Toute cette affaire n’avait au départ l’air de rien : un gamin fugueur qui se réfugie dans un cabanon et se nourrit en se servant dans les placards d’une vieille dame. Mais quand le shérif Walt Longmire essaie de ramener Cord chez lui, il se retrouve face à une propriété gardée par des miradors qui abrite une communauté polygame. Et tout ce petit monde, orchestré par un patriarche habile et un homme de main au passé trouble, affirme ne rien savoir de l’adolescent. Le shérif s’engage alors avec son équipe dans une enquête très glissante dont ils ne ressortiront pas indemnes.
De Craig Johnson, je n’avais lu que Little Bird il y a quelques années, que j’avais beaucoup aimé : un grand soin apporté aux relations entre les personnages et une nature omniprésente à laquelle l’auteur rend un bel hommage. J’ai aussi beaucoup aimé ce roman-ci. On pourrait penser qu’on est dans la même veine puisque c’est une autre enquête du shérif Walt Longmire. Toutefois, ce n’est pas loin d’être le seul point commun, c’est assez différent sur les thèmes abordés même si c’est encore une fois une peinture intéressante du fin fond de l’Amérique.
Cette fois, l’enquête qui semblait au premier abord totalement anodine, va amener notre shérif du côté de l’Eglise apostolique de l’agneau de Dieu. Et ce ne sont pas exactement des anges qui s’y trouvent. Ils vont s’avérer coriaces, paranos et très bien armés. C’est dans l’ensemble assez drôle, avec une belle galerie de personnages dont certains ne manquent pas de poésie. J’ai bien aimé la manière dont l’auteur se sert de l’intrigue et la communauté où elle prend place pour décrire les aspects les plus sombres de l’Amérique.
L’intrigue est assez compliquée et manque sans doute de sobriété, certains rebondissements laissent un peu perplexe, c’est dommage, même si ça ne m’a pas empêchées d’apprécier l’histoire. Cependant, ces circonvolutions ne sont pas toujours anodines et permettent d’aborder pas mal de sujets de sociétés, tout autant que de dépeindre la vie dans ce coin reculé d’Amérique. C’est essentiellement pour son aspect social (et son humour) que j’ai apprécié ce roman. J’aime la manière dont l’auteur dépeint son pays, à la fois sans concessions et avec beaucoup de tendresse. Une belle lecture.
Comme le dit le proverbe, le cynique est l’homme qui connaît le prix de tout et la valeur de rien.
Les preuves génétiques n’ont pas de valeur dans le Dakota du Sud, tout le monde a le même ADN.
On m’a toujours dit que la religion devait être un réconfort, pas une menace. Je crois que ces gens-là ont perverti une chose censée être sacrée et qu’ils l’ont transformé en une arme.