Drame français de François Ozon avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot
Isabelle a 17 ans, elle est jeune et jolie et vit l’âge des premiers amours dans une famille qui l’aime. Mais alors que tout semble aller pour le mieux dans sa vie, elle sombre dans la prostitution ; son portrait en 4 saisons et autant de chansons.
Je ne suis pas une toujours inconditionnelle du cinéma de François Ozon, que je trouve un peu inégal, et qui parfois m’exaspère. Mais je reconnais à ce réalisateur un talent certain et de l’inventivité. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il se renouvelle. Quel rapport en effet entre 5 x 2 et Potiche, Le temps qui reste et Dans la maison ? Il n’a pas peur de casser son image et de s’essayer à de nouveaux genres. Je vais généralement voir ses films, d’autant plus que le sujet de celui-ci me tentait bien. Je craignais un peu que ce film ne vire au vulgaire, mais ce n’est jamais le cas, bien que les scènes de sexe soient nombreuses et filmées de manière directe ; une certaine esthétique permet que ça ne vire au glauque sans pour autant en jouer démesurément. J’ai par moments trouvé quelques faiblesses au scénario mais les acteurs s’en sortent suffisamment bien pour nous les faire vite oublier.
J’ai été assez surprise par la façon dont la question de la prostitution est abordée dans le film . Je m’attendais à une manière plus brutale de traiter de le sujet. En effet, si c’est filmé de manière crue et que les passes de la jeune Isabelle avec des hommes trois fois plus vieux qu’elle ne nous sont guère épargnées, en revanche on en sait finalement très peu sur les états d’âmes de la jeune fille. J’ai trouvé ça un peu dommage. Le sujet se prêtait à un personnage torturé et finalement le personnage est assez lisse. On ne sait même pas au juste comment elle en arrive là, à part par curiosité peut-être.
D’un côté cette banalité est intéressante, elle offre un regard nouveau sur la prostitution, qui est ici surtout un prétexte à l’étude des relations familiales. Finalement, ce n’est presque qu’un secret de famille parmi d’autres, une erreur de jeunesse comme on en fait tous, et c’est la manière de gérer cette crise qui est au cœur de l’histoire. Etant férue de films engagés, bien que trouvant cette sorte de détachement osée, je n’ai pu m’empêcher de regretter que la psychologie du personnage ne soit pas plus fouillée et qu’il n’y ait pas une esquisse de réflexion sur la prostitution volontaire. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas ! Un film réussi dont le sujet délicat est traité avec habileté ; il manque un peu d’épaisseur pour réellement marquer durablement mais on passe un bon moment.