Le matin de Noël, Holly se réveille tard, assaillie par une angoisse inexplicable. Son mari part chercher ses beaux-parents à l’aéroport et un fort blizzard se lève. Elle se retrouve seule avec Tatiana, sa fille adoptive, pour préparer le repas avant l’arriver des invités. Mais l’adolescente d’habitude si serviable a ce jour-là un comportement bien étrange.
Alors que je cherchais l’inspiration pour une ou deux lectures intéressantes dans cette rentrée littéraire qui ne m’inspirait guère, un libraire m’a (entre autres) conseillé ce roman qu’il m’a présenté comme un de ses coups de cœurs de ce cru 2013 par ailleurs un peu fade. Il semblait par ailleurs avoir un goût assez sûr, une longue discussion sur nos lectures respectives ayant montré qu’il avait beaucoup de culture, était heureux de la partager et que nos affinités littéraires semblaient assez proches. Je lui ai donc fait confiance et suis repartie avec, sur les 4 romans qu’il m’a conseillés, les 2 deux je n’avais jamais entendu parler, dont celui-ci. Je dois admettre que les premières pages m’ont un peu déçue : je m’attendais à quelque chose de beaucoup mieux écrit ! Le style n’est pas exceptionnel, il est assez plat. On ne peut pas dire que le vocabulaire soit très riche, les tournures de phrases ne sont pas franchement recherchées, bref, c’est un peu pauvre. Ca m’a même parfois un peu gênée dans ma lecture, à un moment je suis même allée jusqu’à me demander si ça valait vraiment le coup de continuer. Il faut dire aussi qu’après Flaubert, difficile de tenir la comparaison, tout paraît désespérément fade !
J’ai pourtant continué ma lecture. Quelque chose dans l’histoire m’intriguait. La construction peut paraître un peu brouillon. En effet, on alterne entre la journée de Noël et des souvenirs d’Holly avec sa fille, notamment au moment de l’adoption. Toutefois, ça colle très bien avec ce jeu de mémoire qui revient par bribes, en fonction des différents événements de la journée. On sent là comme un secret et peu à peu une angoisse naît puis grandit de page en page, nous accrochant chaque ligne un peu plus à ce roman qui pourtant ne semblait pas si prenant. On semble sombrer dans le fantastique, on se demande où l’auteur veut en venir, si c’est un fantôme ou la folie qui hante ces lieux. Et puis tout s’explique dans un final époustouflant qui m’a laissée K.O. Plusieurs heures durant j’ai repensé à cette fin, à ce livre, sa construction, ce qu’il évoque… J’aurais préféré une écriture à la première personne, moins froide et impersonnelle, qui m’aide à mieux rentrer dans ce texte qui manque un peu d’émotion. Mais malgré un début sans grande saveur, ce roman construit comme un thriller mérite le détour et vous mènera aux lisières de fantastique pour mieux vous égarer et vous préparer à l’apothéose. Une fin comme un coup de poing qui frappe en plein cœur et laisse le lecteur le souffle court et un peu désemparé.
Et même si les infirmières des orphelinats faisaient mine de rester froides, elles étaient souvent très attachées aux enfants et à leurs propres fantasmes de vies américaines qui les attendaient. Elles pouvaient refuser de reconnaître ces anomalies, ou bien essayer de les dissimuler. Parfois elles rougissaient les joues des enfants malades ou bien couvraient leur crâne aux plaques chauves avec des bonnets de tricot.
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Bien sûr elle n’avait pas non plus écrit de poèmes depuis d’Annette Sanders l’avait guérie de…
De quoi ?
De son chagrin ? De sa peur ? De la condition humaine ?
Pourtant ça en valait le coup non ? Rilke n’aurait peut-être pas pensé ainsi (Si mes démons devaient me quitter, je crains que mes anges ne prennent à leur tour leur envol – une citation qu’un de ses mentors de l’université avait ressortie toutes les deux semaines environ afin de mettre en garde – de manière extravagante ? – contre la psychothérapie et les antidépresseurs dont certains avaient clairement besoin).
J’ai bien envie de le lire, merci pour ton avis! 😉
C’était une belle découverte, le roman mérite vraiment le détour ! Contente que ça t’ait donné envie, ça fait plaisir 🙂
ah moi ce roman contrairement à toi j’en avais entendu parler bien avant qu’il ne sorte, faut dire que je suis un fan absolu de l’auteur dont j’ai lu quasiment tous les livres et que je tiens pour une des romancières les plus douées de notre époque, toute génération confondues…c’est dire si je tique un peu lorsque tu parles de son style, que je trouve absolument époustouflant, et qui est pour moi le contraire de la platitude…:o) la fin est évidemment renversante, mais comme j’étais au courant ( c’est le probleme de ne pas arriver vierge sur ce terrain là ) je m’y attendais plus que toi mais j’étais déjà soufflé par le bouquin bien avant!!
Je ne connaissais pas du tout l’auteur et j’avoue que ç’a été une super surprise ! Ca m’a donné envie d’en lire d’autres d’elle. Pour le style, je crois que c’est le passage de Flaubert à quelque chose de plus contemporain qui fait ça, après « L’Education sentimentale » n’importe quel roman m’aurait semblé mal écrit… C’est cette pauvre Laura Kasischke qui en a fait les frais mais s’il le faut la prochaine fois que je lirais un de ses livres, j’aurai lu un Marc Lévy avant et je trouverai sa plume tout simplement exceptionnelle 🙂
Moi aussi je suis une énorme fan de l’auteur, dont j’ai lu tous les bouquins, les finals renversants c’est son truc, les dernières pages ne sont jamais celles qu’on attendait. Je suis assez d’accord avec toi pour dire que son style d’écriture laisse un peu froid au début, mais c’est surtout sur les ambiances qu’elle est assez inégalable. En tous cas celui là ne dépareille pas par rapport aux autres ! C’est un de ses meilleurs je pense (même si mon préféré c’est « en un monde parfait »)
Bon, je note, « En un monde parfait » sera le prochain que je lirai d’elle ! Merci du conseil !