Drame japonais de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi, Sakura Ando, Chizuru Ikewaki
Alors qu’elles ne sont que des enfants, quatre amies assistent impuissantes au meurtre d’une de leurs camarades. Aucune d’entre elles ne sera en mesure d’identifier le meurtrier. La mère de la petite fille ne se remet pas de se drame et leur en veut de ne pouvoir venir en aide à la police dans son enquête. Quinze ans après deux d’entre elles veulent à tout prix se souvenir, quand les deux autre préféreraient oublier.
L’histoire est divisée en deux films : Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier. Chacun d’eux est ensuite divisé en deux chapitres, un par jeune fille ayant assisté au drame. J’ai traîné un peu pour aller voir ces deux films, car je voulais absolument les voir l’un après l’autre et rares étaient les cinémas qui en offraient la possibilité en soirée. A tel point que j’ai bien cru l’avoir raté et que c’est en cherchant une tout autre séance que j’ai vu les deux projetés d’affilée un dimanche après-midi : je me suis jetée sur l’occasion. Et quel dommage ç’aurait été de rater ça ! On m’avait dit que les deux films étaient indépendants et pouvaient se voir dans le désordre : pas du tout ! On commence par l’assassinat de la petite fille au début de premier film et on tâtonne dans l’enquête jusqu’à la fin du second, qui évoque les événements décrits dans le premier sans revenir dessus. Sans compter une révélation finale qui se doit d’être à la fin, sinon ça n’aurait aucun sens !
Dès les premières images, je suis tombée sous le charme si particulier de ce film. Je dois admettre que je ne sais trop comment le décrire tant il sort des sentiers battus. Je m’attendais à quelque chose de de très sombre et très dur, et si ça l’est par certains cotés, c’est bien plus complexe que ça. Esthétiquement, j’ai beaucoup aimé ce film qui nous n’en fait pas trop et parvient à conserver une certaine pureté dans l’image tout en créant une atmosphère un peu chargée qui colle bien à ce mélange d’innocence et de culpabilité qui façonne l’histoire. Le réalisateur nous offre quelques très jolis plans et sait faire preuve d’une belle originalité, n’hésitant pas à varier les plaisirs dans les prises de vues. Côté bande originale, j’avoue ne pas avoir réellement fait attention, ce qui est le signe de pas de musique, ou très peu, ce que j’apprécie beaucoup dans ce type de film intimistes. Je n’apprécie guère qu’on ne me guide trop sur le type de sentiments à mettre sur telle ou telle scène à grands renforts de violons auxquels je préfère quelques notes plus subtiles posées au bon moment.
Le premier film commence par la rencontre des cinq amies, par leurs jeux, et par la mort de la petite Emili. Aucune de ses quatre amies, pourtant présentes au moment du drame, ne sera en mesure d’identifier le coupable. La mère de leur amie leur fera alors promettre de payer un jour cette dette envers elle afin de faire pénitence. On retrouve quinze ans plus tard Sae, une jolie qui ressemble à une poupée, et Maki, une enseignante modèle, qui toutes deux, veulent se souvenir de ce jour funeste. L’histoire de Sae est particulièrement déroutante et a exercé sur moi une certaine fascination qui tranche avec la suivante, plus lumineuse. J’ai été totalement emportée par cet univers qui m’a envoûtée et il m’aurait semblé impensable de ne pas voir immédiatement la suite.
Le second film change un peu de tonalité, même si on reste dans la continuité du premier. On suit cette fois Akiko et Yuka, celles qui veulent oublier. Là encore, deux univers totalement différents, la première est très renfermée quand la seconde semble proche de sombrer dans la folie. Enfin, une dernière partie est consacrée à la résolution de l’énigme. Sur ce dernier point, les incohérences et rebondissements plus qu’improbables ne manquent pas. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la fin est tirée par les cheveux et qu’elle aurait sans doute gagné à être simplifiée. Mais il fallait bien trouver un défaut à ce film, non ? J’ai aimé cette variété dans les caractères et les réactions des personnages, comme autant de manières de se construire face au même drame. J’ai trouvé cette manière de poser le problème en toile de fond subtile et intéressante. Ce film surprend constamment, en jouant sur plusieurs registres ; plutôt sombre dans l’ensemble, on y trouve aussi des moments d’humour ou de tendresse. Drame et polar à la fois, oppressant et attachant mais non dénué de grâce, un film dont la beauté fascine et qui laisse le spectateur étourdi.
Merci pour cette chronique ! Je crois qu’il pourrait plaire à mon chéri !
C’est un film assez déroutant mais absolument splendide.
Nous sommes d’accord avec vous, ces deux films sont vraiment excellents. Au départ, c’est une série pour la télé, Kiyoshi Kurozawa après des échecs commerciaux n’a pas eu d’autres alternatives que de tourner pour la télé,il n’était donc pas prévu une carrière internationale pour cette série … Obligé par des moyens limités, le tournage a été très rapide, le succès de la série a entrainé une version cinéma raccourcie.
C’est ce que j’ai cru comprendre en faisant quelques recherches rapides pour faire mon article, merci de le confirmer ! Le résultat ne laisse absolument pas transparaître le manque de moyens. Ces films font partie de ceux dont on se souvient longtemps et qui nous font tant aimer le cinéma.
ah ta critique est bien plus élogieuse que celle de my little discoveries parue la semaine passée… bon je t’avouerai que dans les films incontournables à voir cet été que j’ai raté, il y avait celui ci et frances a et si j’en récupère un je pense que j’irais plus voir celui qui dure 1h20 que 2h40 * 2., contraintes familiales oblige…. mais en DVD je compte bien tenter ce fameux Shokuzai..
Ah tiens, je n’ai pas vu sa critique, elle a été plus rapide que moi ! J’ai des problème avec mon ordinateur, du coup je rate plein d’articles en ce moment. L’univers de Shokuzai est très particulier mais c’est vraiment le type de cinéma que j’aime et j’ai été totalement conquise par cet univers, 5h de pur bonheur. Mais c’est vrai que c’est parfois difficile de trouver le temps nécessaire pour voir de tels films, c’est bien dommage ! Même quand on n’aime pas forcément, c’est le genre de cinéma qui mérite le détour je trouve. En revanche Frances Ha m’a laissé de marbre mais je pense qu’il te plaira beaucoup plus qu’à moi 🙂
En effet je les ai vus aussi, j’en avais parlé ici: http://www.mylittlediscoveries.com/-shokuzai-chef-d-oeuvre-ou-d%C3%A9ception
Je n’ai pas été aussi emballée que toi même si je reconnais des qualités à Shokuzai, mais j’ai été contente de voir un film japonais car ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivée!
Je pense qu’on n’a pas exactement les mêmes goûts cinématographiques car j’ai préféré Frances Ha! 😉
Je suis assez d’accord avec ton avis même si le ressenti est différent. J’aime beaucoup ce type de cinéma mais je peux comprendre que ce ne soit pas le cas de tout le monde. La dernière partie m’a parue un peu longue à moi aussi mais j’avais tellement aimé le reste que c’est passé tout seul. Je ne savais pas que c’était tiré d’un livre, ça explique sans doute quelques incohérences dans le scénario. Mais c’est sûr que ce n’est pas franchement un film grand public 😉