Le témoignage de 3 femmes (Carole Richard, Mathilde Cartel, Amélie Rousset) qui ont vécu de longues années auprès de pervers narcissiques qui les ont totalement étouffées. Comment devient-on une femme harcelée par son propre mari ? Comment peut-on ne pas s’en apercevoir ? On pourrait se laisser aller à penser que seule des femmes faibles ou stupides peuvent se laisser prendre au piège ; pourtant, il n’en est rien, chacune est on ne peut plus saine d’esprit. Ces trois femmes ont simplement fait un mauvais choix au mauvais moment et se sont retrouvées piégées sans s’en rendre compte.
J’ai beaucoup aimé ces témoignages. Les histoires alternent, évitant la monotonie. On suit en parallèle chaque rencontre, chaque début de violence, puis peu à peu chaque prise de conscience. Il est intéressant de voir à quel point ces histoires peuvent se ressembler malgré des conditions et des parcours très différents. Le schéma de ces hommes semble toujours le même, et redoutablement efficace. Ils font preuve d’une rare persévérance et peuvent se montrer prévenants de longs mois durant avant de ferrer leur pauvre victime. Les violences commencent peu à peu, insidieuses d’abord : paroles dévalorisantes, jalousie excessive, petites mesquineries… plus appuyées par la suite avec des insultes, et parfois même des coups. Cette lente escalade se double d’une dévalorisation qui ôte petit à petit à la femme qui en est victime toute confiance en elle.
Ces hommes peuvent pourtant se montrer charmants, même si cette capacité semble s’amoindrir au fil du temps. Ce changement constant de comportement sème le doute, d’autant plus qu’il démontrent un aplomb qui manque totalement aux compagnes qu’ils s’acharnent à brimer depuis tant d’années, allant jusqu’à les éloigner de famille et amis afin de mieux les tenir sous leur coupe. Un piège subtil, extrêmement bien décrit. En lisant ces témoignages, on comprend le cheminement de ces femmes qui se sont laissées détruire sans s’en apercevoir. Sans diaboliser leur compagnon, ni se poser en simple victimes, elles analysent pour nous leur parcours difficile avec un recul qui nous permet de mieux les comprendre. L’écriture est sans prétention mais reste agréable, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce type d’ouvrages. On ne sombre jamais dans un pathos excessif ou un concours d’anecdotes sordides, le ton reste assez neutre et il n’y a pas plus d’exemples que nécessaire ; une retenue qui fait la force de ce texte. Des témoignages édifiants qui permettent de mieux comprendre le fonctionnement des pervers narcissiques et ne laisse aucun doute quant à la chose à faire face à eux : fuir le plus vite possible. Un livre agréable à lire et très intéressant, à mettre entre toutes les mains.

Certains hommes se comportent avec les femmes comme si elles étaient des pommes. Ils les mangent, et à la fin ils jettent le trognon… »
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Il me fait souvent remarquer que je passe trop de temps le soir à raconter des histoires aux enfants : je les empêche de dormir et je les gâtes trop. Et en effet, je finis par croire que je suis une mauvaise mère.
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Mon bébé dans son fauteuil, avec un biberon suspendu par une corde, à portée de sa bouche, sans son père à ses côtés. Vision d’horreur ! (…) Jean, en revanche, a été très content de son innovation.
Ce livre est paru aux éditions Eyrolles dans la collection « Histoires de vie ». 200 pages. 15€.