malick, réalisateur si peu prolifique. Eh bien cette fois il est allé trop loin. Le génie ne suffit pas, et ce n’est pas parce qu’on est un grand nom du cinéma qu’on peut se permettre n’importe quoi. Il a perdu son public en route. La Palme du plus gros ratage de l’histoire du cinéma et de film le plus inutile de tous les temps.
Fait rarissime : le film (qui dure 2h15, rappelons-le), a été abondamment sifflé à la fin de la projection.
– « Le sublime s’épuise en gaga new-age inquiétant. » Libération
– « The Tree of Life, le cinquième film de l’Américain, attendu depuis si longtemps, est d’une présomption tour à tour effrayante, dérisoire et bouleversante. (…) Un objet d’une difformité cosmique (et parfois comique), qui peut diviser un public et même un spectateur, entre émerveillement et exaspération. » Le Monde
– « Terrence Mallick fidèle à lui-même, livre un film-monument qui s’égare dans un symbolisme fumeux. » Télérama
– « Bel exercice de branlette cinématographique. »
– « J’ai eu envie de me pendre à « l’arbre de la vie » ! »