New Jersey, 1946. Alors que le monde sort tout juste des horreurs de la guerre, travailler dans l’industrie florissante de Trenton est une des clés de l’émancipation pour les classes populaires de la côte est des États-Unis. Le rêve américain fonctionne à plein, et le mystérieux Abe Kunstler, nouveau venu à l’usine, semble déterminé à en tirer parti. Travailleur obstiné, bon camarade, buveur émérite, Abe est l’archétype du col bleu : sauf qu’Abe est un mirage, un imposteur qui cache un terrible secret.
Toujours pas de gros coup de cœur dans cette rentrée littéraire mais voici au moins un roman dont je suis venue (péniblement) à bout. C’est déjà un progrès vu que j’en ai abandonné la plupart. J’avoue que celui-ci à failli subir le même sort mais j’ai tenu bon. J’en avais entendu dire le plus grand bien de ce premier roman singulier mais j’ai immédiatement déchanté aux premières lignes de cette lecture. Je n’ai pas du tout, du tout accroché avec le style froid et impersonnel (même si ça colle assez bien avec le personnage, admettons-le). Je ne sais pas si c’est moi mais à une ou deux exceptions près en ce moment aucun style ne trouve grâce à mes yeux dans les nouveautés : trop sec ou trop intello, il n’y a pas trop de juste milieu.
Bref, le style donc, pas trop ma tasse de thé. Ensuite, le personnage aurait pu – aurait dû même – être intéressant : une femme qui tue son mari et prend sa place après la guerre en se faisant passer pour un homme, il y a quand même un sacré potentiel côté dramaturgie et psychologie. Sauf que le personnage est extrêmement antipathique. Du genre gros con misogyne plus vrai que nature. On n’accède que très peu à ses pensée et il est totalement impénétrable en plus d’être carrément tordu. Ca se justifie tout à fait par la nécessité de se cacher et de vouloir passer pour « un homme un vrai » avec tout ce que ça peut supposer de violence pour cacher son secret mais n’empêche, niveau zéro de l’empathie en ce qui me concerne.
Dans un second temps, le roman se consacre au fils du personnage principal. Je vous épargne la manière dont il a réussi à avoir un fils… Le fils a peur de son père qui est déçu que son fils ne soit pas un gros dur. Bonne ambiance à la maison. Il est évidemment question de mensonges, de secrets, de reproches. Le personnage du fils ne m’a guère été plus sympathique, c’est un ado paumé assez peu charismatique. Et le père déjà pas très chaleureux devient en plus alcoolique et violent qu’il ne l’était déjà. C’est pour le moins pesant. Je n’ai pas trop accroché avec ce roman, son style, ses personnages, rien ne m’a franchement emballée même si le point de départ est pour le moins original et que l’ambiance de cette petite ville ouvrière est bien retranscrite. Si je n’ai pas à proprement parlé apprécié cette lecture, je dois toutefois lui reconnaître une certaine originalité, un style à part et un côté dérangeant qui méritent quand même qu’on s’y arrête. Le genre de roman qui ne laisse pas indifférent.
Elle ne ressentit jamais rien de semblable au désespoir larmoyant de sa mère. Elle pensait alors que c’était parce que déjà alors elle était laide et le savait, et que la laideur l’avait protégée de la douleur, pu plutôt que c’était en soi une si grande douleur que toutes les autres semblaient moindre en comparaison.
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Ils n’arrêtent pas de dire que l’armée et la guerre, ça fait de vous un homme, mais à aucun moment je n’ai été un homme là-bas, si par homme on veut dire humain. J’aurais éventré n’importe lequel d’entre vous pour sauver ma propre peau, voilà la vérité.