Tandis que le pays s’embrase de colères, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde imaginaire qu’il ordonne par chiffres et par couleurs. Sa pureté d’enfant « différent » bouscule les siens : son père, Pierre, incapable de communiquer avec lui et rattrapé par sa propre violence ; sa mère, Louise, qui le protège tout en cherchant éperdument la douceur. Et la jeune Djamila, en butte à la convoitise des hommes, fascinée par sa candeur de petit prince.
Fureurs, rêves et désirs s’entrechoquent dans une France révoltée. Et s’il suffisait d’un innocent pour que renaisse l’espoir ? Alors, peut-être, comme l’écrit Aragon, « un jour viendra couleur d’orange (…) Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront ».
Je connais mal Grégoire Delacourt mais j’avais bien aimé le seul roman lu de lui jusqu’alors. J’ai choisi celui-ci pour son titre, sans même lire la quatrième de couverture. Je n’avais donc aucune idée de quoi ça pouvait bien parler en commençant ma lecture. Les gilets jaunes… Hum… bof. Je lis peu de textes traitant de l’actualité, on sature déjà bien souvent avec les médias, je préfère ne pas en rajouter une couche à chaud. Je peux éventuellement y revenir quelques années après si le sujet m’intéresse. Enfin, puisque j’étais lancée…
Dans l’ensemble c’est plutôt une bonne surprise même si sur le fond je ne sais pas bien que penser de ce texte. La partie sur les gilets jaunes me semble plutôt bien traitée. Ca décortique les mécanismes de la colère, je suis loin de maîtriser le sujet mais ça me semble plutôt juste. S’y mêle ensuite une partie l’enfant autiste. S’il a été de loin mon personnage préféré dans ce roman, je pense que cette partie n’est pas dénuée d’un certain nombre de clichés. Mais là encore, je ne suis pas sure de pouvoir en juger. C’est ce qui m’a parfois gênée dans ce texte, l’impression par moments que c’était un peu hors réalité.
Il y a très peu de discours direct mais les rares dialogues m’ont semblé sonner faux : trop recherchés, pas assez « vrais ». La poésie prend souvent le pas sur la colère. Si c’est ce qui rend ce texte si beau, c’est aussi par là qu’il pêche. Il y a un côté assez naïf dans l’ensemble, qui m’a parfois agacée, la fin notamment m’a paru hors sol. En revanche, j’ai beaucoup aimé le découpage des émotions par couleurs, ça me parle énormément. Et le style, très poétique, si fascinant. Si le sujet m’a paru globalement bien traité, le déroulé des évènements manque parfois de réalisme. Le tout est porté par une plume sensible et poétique qui fait oublier les petits défauts de ce joli roman.
Le corps lâche le premier. L’âme s’accroche. Toujours. À cause d’un souvenir d’enfance. Un grain de peau aimée. Un rire étouffé. Une odeur de pluie poussiéreuse.
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Une saloperie, la colère. Elle dévorait sans rien soulager. On en conservait trop de bleus. Trop d’infirmités.
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Pour Geoffroy le monde était comme du verre brisé. Un puzzle géant dont il n’avait aucune idées de l’image à assembler. De plus il y avait trop d’informations dans chaque pièce. Trop de bruits. De contradictions parfois. Son hyper-connectivité à l’environnement rendait celui-ci illisible.
Je suis tout à fait d’accord avec toi. Poétique mais sans doute trop naïf, une fin trop peu probable – sans doute faut il voir ce roman comme un conte presque déconnecté d’une réalité trop grave qu’il s’attache pourtant à dépeindre…
Merci beaucoup pour ton commentaire. C’est exactement ça, malgré un début assez réaliste, plus on avance, plus ça s’approche du conte. Merci de m’avoir aidé à préciser ma pensée, je ne trouvais pas comment le formuler 🙂
Je trouve que tu le formulais très bien mais de rien 😉