Il y a quelques semaines, j’ai eu l’immense chance de faire un aller-retour à Amsterdam pour aller découvrir l’exposition Van Gogh et le Japon. Lorsque je suis allée à Amsterdam pour la première fois, je me souviens avoir été éblouie par le musée Van Gogh. Je n’avais pas eu l’occasion d’y retourner depuis. Lorsque j’ai reçu l’invitation, je me suis dit que l’aller-retour pour voir une exposition était un peu exagéré mais après réflexion, c’est une ville que j’aime, un musée que je voulais revoir, ce n’est pas si loin et puis Van Gogh quoi. Ni une ni deux, j’ai pris mes billets de bus pour pouvoir être présente.
J’avais déjà quelques notions sur les inspirations japonaises de Van Gogh, étant allée voir les expositions (puisque c’était en deux parties) Hiroshige/Van Gogh à la Pinacothèque il y a quelques années. Je ne connaissais pas Hiroshige et j’avais pris un grand plaisir à découvrir ses estampes. Quant à la partie sur Van Gogh, elle mettait bien en avant les influences plus ou moins directes des estampes sur ses toiles (même si cela était présenté de manière assez « scolaire », ça permettait de se faire de suite une image claire et de repérer facilement les inspirations). J’avais été assez fascinée par le lien entre les deux artistes que je n’avais jusqu’alors jamais soupçonné.
Ici c’est de manière plus large le lien entre Van Gogh et le Japon qui est mis en avant. Van Gogh possédait une collection de 600 estampes japonaises qui ont inspiré son travail à partir de son aménagement à Paris. Le musée Van Gogh possède aujourd’hui une grande partie de cette collection. Toutefois leur qualité étant très variable, le musée a choisi d’exposer également des œuvres qui ne viennent pas de la collection personnelle de l’artiste mais ont pu l’influencer par des reproductions, afin d’assurer une certaine harmonie dans l’accrochage. Le lien entre les estampes japonaises et les œuvres de Van Gogh est parfois tellement flagrant qu’il se passe d’explications. C’est assez bluffant de voir à quel point il s’est nourri de cet art, proposent souvent des réinterprétation de thèmes japonais, quasi à l’identique (si ce n’est la technique utilisée, évidemment).
S’il reprend certains sujets d’estampes, Van Gogh s’inspire aussi des couleurs et contrastes chers aux artistes japonais. Cela se ressent dans certains tableaux aux fonds colorés, mais aussi dans la manière de traiter la perspective (ou l’absence de perspective d’ailleurs). Van Gogh n’est jamais allé au Japon mais c’est la lumière et les couleurs japonaises qu’il est allé chercher en Provence. Son idée d’atelier d’artistes avec Gauguin est également inspirée de ce qui se faisait au Japon. Peu à peu, on voit le peintre intégrer certains mécanismes. Suite à l’échec de son entreprise avec Gauguin, il se détache des estampes mais conserve dans sa manière de peindre des réflexes pris en observant les artistes japonais.
J’ai trouvé passionnant de découvrir le Japon tel que Van Gogh se le représentait. Mais surtout de voir comment l’observation des artistes japonais a nourri son œuvre tout au long de sa vie. J’avais peur que cela reste abstrait pour moi mais cette exposition met parfaitement en avant le lien entre les estampes et les tableaux de Van Gogh et celui-ci est bien souvent visible sans lire les textes, qui ne font qu’apporter des explications complémentaires et nous aider à dégager de grands axes de compréhension. J’ai trouvé cela à la fois passionnant et assez intuitif dans l’appréhension des œuvres. Si vous avez l’occasion de faire la visite guidée en français, elle apporte un beau complément d’information. J’ai toujours beaucoup aimé Van Gogh mais cette exposition m’a aidée à mieux comprendre certains aspects de son œuvre comme de sa personnalité. Les toiles exposées sont splendides, j’ai pris un grand plaisir à découvrir cet accrochage riche et passionnant qui se passe bien souvent de mots. Si vous passez à Amsterdam, c’est l’exposition à ne pas manquer ce printemps !
Van Gogh and Japan
Du 23 mars au 24 juin 2018
Museumplein 6, Amsterdam
Tarif : 18€ gratuit pour les – de 18 ans
Audioguide pour 5€
Le catalogue d’exposition est disponible en néerlandais, anglais et français