Mes lectures

Les affinités sélectives, J. Courtney Sullivan

A son réveil, tout n’était que silence. Il n’y avait que les mères et les insomniaques pour être debout à une heure pareille. Elle n’avait pas à consulter d’horloge pour savoir que dans quelques secondes le bébé se mettrait à pleurer dans son couffin dont elle le sortirait avant d’avoir ouvert complètement les yeux, et que, tandis qu’elle tiendrait son poids chaud dans ses bras, l’épuisement ferait place à l’acceptation, à la dévotion.

Elisabeth, brillante journaliste et jeune mère, s’adapte difficilement à sa nouvelle vie dans une petite ville après avoir vécu vingt ans à New York. Elle passe ses journées dans sa maison, seule avec son enfant, et commence à déprimer.
Arrive Sam, l’étudiante qu’Elisabeth a engagée pour garder son bébé. La jeune femme est en plein bouleversement, préoccupée par les choix de sa vie affective et son avenir, grevé par des prêts étudiants.
Les deux femmes se lient d’amitié, chacune voyant en l’autre la possibilité d’une vie différente.

Couverture du roman Les affinités sélectives de J.C. Sullivan
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Mes lectures

La femme qui reste, Anne de Rochas

Dans l’Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu’une école d’art. C’est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l’idée de l’Homme nouveau. En 1926, l’école s’installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d’acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim.
À Berlin, toute proche, le temps s’assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d’une vie. Ce sont aussi, entre rêves d’Amérique et désirs de Russie, d’autres raisons et déraisons. Lorsque l’école sera prise dans les vents contraires de l’Histoire, les étudiants feront leurs propres choix. À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu’il faut continuer ?

Couverture du roman La femme qui reste

J’avais entendu le plus grand bien de ce premier roman dont le thème me tentait beaucoup. J’ai beaucoup lu sur cette période et ça m’intéressait d’avoir un point de vue un peu différent. Eh bien je dois avouer que j’ai été plutôt déçue. Ce livre parle très peu de la guerre finalement et beaucoup des années qui ont précédé au Bahaus. Je ne savais rien de ce mouvement, m’intéressant assez peu au design. Ca a posé problème dans cette lecture.

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Un jour viendra couleur d’orange, Grégoire Delacourt

Tandis que le pays s’embrase de colères, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde imaginaire qu’il ordonne par chiffres et par couleurs. Sa pureté d’enfant « différent » bouscule les siens : son père, Pierre, incapable de communiquer avec lui et rattrapé par sa propre violence ; sa mère, Louise, qui le protège tout en cherchant éperdument la douceur. Et la jeune Djamila, en butte à la convoitise des hommes, fascinée par sa candeur de petit prince.
Fureurs, rêves et désirs s’entrechoquent dans une France révoltée. Et s’il suffisait d’un innocent pour que renaisse l’espoir ? Alors, peut-être, comme l’écrit Aragon, « un jour viendra couleur d’orange (…) Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront ».

Couverture du roman Un jour viendra couleur d'orange

Je connais mal Grégoire Delacourt mais j’avais bien aimé le seul roman lu de lui jusqu’alors. J’ai choisi celui-ci pour son titre, sans même lire la quatrième de couverture. Je n’avais donc aucune idée de quoi ça pouvait bien parler en commençant ma lecture. Les gilets jaunes… Hum… bof. Je lis peu de textes traitant de l’actualité, on sature déjà bien souvent avec les médias, je préfère ne pas en rajouter une couche à chaud. Je peux éventuellement y revenir quelques années après si le sujet m’intéresse. Enfin, puisque j’étais lancée…

Dans l’ensemble c’est plutôt une bonne surprise même si sur le fond je ne sais pas bien que penser de ce texte. La partie sur les gilets jaunes me semble plutôt bien traitée. Ca décortique les mécanismes de la colère, je suis loin de maîtriser le sujet mais ça me semble plutôt juste. S’y mêle ensuite une partie l’enfant autiste. S’il a été de loin mon personnage préféré dans ce roman, je pense que cette partie n’est pas dénuée d’un certain nombre de clichés. Mais là encore, je ne suis pas sure de pouvoir en juger. C’est ce qui m’a parfois gênée dans ce texte, l’impression par moments que c’était un peu hors réalité.

Il y a très peu de discours direct mais les rares dialogues m’ont semblé sonner faux : trop recherchés, pas assez « vrais ». La poésie prend souvent le pas sur la colère. Si c’est ce qui rend ce texte si beau, c’est aussi par là qu’il pêche. Il y a un côté assez naïf dans l’ensemble, qui m’a parfois agacée, la fin notamment m’a paru hors sol. En revanche, j’ai beaucoup aimé le découpage des émotions par couleurs, ça me parle énormément. Et le style, très poétique, si fascinant. Si le sujet m’a paru globalement bien traité, le déroulé des évènements manque parfois de réalisme. Le tout est porté par une plume sensible et poétique qui fait oublier les petits défauts de ce joli roman.

Portrait de Grégoire Delacourt

Le corps lâche le premier. L’âme s’accroche. Toujours. À cause d’un souvenir d’enfance. Un grain de peau aimée. Un rire étouffé. Une odeur de pluie poussiéreuse.

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Une saloperie, la colère. Elle dévorait sans rien soulager. On en conservait trop de bleus. Trop d’infirmités.

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Pour Geoffroy le monde était comme du verre brisé. Un puzzle géant dont il n’avait aucune idées de l’image à assembler. De plus il y avait trop d’informations dans chaque pièce. Trop de bruits. De contradictions parfois. Son hyper-connectivité à l’environnement rendait celui-ci illisible.

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Les optimistes, Rebecca Makkai

Chicago, 1985. La carrière de Yale Tishman, jeune galeriste, s’apprête à décoller lorsque l’épidémie de sida frappe Chicago de plein fouet. Très vite, le virus s’immisce dans son entourage, et tout s’effondre autour de Yale. Bientôt, il ne lui reste plus que Fiona, la petite soeur de son meilleur ami Nico.
2015. Fiona se rend à Paris, à la recherche de sa fille devenue membre d’une secte. Logée chez une vieille connaissance, elle s’autorise enfin à revenir sur le traumatisme de sa jeunesse.

Le sujet de ce roman m’intéressait particulièrement. En effet, mes lecteurs les plus anciens et les plus fidèles s’en souviennent peut-être, mais il y a fort longtemps, j’ai consacré mon mémoire de master à la littérature sur le sida. Vous pouvez d’ailleurs retrouver mon article faisant un petit résumé de mes découvertes ici. Si avec le temps j’ai arrêté de me ruer sur chaque livre ou film traitant du sujet, je continue toutefois à m’y intéresser et j’étais ravie de m’y replonger avec ce roman.

Couverture du roman Les optimistes de Rebecca Makkai

Je dois admettre que les premières pages ne m’ont guère convaincue. Le personnage, une sorte d’intello mondain, m’a agacée très fort des le début. Pour tout dire ils m’ont quasiment tous agacée très fort des le début. Aucune identification aux personnages, pas même la moindre petite trace de sympathie. Je me suis dit que ça allait être compliqué. D’autant plus que c’est quand même un sacré pavé…

Par acquis de conscience, j’ai continué ma lecture en me disant que quand même ça m’intéressait de voir comment le sujet était traité. J’ai beaucoup lu sur cette période, mais essentiellement des textes écrits par des malades (ou éventuellement leur conjoint), des récits vus de l’intérieur, j’étais curieuse de voir un regard extérieur, qui aurait du recul sur les évènements. Et j’ai bien fait de persister ! Petit à petit, j’ai commencé à m’intéresser un peu plus à cette bande d’amis que le sort n’a pas épargné et qui s’est pris l’arrivée de la maladie de plein fouet.

Le récit est très différent de ce que j’ai pu lire jusqu’à maintenant et c’est justement ce que j’attendais de ce texte. Beaucoup de récit sur le sida tendent à magnifier la maladie, en faisant une sorte d’allié privilégié de l’artiste, le forçant à plus d’intensité dans le peu de temps qui lui est alloué. Ici c’est la peur qui prédomine. L’incompréhension parfois aussi. Et bien sûr l’infinie tristesse de vois ses proches disparaître les uns après les autres sans savoir qui sera le prochain. Bien que j’aie eu du mal à rentrer dedans et qu’on puisse lui reprocher quelques longueurs, j’ai beaucoup aimé ce texte qui dresse un magnifique portrait de l’époque. Un roman marquant.

Portrait de Rebecca Makkai

Avant j’avais peur que Reagan appuie sur le bouton rouge, tu sais ? Et je craignais les astéroïdes, et tout. Et puis j’ai compris un truc. Si tu devais choisir quand, dans la chronologie de la Terre, tu devais vivre, est-ce que tu ne choisirais pas la fin des temps ? Comme ça, tu n’aurais rien loupé. Si tu meurs en 1920, tu passes à côté du rock’n’roll. En 1600, tu rates Mozart. Pas vrai ? Je veux dire, les horreurs aussi s’accumulent, mais personne ne veut mourir avant la fin de l’histoire.

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Curieusement, à ses yeux, les amis étaient des gens que l’on rencontrait tôt et avec qui on restait à jamais lié. Peut-être était-ce pour cette raison que sa solitude le frappait de plein fouet. Il ne se voyait pas sortir pour sélectionner une toute nouvelle cohorte d’amis.

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La marche du mort, Larry McMurtry

Aux confins d’un Texas encore sauvage, les jeunes Augustus McCrae et Woodrow Call viennent de s’engager pour faire régner un semblant d’ordre dans ce pays en devenir. Sous-équipés, piètrement entraînés et mal dirigés, ils s’apprêtent à traverser une série d’expéditions et d’aventures plus dangereuses les unes que les autres. Tour à tour poursuivis par des Indiens, l’armée mexicaine ou des ours, ils devront se battre au milieu d’une nature hostile. Heureusement que les femmes sont là pour les laisser rêver à des jours meilleurs.

Du même auteur, j’avais adoré Lonesome Dove, l’incroyable épopée de deux cowboys pas très doués à travers les Etats-Unis. Seule la femme de l’un d’eux rattrape un peu le niveau. C’est drôle, bien écrit, extrêmement prenant. Un énorme coup de cœur. La marche du mort retrace l’histoire de la rencontre de ces deux copains bras cassés et j’avais hâte de les retrouver.

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