Mes lectures

Florida, Olivier Bourdeaut

« Ma mère s’emmerdait, elle m’a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s’est vengée. »
Enfant, Elizabeth est une mini-miss exploitée par sa mère. Au fil des concours, la fillette ressent de plus en plus de rancœur envers ses parents. Comprenant qu’il lui faut maîtriser son corps si elle veut être maître de son destin, la jeune femme entame sa transformation physique tout en préparant sa vengeance.

Ne trouvez- vous pas cocasse que dans un pays de gagnants, ma malédiction soit d’avoir un jour gagné ?

Je me suis attaquée à ce roman en ayant en tête l’excellent souvenir du film Little miss sunshine (qui commence à dater sérieusement, je vous l’accorde). Je n’avais rien lu de l’auteur dont le premier roman avait beaucoup fait parler de lui, je me suis dit que ce serait l’occasion de découvrir. Je restais toutefois un peu méfiante, une histoire de mini-miss écrite par un homme, n’étais-ce pas un peu casse-gueule ? Difficile de n’être ni voyeuriste ni de blâmer les jeunes participantes qui bien souvent n’ont pas choisi de se retrouver là.

Couverture du roman Florida d'Olivier Bourdeaut

Finalement, ça se passe plutôt bien et l’auteur parvient à éviter les principaux écueils. Il marque avant tout par son style corrosif et – il faut bien le dire – très drôle. Ce livre n’est probablement pas à mettre entre toutes les mains : les cyniques qui apprécient l’humour au vitriol se régaleront, les autres feront sans doute mieux de passer leur chemin. Pour ma part, j’ai trouvé ça jouissif. Particulièrement le début, qui m’a bien accrochée, par la suite c’est plus bancal et l’humour ne fonctionne pas toujours aussi bien.

Je n’y connais rien en mini-miss mais pour le peu que j’en sais, ça a l’air assez proche de la réalité. Les concours ne sont pas décrits par le menu, c’est plutôt l’ambiance générale qui ressort, agrémentée de quelques anecdotes choisies. Tout le monde en prend pour son grade, les parents avant tout. Le roman va plus loin et tente de montrer les dégâts causés par cette enfance sous le feu des projecteurs. J’ai trouvé la deuxième moitié beaucoup moins réussie. Ca peine à garder son souffle, ça patine, difficile de rester sur le rythme effréné du début sans tomber dans la caricature.

Les errances de notre miss devenue adolescentes semblent parfois ubuesques. Elles ne vont jamais jusqu’à être totalement invraisemblables et gardent une forme de logique, basée sur le fait d’avoir grandi dans le culte du corps, un mélange de haine et de soi et de besoin de contrôle. Si ce n’est pas dénué de cohérence, ça ne fait pas dans la finesse et ça devient plus malsain que drôle. Pour autant, je n’ai pas trouvé que cela gâchait totalement le roman qui reste une critique plutôt bien sentie de notre société, malgré quelques faiblesses que le style ne parvient pas toujours à masquer. Malgré manque de finesse et d’inspiration sur la longueur, un roman incisif et dans l’ensemble assez convaincant.

Portrait d'Olivier Bourdeaut

Rien n’est jamais simple avec l’orgueil. Je commençais sérieusement à haïr ma mère mais je voulais encore lui offrir un succès. Je me détestais mais je voulais encore qu’on m’aime.


Ce soir normalement il y aura des journalistes, enfin j’espère, j’en ai invité une tonne, il y en aura bien deux ou trois. C’est comme les orgasmes ces gens-là, on en attend toujours plus, et il n’y en a jamais assez.

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