Musique

Me and that Man

          Je parle rarement de musique ici mais il y a un peu plus d’un an j’ai découvert ce groupe avec son premier album et j’avoue que j’ai beaucoup aimé. Depuis, il quitte rarement mes écouteurs. Il est donc plus que temps de vous en parler brièvement, même si je suis très loin d’être une spécialiste des questions musicales. Je vais faire au mieux, soyez indulgents.

Songs of love and death

          Il s’agit d’une collaboration entre Nergal – de Behemoth, un groupe de black metal polonais – et John Porter, musicien anglais qui touche plutôt à la folk, la country et le blues. C’est plutôt dans cette veine que se situe Me and that man et leur premier album, Songs of love and death. Tout ce que j’aime ! Ils revendiquent des influences de Johnny Cash, Nick Cave ou encore Leonard Cohen, ce qui n’est franchement pas pour me déplaire.

Songs of love and death

          J’ai trouvé que cet album fonctionnait très bien, avec un univers sombre et mélancolique mis en relief par la voix de Nergal que je trouve juste sublime – celle de John Porter n’est pas mal non plus, même si ce n’est pas le même frisson en l’écoutant. Tous deux sont à la fois de bons chanteur et de bons musiciens et l’album s’avère très cohérent. Je regrette vraiment de les avoir ratés en concert. Ils livrent une musique impeccable et des clips travaillés. Si ça reste relativement classique dans l’ensemble, ça fonctionne très bien et je ne me lasse pas de les écouter.

 

Musique

Les nuits de l’Alligator

           Ceux qui me suivent le savent sans doute, bien que vivant à Paris où l’offre ne manque pas, j’assiste à très peu de concerts. C’est sans doute un tort, mais je suis un peu noyée sous l’offre, les prix sont parfois prohibitifs, je n’arrive pas toujours à me faire accompagner, autant de raisons de me tourner vers des formes de culture qui me sont plus familières. J’essaie pourtant de profiter d’être dans la capitale pour faire un effort de temps en temps. Ainsi, j’ai participé il y a peu à un concours organisé par les Inrocks et contre toute attente, j’ai eu l’immense chance de gagner deux places pour les Nuits de l’Alligator à la Maroquinerie.

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          Au programme des festivités, Sarah McCoy (c’est en espérant voir cette drôle de femme à la voix belle et puissante que j’avais participé) et Bror Gunna Jansson. The Strusts étaient également au programme mais n’étant pas restée jusqu’à la fin, je ne vous en parlerai pas. J’attendais avec impatience Sarah McCoy, chanteuse hors normes, et j’ai un peu regretté qu’elle partage la scène ce soir-là avec des gens dont je n’avais jamais entendu parler. Et puis Bror Gunna Jansson est arrivé. Seul sur scène avec une batterie et une guitare. Véritable homme orchestre à lui tout seul, il a une voix un rien éraillée qui ne laisse pas indifférent. Une performance que je ne suis pas prête d’oublier ! Le suédois propose un univers folk assez sombre et d’une rare beauté. J’ai été totalement subjuguée par son talent. J’aurais bien acheté son CD à la sortie (d’autant qu’il le vendait lui-même, certains vont encore dire que je ne suis décidément jamais sur les bons coups…) mais je n’avais malheureusement pas de monnaie sur moi. Maintenant que je sais qu’il n’est pas sur Deezer et que ces disques sont parus respectivement à 100 et 50 exemplaires, je m’en mords les doigts !

          Sarah McCoy a encore fait monter le niveau d’un cran si cela est possible. La chanteuse originaire de la Nouvelle-Orléans a une voix à couper le souffle. Bien que connaissant un peu son univers, je me suis laissée surprendre par les premières notes et j’ai vu ceux qui n’étaient pas préparés retenir leur souffle quelques instants face à la puissance de sa voix. La jeune femme est de plus une bête de scène : elle sait accaparer son auditoire comme personne ! Le temps passe à toute vitesse en sa compagnie et on a envie d’en redemander encore et encore tant elle est fascinante. Une prestation de haute volée qui laisse muet d’admiration ! Nous sommes partis ensuite, d’une part parce que la faim nous tenaillait, d’autre part parce que nous ne voyions pas comment le groupe suivant aurait pu avoir ne serait-ce que la moitié du talent de ces deux-là. Merci aux Inrocks de m’avoir permis d’assister à ce concert aussi rare qu’exceptionnel. 

Cinéma

Inside Llewyn Davis

Drame musical américain de Joel et Ethan Coen avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake

21005275_20130927183847948          Llewyn Davis essaie tant bien que mal de gagner sa vie avec la musique folk. Sans adresse fixe, il va d’un canapé à l’autre sa guitare à la main. Il espère avoir une audition avec un grand nom de la musique pour enfin avoir une chance d’en vivre réellement.

inside-llewyn-davis-10897366racgs_1713          Le sujet de ce film de tentait beaucoup. Je trouve que la musique est toujours un sujet porteur, elle permet de créer une ambiance marquée et d’éviter par la même occasion les écueils des violons habituels. J’aurais tendance à dire qu’on y est donc doublement gagnant ! Et puis j’aime bien la folk et le personnage me semblait poétique, la bande-annonce était pleine de promesses. Je dois avouer que je n’ai guère été déçue. Je ne suis pas une inconditionnelle du cinéma des frères Coen qui me semble parfois froid et dont l’humour est quelquefois déroutant. Cette fois je suis rentrée très vite dans leur univers avec ce personnage tendre et mélancolique.

inside-llewyn-davis-justin-timberlake-carey-mulligan           Ce musicien raté, qui joue dans de petits bars, dors sur le canapé des copains quand ils veulent bien de lui et faits de petits boulots à l’occasion parce qu’il faut bien survivre, est l’anti-héros américain. Un peu désabusé, c’est une Amérique plus sombre et inégalitaire qu’on voit à travers ses yeux. Elle a son charme pourtant, on sent bien que pour rien au monde il ne rentrerait dans le moule, ne voudrait de la vie bien rangée, d’un travail tranquille et d’une vie dans un pavillon de banlieue. La vie de bohème n’est pas facile tous les jours mais avec elle, aucun risque de tomber dans l’ennui.

inside-llewyn-davis-oscar-isaac          Les frères Cohen ne jugent pas les personnages qu’ils nous donnent à voir. Ils ne donnent pas les clefs pour les appréhender mais laissent au contraire le spectateur tirer ses propres conclusions, ne lui disant jamais que penser. L’atmosphère est particulière, les images aux tons assez froids et un peu patinés paraissent comme vieillies, ce qui leur donne un charme certain et contribue à nous plonger dans cette Amérique des années 60 loin des clichés hauts en couleur. J’ai particulièrement apprécié que les chansons aient beaucoup de place dans ce film et ne soient pas coupées, on les entend en intégralité – ce qui n’a pas été sans me rappeler mon énorme coup de cœur de l’année, Alabama Monroe. Sur le moment j’ai été surprise par la fin quelque peu abrupte mais avec le recul, elle est dans la continuité de l’histoire. Les frères Coen nous livrent un film mélancolique et esthétique où la musique tient une place de choix : du grand cinéma.