Comédie dramatique de Blandine Renoir avec Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair
Février 1974. Parce qu’elle se retrouve enceinte accidentellement, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, rencontre le MLAC – Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception qui pratique les avortements illégaux aux yeux de tous. Accueillie par ce mouvement unique, fondé sur l’aide concrète aux femmes et le partage des savoirs, elle va trouver dans la bataille pour l’adoption de la loi sur l’avortement un nouveau sens à sa vie.
Coup de cœur pour Annie colère. Le sujet me parle beaucoup, que ce soit l’avortement ou plus généralement l’histoire des luttes. J’aime beaucoup Laure Calamy, j’avais donc hâte de découvrir ce film. Je n’ai absolument pas été déçue. Le film est sobre et c’est son histoire qui marque plus que sa réalisation. Côté photo, on a des couleurs chaudes et vives qui rappellent les années 70 et donnent une touche à la fois douce et joyeuse. Il y a quelques belles images, avec dans les moments sensibles des scènes qui suggèrent plus qu’elles ne montrent. C’est délicat et toujours juste, jamais trop appuyé ou démonstratif. Ou peut sûrement reprocher à la réalisation d’être trop sage mais ça colle plutôt bien avec l’aspect très pédagogique du film qui est avant tout là pour servir l’histoire et les idées.
L’histoire est intéressante. Aussi bien sur l’aspect historique, avec les luttes qui ont précédé la loi Veil, mais aussi l’évolution du personnage principal, son émancipation au fur et à mesure de son implication croissante dans la lutte pour l’avortement. Laure Calamy est une fois de plus excellente dans un rôle engagé. Le reste du casting n’est pas en reste avec une galerie de personnages lumineux. Il y a un petit côté un peu idéaliste sans doute dans la manière dont sont montrés les avortements, où la peur est montrée mais où la douleur semble contenue, pourtant ce n’est jamais niais. Ca traduit tout au plus l’idéalisme de l’époque et la bienveillance et la solidarité de ces femmes qui pratiquaient les avortements dans la clandestinité.
Outre l’histoire touchante de ces femmes, j’ai trouvé qu’il y avait dans ce film des réflexions intéressantes. Notamment à la fin où la loi Veil est vécue comme un semi échec. En effet, les avortement assurés par le MLAC étaient faits par des médecins bénévoles et des femmes qui avaient elles-mêmes été concernées. Les femmes qui y venaient y trouvaient une écoute et un soutien. Le fait que ce soit après la loi un acte médical nécessairement réalisé à l’hôpital laissait craindre une déshumanisation de l’acte, ce qui semble en effet souvent être le cas encore 50 ans après. L’avortement a été légalisé mais il est toujours mal vu et on voit de nombreux pays dans lesquels il est remis en question. Cette histoire de sororité est belle est touchante. Un cinéma à la fois engagé et grand public qui ne délaisse pas pour autant l’émotion. Le film ne fait jamais dans le pathos et l’émotion facile et qui pourtant m’a souvent mis les larmes aux yeux malgré un ton léger et joyeux.
Un très bon film, nécessaire qui montre à quel point les choses ont peu bougé dans les mentalités et médicalement parlant peut-être régressé
Oui, c’est assez désespérant de voir à quel point les mentalités ont peu évolué sur le sujet.