Les cheveux : longs ou courts, lisses ou crépus, raides ou frisés, bruns, blonds, roux… au naturel ou habilement coiffés, ils font partie de nous et peuvent être un reflet de ce que nous sommes. Pas toujours futile, la coiffure est aussi un reflet de la société et y joue un rôle à part entière. Les cheveux peuvent prendre part à divers rituels comme celui du deuil ou se faire talismans ou trophées. Alors, le cheveux, frivole ou porteur de symboles ?
Je suis allée voir cette exposition, très intéressée par la fonction sociologique du cheveux. Pourquoi les blondes sont perçues comme séduisantes et les brunes intelligentes ? Pourquoi certains peuples considèrent les cheveux comme symboles de force ? Quelle image de nous renvoie notre chevelure ? Moi qui ne suis pourtant pas très attentive à ma propre crinière, je trouve cet aspect de la chose autrement plus intéressant que « je me lisse les cheveux tu crois ? non parce que ça me va mieux mais il pleut, ils risquent de refriser, je ne sais vraiment pas quoi faire, c’est une ca-ta-stro-phe », ou autres considérations qui me laissent pantoise. Mais parlez-moi sociologie et me voilà de nouveau l’oeil vif et la truffe fraîche, prête à aller courir dans l’immense champ des sciences humaines.
Et en vrai, qu’est-ce que ça donne ? J’ai été extrêmement déçue par le début de cette exposition. Les représentations, essentiellement féminines mais pas seulement, s’enchaînent sans qu’on n’y trouve de réel lien : un alignement de bustes classiques (avec des coiffures impressionnantes, évidemment), une sélection de tableau qui s’enchaînent sur un écran, une série de photographies sur les variantes de la coupe afro… Certes, tous ces gens ont bien des cheveux mais de là à y trouver un intérêt autre qu’esthétique… On commence donc par regarder en ce demandant où tout ça peut bien mener. Certes, on nous montre des représentations de cheveux de toutes sortes et de toutes les époques mais je ne vois pas bien en quoi cet étalage est pertinent : on a la plupart du temps des cheveux sur la tête et par la force des choses, ils font partie intégrante de l’art du portrait, pas de quoi s’extasier. Pour ceux qui l’ignorent, je suis fascinée par les représentation de chevelures, ce qui a à peine suffit à tempérer ma grande perplexité. Il manque à cette première partie des commentaires, même si j’admets que cela est difficile étant donné le large panels de représentations. Peut-être eut-il mieux valu faire plus ciblé et approfondir plus. J’aurais adoré par exemple un topo sur l’importance de la coiffure au 17° siècle pour aller avec les sculptures d’époque. Ou sur le rapport coupe afro/tresses.
Dans un deuxième temps, on passe à des représentations par grandes familles de cheveux : quelques blondes célèbres, quelques brunes, quelques rousses. Là encore bof, c’est joli, on sait qu’il y a de belles femmes en tous genres et à toutes les époques (des moches aussi, Yvette Horner faisant partie de la sélection…). Un petit blabla est fait sur « blondes superficielles, brunes réfléchies, rousses incendiaires ». C’est bien mignon de faire un tour d’horizon des clichés mais moi je voulais connaître, l’origine, voire l’évolution, j’en voulais plus moi !!! Si j’avais osé j’aurais fait un caprice en plein musée et tapé du pied en pleurant pour qu’on m’explique tout ça ! J’ai écouté un bout de visite guidée pour voir mais c’était aussi creux que les panneaux « explicatifs ». Sniffff… Un point positif tout de même, la présente d’une superbe liseuse, vue il y a fort longtemps dans l’exposition « Mélancolie » et qui décidément est toujours aussi belle.
Heureusement, la deuxième moitié est autrement plus intéressante. On découvre enfin une fonction au cheveux : bien sûr, le cheveux rasé pour désigner la femme adultère (ou celle qui a couché avec un Allemand en 39-45), les femmes qui ne se coiffent pas pendant la durée du deuil à Madagascar, la mèche de cheveux comme souvenir… Les explications sont un peu plus fournies et nous permettent de comparer un peu les différentes perception du cheveux dans les différentes cultures. Enfin, la partie la plus impressionnante est bien sûr celle sur les talismans, scalps et têtes réduites. Chaque fonction est expliquée clairement et largement représentée. On en prend plein la vue, on apprend plein de choses. C’est trop chouette !!!! Il était temps, je désespérais ! Mais cette seconde moitié rattrape largement le côté décousu de la première qui est à peu décousue et assez légère ; notons toutefois que les concepteurs de l’exposition l’ont appelé très justement « Frivolité » (ils ont mis un « ? » que je me permets de retirer), on est prévenus. Toutefois cette partie regroupe les oeuvres n’appartenant pas au musée, ni même à son champ habituel d’études, ce qui représente une ouverture tout à fait louable même si la réussite est à mon avis mitigée.
Une exposition inégale, un peu fourre tout et très éclectique. L’avantage, c’est que chacun y trouvera son compte tant les aspects abordés sont variés. Le Quai Branly est spécialisé dans les arts primitifs et c’est bien dans cette partie qu’il excelle avec une mise en place passionnante et très impressionnante. Alors au final on y va ou pas ? On y court !!!
Musée du Quai Branly
37, quai Branly
75007 Paris
L’expo est présente pour combien de temps? Elle me tente bien, algré visiblement le côté brouillon et fourre-tout de la première partie. En tous cas, merci pour ce compte-rendu car sinon je pense que je n’en aurais pas du tout entendu parler!
C’est vrai qu’on n’en a pas trop parlé et puis le titre n’inspire pas forcément des masses non plus. Mais c’est une belle expo, elle est à voir jusqu’au 14 juillet, ça laisse le temps ! 🙂
Bonjour
Avez vous déjà lu des livres qui traitent plus précisément des différentes fonctions sociales du cheveu ? Auriez vous des références à m’indiquer s’il vous plait ?
Un grand merci par avance.
Bonjour,
Non, malheureusement je ne suis pas très calée sur le sujet… Je n’ai rien lu qui s’y rapporte. Il est peut-être possible de trouver des références sur le site du musée de Quai Branly. Désolée de ne pas pouvoir vous en dire plus.