Film d’animation, drame iranien d’Ali Soozandeh avec Elmira Rafizadeh, Zahra Amir Ebrahimi, Arash Marandi Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.
J’aime généralement beaucoup le cinéma iranien. Je garde notamment un excellent souvenir des Chats persans. C’est une culture qui m’intrigue et me fascine même si elle ne m’attire pourtant pas du tout (mon côté féministe est « légèrement » heurté par certaines pratiques…). Le cinéma est je trouve un excellent moyen d’accéder à une autre culture. J’étais donc curieuse de découvrir ce film d’animation, d’autant plus que j’avais entendu une interview très intéressante du réalisateur. Le nom, le sujet, les images, tout me faisait envie et je me suis donc pour la première fois depuis bien longtemps précipitée en salle pour ne pas le louper.
Et j’ai sacrément bien fait ! Visuellement c’est assez réussi je trouve, avec un style très marqué et un grand soin porté à l’esthétique. Il y a un côté souvent très poétique dans les images. Quant à l’histoire, elle est forte et intéressante. On y suit plusieurs femmes aux destins contrariés : divorces, avortement, prostitution, autant de tabous qui sont évoqués ici. J’ai eu un peu de mal au début à savoir qui était qui et à faire le lien entre les différentes histoires, ce qui m’a un peu gênée, mais finalement ça se met en place peu à peu.
J’ai vraiment aimé ce film d’animation intelligent et bien construit même s’il s’avère souvent très dur. Ca m’a par certains aspects rappelé le très beau Valse avec Bachir (en un peu plus confus et moins abouti toutefois). Malgré quelques longueurs et un côté parfois un peu brouillon au début, le film est percutant et véhicule un message fort en plus d’une esthétique marquée. Le film est tourné en rotoscopie : ce sont de vrais acteurs qui sont retravaillés en images animées. Le résultat est surprenant et assez réussi, à la fois réaliste et poétique, même si ça a un aspect assez perturbant je trouve. Un film engagé et visuellement réussi qui malgré quelques maladresses s’avère dans l’ensemble réussi et percutant.
Je vois peu de films d’animation mais j’étais assez intriguée par celui-ci qui avait fait sensation à Cannes. J’avais lu des articles le présentant comme une fable écologique et j’avais très envie d’en savoir plus même si je craignais un peu que l’absence totale de parole ne soit dérangeante. Je dois admettre que si j’ai plutôt aimé ce que j’ai vu, je ne sais absolument pas quoi en penser. Visuellement c’est beau, très beau, et extrêmement poétique.
Il n’y a pas de paroles mais la musique est magnifique et surtout les sons naturels ont une grande place. Le bruit de la tempête notamment particulièrement est saisissant. Etrangement, l’absence de dialogue ne gêne nullement la compréhension et l’émotion est palpable. C’est la grande réussite de ce film d’animation : tout passe par l’expression des personnages, la musique et les sons de la nature environnante. On en oublie presque que les personnages ne parlent pas tant le résultat est fluide et naturel. Cette importance accordée aux sons et la poésie qui en résulte rappelle l’animation japonaise, pourtant il s’agit d’un film belge… réalisé par le plis célèbre des studios japonais.
En revanche, je suis plus perplexe quant au message que ce film veut transmettre (mais y a-t-il nécessairement besoin d’un message ?). J’ai eu beau chercher, je n’ai pas vraiment vu le côté écologique, même si en effet la nature a une grande place. Il y a un côté Robinson Crusoe certain et un attachement évident à l’environnement après une période de rejet, mais de là à parler d’écologique… A mes yeux il s’agit plus d’une belle histoire d’amour et de la naissance d’une famille mais je suppose que l’interprétation reste très personnelle. Un beau film d’animation impeccablement réalisé dans style japonisant dans lequel la nature a une jolie place. Malgré quelques réserves, une belle découverte.
Quand en voulant jouer un mauvais tour au fermier, Shaun l’expédie par erreur à la Grande Ville, il part à sa recherche avec ses congénères. Ils vont devoir user de ruse pour le retrouver et le ramener à bon port.
Ceux qui me suivent l’auront constaté, je vois peu de films d’animation. Mais Shaun me tentait terriblement. Parce que Chicken Run et Wallace et Groomit m’avaient bien fait rire je me doutais donc qu’il en serait de même pour la nouvelle création de Nick Park. Je n’ai pas été déçue ! J’ai beaucoup ri pendant cette séance. Bizarrement, même si j’avais déjà vu la bouille de ce mouton malicieux, je n’avais jamais regardé la série. J’ai trouvé que la pâte à modeler donne un côté très sympa, un « grain » particulier et inimitable dont je ne ma lasse pas (je suis vieux jeu parfois, je sais). On s’attache de suite à ces boules de laine que les animateurs ont réussi à rendre extrêmement expressives.
Moi qui ne suis pas toujours très bon public pour les comédies, j’ai beaucoup ri à celle-ci dont les gags font souvent mouche. Le vrai coup de force de ce film, c’est d’être accessible à tous les âges. Les plus petits seront charmés par ce mouton espiègle sans que les plus grands sombrent pour autant dans l’ennui. L’histoire est truffée de références à la culture populaire qui raviront les connaisseurs. L’humour, jamais méchant, joue sur plusieurs registres et fonctionne franchement bien. Le rythme est soutenu et même s’il y a quelques passages à vide, on ne s’ennuie pas avec ces boules de laine à l’humour anglais pour le moins délectable. Un film terriblement mignon qui fera rire à tous les âges.
Documentaire d’animation français de et avec Michel Gondry avec Noam Chomsky
Noam Chomsky a livré plusieurs interview à Michel Gondry. Ensemble, ils ont parlé de son parcours, de sa vision du monde. Le cinéaste a animé à la main cette conversation avec le linguiste et philosophe pour un résultat pour le moins surprenant.
Malgré quelques ratés, j’aime généralement assez l’univers de Michel Gondry. Quant à Noam Chomsky, j’ai forcément entendu parler de lui durant mes cours de linguistique. En lettres modernes ceux-ci sont très très nombreux et bien qu’ils m’aient rarement passionnée et que je me sois empressée d’en oublier le plus possible, le penseur américain fait toutefois partie de ceux dont j’ai retenu le nom ; essentiellement car il a largement contribué à dépoussiérer cette matière très figée depuis l’arrivée du structuralisme (même si dans les facultés le changement est long à venir, c’est bon de savoir qu’il est en route…). Je n’avais pas entendu parler de la sortie de ce film quand quelqu’un m’en a parlé au cours du soirée. Il ne me tentait pas des masses mais le lendemain, j’ai voulu aller au cinéma et tout était complet, je suis donc allée voir le seul film pour lequel il restait de la place, selon mon habitude d’aller voir les films un peu au hasard. Eh bien je n’ai pas été déçue !
J’avais un peu peur de trouver cela trop austère sur le fond et trop fou dans la forme. Les dessins de Gondry sont quand même très particuliers et je voyais mal comment ils pouvaient coller au sérieux de Chomsky. Et pourtant, la magie opère. Michel Gondry n’est pas un grand philosophe et, qui plus est, son anglais est assez médiocre. Les questions qu’il pose sont donc assez simple et il oblige souvent son interlocuteur à reformuler ses réponses, les mettant ainsi à la portée de spectateur. Pas que Chomsky soit obscur d’ailleurs, bien au contraire, il tient un discours extrêmement clair, mais certains concepts gagnent à être reformulés, ça aide à mieux les appréhender. Michel Gondry illustre ces conversations avec beaucoup d’humour et s’amuse de ses propres contre-sens, créant des situations pour le moins cocasses.
Ce documentaire hors-normes m’a beaucoup plu. Il aborde des thèmes essentiels et parfois complexes avec une grande simplicité et beaucoup d’humour. J’aurais aimé que certaines questions soient plus approfondies mais en même temps, c’est la la légèreté de ce film qui m’a séduite et trop des questions trop ardues l’auraient mise à mal. Ce documentaire m’a réellement donné envie de me plonger dans les textes de Noam Chomsky auxquels il me semble proposer une excellente introduction. Pour qui lit très peu d’essais depuis que j’ai fini mes études, me donner l’envie de lire de la linguistique – matière que j’abhorre – tient de l’exploit ! Difficile de définir cet OVNI cinématographique, on se retrouve catapulté dans un monde complètement à part et assez fascinant. Il y a bien quelques longueurs mais le tout reste assez jouissif et tellement inventif !
Film d’animation français de Stéphane Berla et Mathias Malzieu avec les voix de Mathias Malzieu, Olivia Ruiz, Grand Corps Malade, Jean Rochefort.
Jack est né à Édimbourg le jour le plus froid du monde. Tellement froid que son cœur a gelé. Le docteur Madeleine réussit à le sauver en le remplaçant pour une horloge mais attention, la mécanique est fragile et il faut la ménager. Pour cela, il y a trois règles à respecter : Ne pas toucher les aiguilles – Maîtriser sa colère – Ne jamais tomber amoureux. Mais c’était sans compter sur Miss Acacia, la chanteuse de rue que Jack serait prêt à suivre au bout du monde…
J’aime beaucoup l’univers de Mathias Malzieu, le charismatique leader de Dionysos. J’ai d’abord découvert le célèbre groupe de rock survolté avant de tomber sur ses textes poétiques. J’avais lu le premier, Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, à sa sortie et malgré quelques maladresses, j’avais trouvé qu’il y avait un énorme potentiel dans ce livre-là. Un talent qui s’est confirmé peu de temps après avec La mécanique du cœur, un conte sombre et tendre à la fois. Et si je n’avais pas aimé (mais alors pas du tout) Métamorphose en bord de ciel, son dernier roman, Le plus petit baiser jamais recenséa été un énorme coup de cœur ! Sans compter que les chocolats créés par Hugo et Victor pour l’accompagner qui étaient juste divins… Bref, arrêtons-là le flot de louanges, d’autant que le principal concerné risque de les lire et que ça en devient presque indécent. Vous l’aurez compris, j’aime généralement ses trouvailles farfelues et quand j’ai vu qu’il ajoutait une corde à son arc en adaptant un de ses romans sur grand écran, je ne pouvais qu’aller voir ce que ça donnait.
Étrangement, je n’étais pas d’un optimisme débordant en arrivant dans la salle. Il faut dire que les images de synthèse ne m’emballaient guère et que pour ce que j’en avais vu, le style ne m’inspirait pas outre mesure. Et puis que de louanges partout sur internet du style : « tellement émouvant », « j’ai eu la larme à l’œil du début à la fin », « c’est si beau, merci Mathias pour ce grand moment d’émotion », et autres élans d’enthousiasme dont je me méfie au plus haut point. Déjà, quand tout le monde aime, souvent, je suis la rabat-joie qui trouve à y redire et puis tout cela manquait un peu de nuance à mon goût. Enfin, le film était en quelque sorte une double adaptation étant donné qu’un album était sorti en même temps que le roman, reprenant la même histoire. L’univers étant très rock et très tourmenté, il me semblait difficile de faire un film destiné aux enfants sans le dénaturer un peu. Je n’étais donc pas sans craintes comme vous pouvez le constater…
Et puis, dès les premières images, j’ai retrouvé l’ambiance du livre. Certes, les images de synthèse ne sont pas trop ma tasse de thé, mais on est rapidement pris dans l’histoire et on en oublie vite qu’on aurait sans doute préféré quelque chose de plus « adulte » dans le dessin. L’histoire et la musique ont été remaniées (pour ne pas dire édulcorées) pour être accessible au jeune public. Pourtant, on reconnaît sans peine les mélodies et les moments forts du conte qui ne sont pas dénaturés par cette adaptation. J’ai d’ailleurs redécouvert que j’aimais beaucoup la voix de Mathias Malzieu (c’est pénible les gens avec autant de qualités à la fin ! ). On va de trouvailles en trouvailles dans ce film et on s’émerveille de mille détails. Certains étaient déjà dans le roman, d’autres sont venus s’y ajouter pour créer un univers visuel extrêmement riche et franchement fascinant. Je me suis souvent dit que ça ne devait pas être simple tout les jours de vivre dans la tête de Mathias Malzieu, on en a un bon exemple à l’écran : ça grouille de bizarreries dans tous les sens, c’est absolument génial et vaguement effrayant !
L’histoire est très prenante, on vibre pour ce pauvre Jack que la vie n’a pas épargné. Retrouvera-t-il Miss Acacia ? Pourront-il s’aimer ? Le suspens est insoutenable. La fin, très poétique, est une réussite. La musique du film fait pour beaucoup à son charme avec des mélodies entraînantes. Ce sont les mêmes voix que sur l’album qu’on retrouve, ce qui lui donne un charme supplémentaire pour ceux qui connaissaient déjà les musiques de La mécanique du cœur. J’ai beaucoup aimé entre autres choses le train accordéon, le fameux bouquet de lunettes ou la référence à Méliès… Et un détail peut-être mais dans le livre j’imaginais Madeleine très vieille alors que là, elle est tout simplement magnifique ! Un petit rien qui m’a ravie, par étrange identification à mon homonyme.
Malgré tout, j’aurai sans nul doute préféré à cette version familiale un film destiné aux adultes, avec la musique d’origine et un univers visuel plus sombre. Si j’ai beaucoup aimé ce film, je ne me suis pas vraiment laissée émouvoir, certainement en raison d’un côté un rien trop lisse à mon goût. J’aurais aimé ressortir les yeux embués par cette belle histoire mais ce ne fut pas le cas. L’adaptation reste toutefois une belle réussite qui ravira les enfants comme leurs parents. Mathias Malzieu confirme son talent dans un nouveau domaine où sa créativité trouve la place de s’épanouir, venant encore étoffer son univers si reconnaissable. Je serais curieuse de voir ce que donnerait un film un peu moins grand public et surtout, j’espère maintenant ardemment une adaptation du plus petit baiser. Je suis ressortie de la salle le cœur léger et le sourire aux lèvres, une petite musique et plein d’images poétiques en tête, agréablement surprise par cette très jolie mécanique.