« Silence quand il entra, pas un regard sur lui – il aurait pu être un fantôme. Dehors il pleuvait froid, c’était la tempête. Dockers et pêcheurs désoeuvrés : si cette assemblée d’hommes ne vous dissuadait pas, c’est que vous cherchiez les histoires. On ne poussait jamais par hasard la porte de l’Anchorage Café, surtout en plein hiver austral, quand les rafales soufflées de l’Antarctique tourmentaient sans répit le sud de la Nouvelle-Zélande. On apercevait d’ici la fumée blanche des déferlantes qui saccageaient depuis deux jours les eaux pourtant abritées de Bluff Harbour. Au large, c’était l’enfer. »
C’est avec beaucoup de curiosité que j’ai ouvert ce roman qui nous amène bien loin, en Nouvelle-Zélande, tout au sud du l’île du Sud. On y rencontre un français qui a traversé l’île à pieds et semble venu là pour se perdre loin de tout, dans une terre inhospitalière où l’hiver est une longue succession de tempêtes. Il est rapidement embauché sur un petit bateau de pêche en compagnie d’un vieux marin du coin et d’un géant taiseux. Autant vous dire qu’il n’y a pas masse de grands dialogues ! Je ne sais trop que penser de ce roman. Je crois que j’ai plutôt bien aimé mais j’ai aussi connu quelques moments d’ennui durant cette lecture.
C’est dans l’ensemble assez lent, sans doute un peu trop à mon goût. Un chapitre particulièrement assommant m’a semblé être une redite du Vieil homme et la mer. D’autres sont plus réussis. C’est toutefois bien écrit et il y a de beaux passages. On alterne les chapitres sur le bateau et des chapitres sur de grands navigateurs du Pacifique ou sur la culture maori. En soi, c’est intéressant mais ça tombe parfois comme un cheveu sur la soupe. Le résultat est un peu brouillon, j’ai eu l’impression que l’auteur voulait caser trop de choses dans son roman et perdait de vue l’essentiel. J’ai toutefois beaucoup aimé l’histoire principale, sur le bateau de pêche, tout en sobriété mais qui prend au tripes. Rien que pour ça – et malgré certains défauts – ce roman méritait d’être lu.
Les hommes pêchèrent toute la matinée, traçant et retraçant le même sillon à portée de rivage.A chaque virement, Rongo Walker posait un pied dehors pour observer le français. Prendre un bleu à son bord, c’était toujours à quitte ou double.
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Les Polynésiens, trois choses nous importent : un lopin de terre où bâtir son Fare, un coin de lagon pour la pêche, une montagne à cultiver.