Cinéma·Jeunesse·Mes lectures

Trois œuvres pour parler de la Shoa

Le labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli

          Allemagne 1958 : un jeune procureur découvre des pièces essentielles permettant l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz. Mais il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre. Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.

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          J’ai eu un gros coup de cœur pour ce film. Extrêmement bien réalisé, l’image très bien construite, millimétrée. La musique est bien choisie, soulignant habilement le discours sans jamais en faire trop. C’est d’ailleurs ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce récit : il n’en fait pas trop. Le sujet est difficile et on aurait pu craindre qu’il tombe dans l’horreur et/ou le pathos. Certains pourraient d’ailleurs sans doute lui reprocher un côté trop froid et trop carré. Personnellement, j’ai trouvé que l’histoire se suffisait à elle-même et que cette retenue lui conférait un surplus de dignité. Il m’est difficile de parler de ce film, même si je l’ai vu il y a déjà quelques temps, tant j’ai du mal à prendre du recul. J’ai trouvé que visuellement c’était très beau, que la musique était magnifique et que cette histoire était pour le moins poignante. Je suis toujours admirative face au courage et le héros de ce film en déborde. J’ai trouvé simplement passionnante cette histoire vraie, d’un homme qui veut rétablir la vérité et œuvrer pour la justice. Un film extrêmement fort qui m’a émue aux larmes de bout en bout. Magnifique. 

 

La dernière page, de Gazmend Kapllani 

          A la mort de son père, un fils découvre un pan de l’histoire familiale jusque-là enfoui. Une découverte qui va bouleverser ses certitudes. Je ne connaissais pas du tout l’histoire de l’exil des juifs grecs vers l’Albanie durant la seconde guerre mondiale. Il faut dire que je n’avais jamais lu de littérature albanaise et à peu près aussi peu de littérature grecque. J’ai donc été ravie de recevoir ce roman suite à la dernière opération Masse Critique organisée par Babelio.

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          Je dois avouer que je ne m’attendais pas vraiment à ce sujet, le titre et la 4° de couverture n’en laissant pas supposer grand chose. Ca m’a un peu déstabilisée au début de ma lecture, je m’attendais plutôt à un roman sur l’écriture. Le récit se présente en deux parties consacrées à un père et son fils. Le 2nd découvrant l’histoire du 1° lors d’un carnet qu’il trouve chez lui après son enterrement. J’ai très largement préféré la partie consacrée au père, que j’ai trouvée à la fois très intéressante et émouvante. En revanche, celle parlant du fils m’a paru d’un intérêt bien moindre. De plus j’ai trouvé le dispositif de narration un peu ??? et superflu. A mes yeux, ce roman aurait été bien meilleur si l’auteur s’était consacré exclusivement à la partie sur le père et l’avait plus développée. En effet, j’aurais aimé en savoir plus sur la vie de cet homme, sa fuite pendant la guerre puis la vie sous la régime communiste. Face à cette histoire forte, on a celle beaucoup plus banale de son fils qui n’apporte pas grand chose. C’est un peu dommage car ce roman est bien écrit mais s’avère assez irrégulier. Ca n’en demeure pas moins une lecture très intéressante sur un sujet dont j’ignorais tout.

Pour Melsi, le grec était une grande dame qui, après avoir voyagé dans le monde entier, avait perdu tout son éclat, alors que l’albanais était un montagnard indomptable, un peu cinglé et terriblement rétrograde, passé maître dans l’art de la survie.
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Un silence au téléphone est la pire des choses, on ne sait jamais comment le briser.

La balle rouge, de Patrick Bousquet

Je suis une balle rouge.
J’appartenais à un enfant nommé Samuel,
mais que tout le monde appelait Sam.
C’était hier…
En Europe.
Pas loin d’ici…
Au temps des nouveaux barbares…

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          Ce récit pour la jeunesse est intéressant. L’auteur raconte l’histoire à travers une balle rouge emportée aux camps par un enfant. Un point de vue un peu particulier mais qui permet d’aborder le sujet sous un angle intéressant. J’ai souvent du mal avec les récits dont le narrateur n’est pas une personne. Je trouve que c’est souvent dur à tenir et il finir par y avoir un moment où je n’y crois plus. Ici, ça fonctionne plutôt bien et malgré quelques maladresses l’histoire est touchante. Difficile de juger avec nos yeux d’adultes de l’effet produit, d’autant plus que je ne suis pas franchement une spécialiste de la littérature jeunesse. Je pense toutefois que ce récit doit être particulièrement marquant pour les jeunes lecteurs. L’écriture est agréable et j’ai trouvé que cette lecture intéressante. L’auteur raconte le quotidien des camps avec une certaine pudeur, sans en rajouter dans l’horreur. C’est simple et efficace. Un petit livre à faire lire sans hésitation aux enfants pour leur parler de la Shoa.

C’est une histoire terrible que la mienne
Une histoire incroyable
Mais aussi une histoire d’espérance.

5 commentaires sur “Trois œuvres pour parler de la Shoa

  1. Je sors du cinéma à l’instant, vu ce film , et je tombe sur ta critique (pas assassine du tout;-)
    C’est impressionnant de réaliser qu’en 1958 il n’y avait eu en Allemagne qu’une « dénazification » sommaire et plus que superficielle …Très bon casting pour ce film, fort intéressant !

    1. J’ai été choquée de voir que personne même chez les hauts fonctionnaires de la justice ne savait 15 ans après ce qui s’était passé dans les camps et je trouve que cet homme a eu un courage fou de ressortir ces dossiers dont personne ne voulait entendre parler. Il y avait longtemps qu’un film ne m’avait pas fait un tel effet.

  2. Je n’ai pas vu le film, n’ai pas lu les ouvrages, Je suis d’ailleurs preneuse. Le sujet fait mal. Primo Levi est à peu près mal seule référence et Duras La douleur.

    1. Le film est absolument magnifique. Il est plus centré sur le magistrat que sur les victimes ce qui le rend moins dur mais certainement pas moins émouvant. Il mérite vraiment d’être vu.
      Le roman jeunesse se lit en 20min, l’autre est un peu différent, il ne parle pas des camps et est autant consacré au régime communiste en Albanie qu’à l’exode des juifs pendant la guerre. C’est très intéressant, dommage que ces passages-là ne soient pas plus développés.

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